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I - 57.500 à 54.500 AEC

Interpléniglaciaire

Interstade d’Oerel : 57.500 à 54.500 AEC

MIS 3 (1/9)

 

 

CLIMAT

 

Le réchauffement qui suivit la fin du stade de Schalkholz fut significatif au point inaugurer l’interpléniglaciaire, ou MIS 3, qui constitua une pause quasi-interglaciaire entre les deux périodes hyper-glaciales du premier (MIS 4) et du second (MIS 2) pléniglaciaire. Dans son intimité, la pause tempérée du MIS 3 prit bien sûr la forme d’une série d’oscillations climatiques stadiales (froides) et interstadiales (chaudes). Ces oscillations connurent leur acmé à l’interstade d’Hengelo [cf. carte N], avant de de se poursuivre avec une tendance à la baisse jusqu’au retour des conditions hyper-glaciales du MIS 2 [cf. carte R]. Dans son ensemble, le MIS 3 est appelée Karginien en Asie. Nous lui consacrerons cette carte et les 8 suivantes [cartes I à Q].

 

Le MIS 3 fut une époque capitale pour le peuplement du Monde par les Humains modernes qui profitèrent des conditions climatiques globalement tempérées pour densifier leur population, accroitre leurs conflits et conquérir toutes les terres habitables de l’Eurasie et du Sahul. Concomitamment, le MIS 3 se conclura par l’effacement des derniers Hommes archaïques de la planète, qui disparaitront pour partie sans descendance et pour partie par fusion de leur génome dans celui de leurs conquérants modernes. En conséquence de ce métissage, ils lègueront aux Hommes modernes des particularités anthropologiques et métaboliques qui nous apparaissent aujourd’hui sous les divers aspects physiques et biologiques que nous identifions comme autant de ‘’caractéristiques raciales’’, fréquentes chez un groupe et rares chez les autres groupes. Ces races, qui nous ont longtemps intriguées, et dont l’existence même révolte aujourd’hui certains d’entre nous, ne sont rien d’autre que l’héritage de nos ancêtres des anciens peuples !

 

Le MIS 3 commença par l’interstade d’Oerel, appelé interstade de Krasnogorsk dans l’Est de l’Europe. Il correspond vraisemblablement aux épisodes GI-17 et GI-16 de la chronologie groenlandaise ; et dura globalement trois mille ans entre v. 57.500 et 54.500 AEC. Toutefois, dans son intimité, cette époque fut climatiquement chaotique, puisque constituée par une suite dense de réchauffements, vite entrecoupés par des refroidissements. Le niveau des mers pourrait avoir été voisin de – 40 mètres car le détroit de Béring (qui émerge à partir de – 50 m) fut recouvert par les eaux. L’Europe du Nord-Ouest était recouverte par une toundra arbustive.

En Afrique, l’amélioration des conditions climatiques ne fut pas suffisante pour faire disparaître l’extrême sècheresse qui prévalait déjà aux époques antérieures. Ainsi, l’interstade d’Oerel est une composante de l’aride Maluekien.

 

Peuples africains d’haplogroupes A et B

 

En Afrique, les premiers Hommes modernes s’étaient métissés avec des Hommes archaïques qui étaient génétiquement très proches d’eux ; et les gènes ‘’pauci-cognitifs’’ de ceux-ci – moins ‘’pauci-cognitifs’’ en Afrique qu’ils ne l’étaient en Eurasie –  avaient donc été rapidement éliminés par la pression de sélection qui favorisait le succès reproductifs des individus ‘’normo-cognitifs’’ [cf. introduction]. En conséquence, nous avons vu que les témoignages d’une pensée moderne sont anciens sur le continent originel de l’Humanité moderne, et que les évolutions technologiques s’établirent ici sans rupture, en transition insensible entre le MSA et le LSA. C’est pour acter cette progressivité continue, qu’au décours du Stillbayen de ‘’mode 4-(5)’’, nous référencerons à un ‘’mode (4)-5’’ les industries d’Afrique du Sud et d’Afrique de l’Est dès le début du MIS 3. La couleur des points indiquant les sites archéologiques sur les cartes évolue aussi à partir de la carte I, et restera inchangée dans le reste de l’atlas pour indiquer à la fois le LSA et les futures industries microlithiques d’Eurasie (mode 5).

Pourtant, en Afrique du Sud et en Afrique de l’Est, les industries lithiques du début du MIS 3 restent encore classées dans l’Âge Moyen de la Pierre (MSA) par la plupart des chercheurs ; et cela malgré leur caractère évolué, en particulier au Sud du continent où les industries Post-Howiesons-Poort – parfois appelées Sibudien (MSA SIB) (v. 58.000 à 42.000 AEC) – sont déjà très évocatrices de l’Âge Récent de la Pierre (LSA). Plus encore que le Stillbayen et le Howiesons-Poort, cette industrie trahit un comportement moderne puisque, outre des outils laminaires, elle comprenait des os travaillés, des gravures frustes, une utilisation de l’ocre ; ainsi que d’autres traces de comportements complexes parmi lesquelles des alènes et les plus anciennes pointes de projectiles en os connues, qui pourraient avoir été lancées par d’hypothétiques propulseurs africains233 ? Au Nord-Est de l’Afrique du Sud, les industries MSA restaient peut-être encore de type Howiesons-Poort (MSA HOW) ? Tous ces peuples méridionaux sont regroupés par nous sous le nom de *Proto-Khoisans ; lesquels étaient porteurs de l’haplogroupe A, avec peut-être une fréquence élevée de A1b-M13 en Tanzanie et de A1b-M51 plus au Sud.

 

A cette époque, le groupe ethnolinguistique que nous avons appelé *Etéo-Africain devait encore être localisé en Afrique de l’Est, à l’Ouest et au sud du massif éthiopien. Il devait être composé d’individus BT*, mais aussi d’individus B1 et B2 comme nous l’avons précédemment inféré sans certitude quant à la date [cf. carte H]. Comme dans toute l’Afrique de l’Est, leur industrie pourrait être affiliée au Nubien Récent. Dans la mesure où l’haplogroupe B1 est aujourd’hui en position exclusivement occidentale (Cameroun, Burkina-Faso, Mali) – contrairement à B2 qui est à la fois en position occidentale, orientale et méridionale (Mali, Cameroun, Centre-Afrique, Congo(s), Ouganda, Kenya, Arabie / Qatar, Namibie, Afrique du Sud) – nous avons inféré une position nord-occidentale de B1 au sein du groupe *Etéo-Africain [cf. carte H]. A l’Est et au Sud, B1 était peut-être bloqué par les porteurs de B2, ce qui expliquerait son mouvement dans la bande sahélienne ? Nous plaçons hypothétiquement ce mouvement à l’Oerel, laissant donc B2 seul représentant de l’haplogroupe B en Afrique de l’Est. Il n’est d’ailleurs pas impossible que ce soit ce mouvement qui détermina la scission entre les deux branches maitresses B1 et B2 de l’haplogroupe B ?

 

En Afrique de l’Ouest, le vieux Lupembien (LUP) semble s’être maintenu plus longtemps chez les peuples que nous avons appelé *Lupembiens et auxquels nous avons affecté A1a comme haplogroupe majoritaire. Nous avons déjà dit que ce peuple avait désormais intégré les vieux haplogroupes A00 et A0.

 

Peuples africains d’haplogroupe DE* et E

 

Le massif éthiopien était probablement peuplé par les *Rétro-Africains DE*(E) dont le groupe était peut-être également encore représentés au Yémen, de l’autre côté d’un détroit de Bab-el-Mandeb, alors à peine plus large qu’un grand fleuve ? Nous avons précédemment proposé que, parmi les variants du DE* africain, l’haplogroupe E était déjà apparu [cf. carte H]. Toutefois, cette chronologie est instable et l’haplogroupe E pourrait très bien être apparu seulement à l’Oerel ou même à son décours ? L’industrie lithique de ces populations de la corne de l’Afrique était de type Nubien récent (NUB REC) mais avec des éléments LSA croissants (site de Goda-Buticha).

 

Peuples asiatiques d’haplogroupe DE* et D

 

En Extrême-Orient *Paléo-Asiatique, l’haplogroupe DE*(D) était probablement déjà bien implanté au Nord-Est de l’Inde, aux îles Andamans, aux Philippines, en Indo-Sunda et au Sahul dont les territoires respectifs étaient moins étendus à l’Oerel qu’au Schalkholz, parce que le réchauffement avait fait remonter le niveau des océans. Aux côtés de DE*(non-D), l’haplogroupe D* était également probablement présent en Indo-Sunda. En Chine du Sud, l’haplogroupe D1 continuait de se diversifier : après l’apparition de D1b et de formes D1* que nous avons situées v. 60.000 AEC, le variants D1a234 apparut peut-être v. 55.000 AEC au Sud de D1b, à partir de formes D1* ? Ces diverses formes de D1 se partageaient probablement le Yunnan et le reste de la Chine du Sud, dans la zone d’admixture avec les Néandertaloïdes *Proto-Mongoloïdes qui occupaient toujours la Chine Centrale, la Chine du Nord et la Corée.

 

Peuples d’haplogroupe C

 

Les porteurs de l’haplogroupe C ont précédemment été assignés à un groupe ethnolinguistique appelé Déné-Caucasien dont nous avons situé l’habitat dans les Zagros et dans les oasis habitables du plateau iranien, en périphérie immédiate du ‘’hub’’ moyen-oriental où vivaient leurs frères F *Proto-Nostratiques. L’industrie de ces Hommes modernes d’haplogroupe C devait être moustérienne. Il s’agit cependant d’une inférence, en l’absence de données concises pour la région.

 

Au début de l’interstade d’Oerel, il est possible que le semi-désert du plateau iranien et l’Asie Centrale méridionale soient devenus un peu plus humides, ce qui aurait ouvert un nouveau champ d’expansion démographique au groupe C*, qui aurait ainsi commencé à se positionner au seuil de la ‘’voie du Nord’’ ? Pour donner une identité à ce groupe C* nordique, nous l’appelons paradoxalement *Déné-Caucasien-Oriental, car c’est ce groupe que nous plaçons en position ancestrale des actuelles populations d’haplogroupe C2 ; population C2 que nous plaçons elles-mêmes à l’origine des grandes familles linguistiques Sino-Tibéto-Birmane, Ienisseïenne et Na-Déné, toutes membres orientaux de la macro-famille Déné-Caucasienne. A partir de la carte J, l’haplogroupe de ce peuple racine sera écrit C*(C2) afin de connoter que c’est de ses rangs que sortiront les porteurs de l’haplogroupe C2, et pour le différencier des autres C* qui partirent en direction de l’Asie méridionale [cf. ci-dessous].

 

En effet, sans autre argument que l’épisode climatique favorable pour justifier cette date, c’est à l’Oerel que nous ferons commencer une expansion orientale de certaines tribus C* qui – au contraire des C*(C2) – ‘’choisirent’’ la ‘’voie du Sud’’ ; de fait, des individus d’haplogroupe C*(non-C1, non-C2) sont aujourd’hui observées à des taux résiduels au Sri-Lanka et dans les petites îles de la Sonde, où l’on est en droit concevoir qu’elles ont été repoussées par des colonisations plus tardives [cf. carte K & suivantes]. Nous identifions ces migrants en route pour le ‘’puits cognitif’’, sous le nom de *Déné-Caucasien-Paléo-Méridional.

 

Enfin, dans les terres ancestrales que nous avons attribuées aux premiers peuples d’haplogroupe C (Zagros méridionaux et plateau iranien), c’est peut-être à cette époque que l’haplogroupe C1 donna naissance aux variants C1*, C1a et C1b, aux alentours de v. 55.000 AEC. Nous proposons d’appeler *Déné-Caucasien-Central ce groupe central C1 de l’haplogroupe C, où se trouvaient encore les ancêtres patrilinéaires des populations *Kostenkiennes, *Soungiriennes et *Aurignaciennes d’Europe, mais aussi les ancêtres patrilinéaires des anciens habitants des îles Ryükyü du Japon et ceux des actuels Aborigènes d’Australie  [cf. cartes suivantes].

 

Peuples d’haplogroupes F*(non-GHIJK)

 

Séparés de leur prometteur groupe frère GHIJK – et probablement en périphérie septentrionale (Nord-Zagros) et méridionale (Oman et Hormozgân) de celui-ci, les tribus F*(non-GHIJK) constituaient un ensemble ethnolinguistique que nous avons appelé *Para-Nostratique et que nous avons linguistiquement situé en position intermédiaire entre les *Déné-Caucasiens d’haplogroupe C et les *Nostratiques-Anciens d’haplogroupe GHIJK.

 

Des groupes F* septentrionaux pouvaient aussi s’être établis en actuelle Arménie, où ils voisinaient avec un conglomérat de peuples anciens rejetés en marge du ‘’hub’’, sur le seuil de la ‘’voie de l’Ouest’’ : peuples mosaïques d’haplogroupes CT*, et peut-être CF* ; voire A1b et BT* si ceux-ci avaient également diffusé jusque dans ces régions à partir du Levant ? Il ne s’agit bien sûr que d’une hypothèse en l’absence de données archéogénétiques ; mais cette hypothèse met en valeur la continuité historique et géographique de ces haplogroupes anciens qui se retrouveront bientôt propulsés en Europe ; en avant-garde ou comme composante de la vague *Proto-Aurignacienne pensons-nous [cf. cartes L et suivantes].

 

Peuples d’haplogroupes GHIJK

 

Au cœur du ‘’hub’’ moyen-oriental, à partir de l’haplogroupe racine GHIJK, nous avons fait apparaitre v. 60.000 AEC le variant GHIJK*(G) – ancestral du futur haplogroupe G qui n’apparut probablement pas avant v. 20.000 AEC235 – et le variant HIJK, au destin presque aussi prodigieux que celui de son prédécesseur GHIJK.

Puis, c’est peut-être v. 55.000 AEC qu’apparurent les variants IJK et HIJK* de HIJK, le second étant en position ancestrale du futur haplogroupe H dont nous situons l’apparition v. 42.000 AEC236. Comme ses ancêtres directs GHIJK puis HIJK, le garçon bien réel chez qui apparut le variant IJK était lui aussi l’ancêtre de l’essentiel de l’Humanité moderne, puisque des variants de son haplogroupe IJK sont aujourd’hui portés par la majorité des populations de souche de tous les continents.

Mais, pour l’heure, tous ces différents haplogroupes racines n’étaient que de légers variants de GHIJK. Ils composaient, ensemble, le groupe ethnolinguistique *Nostratique-Ancien / *Nostratique-1 auquel nous assignons le cœur du ‘’hub’’ moyen-oriental.  

 

Peuples Paléo-Levantins

 

Au Levant, le site d’Amud-1 (v. 55.000 AEC) révèle la présence d’individus partageants des traits modernes et des traits Néandertaliens. Ceci était la conséquence des hybridations survenues dans la région au cours du MIS 4. Logiquement, l’industrie devait être moustérienne.

 

Hommes archaïques

 

A cette époque, les Humains archaïques subsistaient encore dans de nombreuses régions d’Eurasie. Comme les populations modernes, ils durent profiter de l’embellie climatique pour densifier leur population et probablement pour reconquérir une partie des territoires nordiques libérés du froid. Au Sud, les Humains archaïques d’Afrique avaient déjà disparu depuis longtemps. Ceux des Indes aussi, quoique depuis moins longtemps. En revanche, il est possible que des Dénisoviens méridionaux de ‘’pure souche’’ vivaient encore  dans les régions montagneuses et forestières d’Asie du Sud-Est et de Chine de l’Ouest ? En effet, une longue survivance de ces populations archaïques pourrait constituer une explication du fort taux de gènes qu’elles ont laissé aux populations océaniennes actuelles ? Les génomes modernes locaux ayant pu être plus longtemps qu’ailleurs alimentés par un flux continu de génomes anciens ? Apport constant qui n’aurait pas permis à la pression de sélection de les éliminer aussi rapidement qu’ailleurs ? Phénomène expliquant la très longue survivance du ‘’puits cognitif’’ [cf. carte Q] ?

 

Enfin, parmi les Humains archaïques du Sud, les plus archaïques d’entre eux étaient les Homo erectus nanifiés des forêts de l’île de Flores ; bientôt, ils ne seraient plus qu’un souvenir.

Notes :

(233) On n’a aucune preuve que le propulseur aurait été connu en Afrique à un moment donné de l’évolution technologique de ses populations. Mais l’existence de propulseurs n’aurait rien d’étonnant. Peut-être ont-ils tout simplement été remplacés rapidement par l’arc ?Retour

(234) D1a est présent avec des fréquences basses en Indochine actuelle ; mais il est possible que cela s’explique par des rétromigrations ultérieures ?Retour

(235) Cette précision chronologique doit se comprendre de la manière suivante : tous les individus appartenant actuellement à l’haplogroupe G, convergent vers un plus récent ancêtre patrilinéaire commun qui vivait vers 20.000 AEC. Ensuite, si l’on remonte encore plus loin dans le temps, il faut attendre v. 60.000 AEC pour trouver leur ancêtre le plus récent partagé avec les individus actuels qui descendent du premier homme porteur de HIJK. Cela signifie que – sauf découverte futures – tous les individus nés entre la séparation des HIJK et le plus ancien G ‘’véritable’’, n’ont pas laissé de descendants patrilinéaires arrivés jusqu’à nous. Ce sont les individus de ces lignées fantômes de GHIJK non-HIJK que l’on assigne dans l’atlas à un haplogroupe GHIJK*. Les nommer GHIJK*(G) signifie que G sera, dans l’avenir, un de leurs variants.Retour

(236) Même raisonnement pour l’haplogroupe H que pour l’haplogroupe G.Retour

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© 2019 Thierry d'Amato

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