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T - 18.900 à 16.500 AEC

Second pléniglaciaire

Interstade de Lascaux : 18.900 à 16.500 AEC

MIS 2 (3/9)

 

 

Climat

 

Plutôt qu’un véritable réchauffement marqué, l’interstade de Lascaux fut surtout une période moins sèche. Il réalisa cependant une première amorce de la déglaciation qui allait conduire à l’Holocène au travers d’une série d’oscillations climatiques froides et tempérées. C’est pourquoi on attendra le Pré-Bölling pour faire véritablement commencer le Tardiglaciaire [cf. carte W]. Dans les glaces du Groenland, les 2400 ans du Lascaux sont associés à la composante GS-2.1b de la très longue période froide appelée GS-2.1. Malgré le regain d’humidité, l’aride Léopoldvillien se poursuivait en Afrique. Peut-être le désert était-il cependant moins absolu qu’au LGM ?

 

 

AFRIQUE

 

Afrique du Nord

 

Probablement dans la vallée du Nil, chez le peuple que nous avons appelé *Proto-Natoufien, l’haplogroupe E1b1b1b-Z827 donna naissance à ses deux très importants variants v. 18.000 AEC : il s’agit de E1b1b1b2-Z830 (qui contenait le futur E-M123 aujourd’hui typique du Levant, lequel contenait lui-même le très futur E-M34 qui diffusera beaucoup plus tard à toute la Méditerranée antique) ; et de E1b1b1b1-M310 / V257 / L19 (qui contenait son grand variant E-M81 dont on sait aujourd’hui qu’il apparut seulement à l’époque phénicienne et romaine, dates à partir desquelles il diffusera à toute la Méditerranée antique). Aujourd’hui, de très nombreux individus appartiennent à E-M34 et à E-M81, essentiellement parmi les peuples Afrasiens proches de la Méditerranée. 

 

Afrique Tropicale

 

Sans conviction, la carte T acte une situation ethnolinguistique inchangée en Afrique Tropicale et sahélienne. Pourtant, ayant été une sorte de répétition générale du Tardiglaciaire à venir,  l’interstade de Lascaux dut favoriser le retour de l’humidité dans la zone sahélienne. Dans ce contexte, des nouveaux peuples auraient pu s’aventurer dans cette zone, notamment depuis les régions *Rétro-Africaines d’Afrique de l’Est où nous situons le lieu d’origine des peuples d’haplogroupe E. Ainsi, bien que nous ayons fait le choix arbitraire de placer au Pré-Bölling la première expansion de E vers l’Ouest [cf. carte W], cet évènement pourrait avoir été plus ancien ?

 

Afrique du Sud

 

Situation ethnolinguistique inchangée.

EURASIE

 

Asie Sud-Orientale (Inde, Indochine, Sunda, Sahul)

 

Des formes ‘’mineures’’ de l’haplogroupe R1 sont observées aux Indes. Il ne s’agit pas des variants steppiques de R1 qui furent tardivement introduits sur le sous-continent avec l’arrivée des Indo-Européens du groupe Aryen [cf. atlas n°4], mais de formes sœurs de celles qui allaient s’installer en Europe épigravettienne. Collectivement, on pourrait proposer de les appeler haplogroupes ‘’vieux-R1’’ pour bien les distinguer de leurs cousins steppiques qui, plus tard, les submergèrent aux Indes tout autant qu’en Europe. Parmi ces vieux variants indiens qui ont survécu jusqu’à nous, on peut citer R1b2 et R1a2. C’est uniquement en symétrie avec le mouvement de des mêmes haplogroupes vers l’Ouest anatolien (en prélude à leur entrée en Europe), que nous proposons de placer leur introduction en Inde à une époque voisine de l’interstade de Lascaux.

 

En Indo-Sunda, dans les îles et au Sahul, la situation ethnolinguistique était peut-être inchangée. C’est peut-être de cette époque, v. 17.000 AEC, que datent les plus vieilles peintures figuratives en Australie (site de Bradshaw Gwion Gwion) ; leur degré de sophistication laisse toutefois concevoir des antécédents.

 

Asie Extrême-Orientale (Chine, Corée, Japon, Mandchourie, Mongolie)

 

Nous laisserons la Chine du Nord, la Mongolie Intérieure et la Corée  de l’époque de Lascaux aux peuples *Sinitiques / Sino-Tibéto-Birmans C2c et *Eurasiatiques orientaux *Proto-Ouralo-Altaïques N1*. Les formes locales du Microlithisme Yubetsu (YUB) ont été baptisées de divers noms par les archéologues chinois, mais ces appellations ne semblent pas recouvrir des différences marquées.

 

En Chine Centrale du Sud, les premières céramiques utilitaires du Monde apparurent v. 18.000 AEC (site de Xianren) ; il s’agissait d’authentiques poteries culinaires fabriquées par des populations qui consommaient du riz sauvage. Cette modernité est vraiment intrigante dans cette région du Monde qui avait jusque-là été très conservatrice et qui continuait à utiliser des galets cassés à côté d’autres outils plus modernes, notamment en os ; réalisant ce que nous avons appelé un *Quasi Paléolithique Supérieur (*QPS). De nombreux auteurs parlent de ‘’Néolithique’’ dès lors qu’ils repèrent des poteries, mais nous pensons que c’est un abus regrettable. En effet, nous allons voir qu’il exista pendant longtemps une situation inversée entre l’Extrême-Orient qui connut les poteries utilitaires AVANT l’économie de production, et le Levant qui connut l’économie de production AVANT les poteries utilitaires. Parler de ‘’Néolithique’’ pour désigner l’une et l’autre de ces situations radicalement contraires, induit des confusions préjudiciables à la compréhension des sociétés anciennes. Sans vouloir distribuer des ‘’bons points’’ aux unes plutôt qu’aux autres dans la marche vers le progrès, et sans bien évidemment nier que la poterie fut l’une des inventions les plus considérables de l’Humanité (la première matière plastique !), nous assumons une étroite association entre le qualificatif de ‘’Néolithique’’ et l’apparition d’une économie de production qui fut une gigantesque rupture conceptuelle et sociétale ; rupture qui se traduisit d’ailleurs par un bouleversement radical du paysage haplogroupal et linguistique [cf. atlas n°4]. A l’époque de Lascaux, la Chine Centrale abritait probablement une société déjà sédentaire et accumulatrice, réalisant les conditions d’un véritable Mésolithique. Confronté à l’apparition des poteries utilitaires, c’est donc le terme de ‘’Mésolithique céramique’’ que nous utiliserons dans le reste de l’atlas n°3 ainsi que dans l’atlas n°4 pour qualifier ce type de société. Dans le cas présent, c’est aux populations *Austriques d’haplogroupe O qu’il faut attribuer ce progrès remarquable.

 

Nous proposons de situer v. 19.000 AEC une importante fragmentation des tribus *Proto-Na-Déné-Ienisseïennes  C2b1a qui vivaient en Mandchourie et qui possédaient une technologie Microlithique Yubetsu (YUB) développée [cf. carte R]. En effet, l’amélioration climatique du Lascaux aurait pu inciter des tribus de ce peuple C2b1a à migrer vers le Nord et vers l’Ouest aux alentours de v. 18.000 AEC, donnant naissance à deux sous-ensembles promis l’un et l’autre à un grand destin :

- Le groupe qui s’engagea dans la vallée de l’Aldan portait le variant C2b1a1a-P39 de l’haplogroupe C2b1a1-F3918 ; il s’agissait de l’haplogroupe aujourd’hui caractéristique des peuples Na-Déné d’Amérique du Nord (Tlingits, Athapascans). Ce même groupe devait également contenir les ancêtres linguistiques des Ienisseïens (Kets, Kots) dont la langue est étroitement reliée au Na-Déné d’Amérique [cf. carte X]411. Quoi qu’il en soit, c’est v. 18.000 AEC que la culture Dyuktai (YUB DYU) – nom local du Microlithisme Yubetsu – s’établit sur l’Aldan, dans une région que nous pensons avoir été antérieurement peuplée par des Eurasiatiques *Para-Amérindes Q1b1-M3 [cf. ci-dessous] et qui sera de nouveau plus tard peuplée par d’autres Eurasiatiques qui seront les ancêtres directs des Eskaléoutes Q1b1-F746/NWT01. La confection de ce sandwiche ethnologique – où deux peuples Q1b encadrent dans le temps un peuple C2b – peut paraitre étrange ! Elle est pourtant rendue parfaitement nécessaire en raison de tout ce que nous savons des trois vagues de peuplement du Nouveau-Monde : Elle explique pourquoi les premiers Amérindes étaient plutôt Europoïdes (famille K2b venue du Moyen-Orient), pourquoi les Na-Déné sont Mongoloïdes (famille C2b venue de Mandchourie) et comment les Eskaléoutes ont été Mongoloïdisés au contact de leurs prédécesseurs C2b1a1. Tous ces faits nous imposent d’accepter qu’il exista des mouvements humains complexes dans le bassin de la Lena, le grand boulevard migratoire de Sibérie Orientale.

- Une autre fraction des tribus C2b1a1-F3918, demeura en Mandchourie avec le variant C2b1a1b-FGC28881.2 ; celui-ci se retrouve aujourd’hui fragmenté parmi les Chinois Hans (où il faut le supposer intrusif puisque nous avons fait l’hypothèse que ceux-ci étaient majoritairement C2c à la base) et chez les Toungouses Nanai et Xibos [cf. atlas n°4].

- Enfin, à la faveur de l’interstade humide, d’autres tribus C2b1a, portant le variant C2b1a2-M48, pourraient avoir remonté les vallées de l’Amour et de ses affluents l’Argun et la Chilka et avoir pénétré en Mongolie Orientale qui redevenait habitable. Cela dût les confronter aux indigènes P1*(non-R) qui auraient alors adopté la méthode Yubetsu et auraient commencé de se mongoloïdiser à leur contact. Aujourd’hui, les variants C2b1a2a-M86 et C2b1a2b-B90 de C2b1a2-M48 sont caractéristiques des peuples Altaïques (pourtant à base originelle K2a) mais sont également représentés chez les Tchouktches Koryaks (variant C2b-B90) dont la base originelle est K2b. Dans un cas comme dans l’autre, il ne s’agit pas de peuples parlant des langues apparentées au Na-Dene comme leurs haplogroupes nous mettraient pourtant en droit de l’attendre. Il faut donc supposer une histoire linguistique plus complexe. Le scénario proposé est le suivant : en Mongolie, les groupes C2b1a2-M48 se mêlèrent à la population Eurasiatique *Proto-Tchouktcho-Nivkhes P1*(non-R). Lorsque plus tard, les tribus Tchouktches migreront dans leur position actuelle, elles comprendront des individus M48 (B90) intégrés aux côtés des individus P1*(non-R). Plus tard, les P1*(non-R) et les C2b1a2-M48 demeurés en Mongolie après le départ des Tchouktcho-Nivkhes, seront recouverts par des *Proto-Ouralo-Altaïques N1* qui imposeront leur langue Eurasiatique aux uns et aux autres ; et le peuple Altaïque naitra de cette cristallisation complexe qui sera basée à la fois sur N1, sur C2b et plus accessoirement sur P1*(non-R) ; tandis que le peuple Ouralo-Youkaghir – l’autre fils du peuple *Eurasiatique oriental *Proto-Ouralo-Altaïques – demeurera presque exclusivement à base N1 [cf. atlas n°4]412.

 

L’ensemble de l’archipel du Japon finit par être converti au Microlithisme Yubetsu (YUB) vers 18.000 AEC. En cette époque devenue culturelle, cela ne traduit pas nécessairement un remplacement des haplogroupes ADN-Y mais plutôt l’acculturation des populations D1b, C1a1 et C2a  du Sud à la nouvelle technologie introduite par des tribus C2b1a au Nord. Au Japon, la technologie microlithique continuera d’être utilisée jusque v. 7000 AEC.

 

Asie Septentrionale (Asie Centrale, Sibérie Occidentale, steppes, Altaï, Baïkalie, Sibérie Orientale, Alaska)

 

A la faveur de l’Interstade de Lascaux, les steppes du Kazakhstan redevinrent moins arides pour la première fois depuis le LGM, autorisant de nouveaux peuples venus du Sud à venir s’y installer. Ainsi, c’est peut-être à cette époque que – parties d’Asie Centrale méridionale ou du plateau iranien – des tribus d’haplogroupe R1a1a-M17 migrèrent dans cette direction ? L’installation de R1a-M17 dans les steppes kazakhes mérite d’être soulignée parce que les variants de cet haplogroupe s’intégreront tardivement dans la cristallisation ethnique des Indo-Européens orientaux [cf. atlas n°4]. Il est indispensable d’inférer ce mouvement steppique de R1a et il faut nécessairement le placer aux alentours de l’interstade de Lascaux car, plus tard, les variants de R1a-M17 se retrouverons tous en position steppique avant de s’installer probablement en lisière des forêts du Tardiglaciaire, laissant alors le peuple R1b lui succéder au cœur de la steppe [cf. cartes W & suivantes & atlas n°4]. Pour l’heure, en amont de toutes participation à des cristallisations ethniques plus complexes, nous proposons de donner à ce peuples R1a du Kazakhstan, le nom neutre de *Peuple R1a du Nord.

 

Plus au Nord, la Sibérie Occidentale était une région probablement peu habitée en raison de son caractère marécageux voire franchement lacustre puisque les fleuves ne pouvaient plus s’écouler librement vers l’océan Arctique depuis le LGM. Nous l’avons précédemment peuplée de groupes *Eurasiatiques occidentaux septentrionaux de l’ouest Q1a2 et Q1b2 qui devaient être très peu nombreux et qui demeuraient technologiquement en retard. A partir de v. 16.000 AEC, la région sera convertie au Microlithisme, probablement par des populations sibérienne de type Afontova Gora ; lesquelles étaient d’ailleurs de proches cousines puisque porteuses de l’haplogroupe Q1a1 [cf. carte U].

 

Depuis le Kazakhstan Oriental jusqu’en Cis-Baïkalie ou même jusque sur la Haute-Lena, s’égrainait peut-être une chaine de tribus R* ? Ces gens forment pour nous un peuple fantôme qui n’est accessible qu’au travers du groupe de Cis-Baïkalie, où la brillante culture de Mal’ta-Buret (PSM MAL) (v. 24.000 / 23.000 à 21.000 AEC) présentait des similitudes avec celle des populations Européennes gravettiennes et était, comme elles, de type Europoïde. A Mal’ta, le débitage des lames était de type PSM, différent de la méthode Yubetsu. Dans la région de l’Altaï, ces peuples de l’époque de Lascaux expérimentèrent la création de figurines en céramique, dont certaines étaient de forme humaine ; mais ils n’inventèrent pas la poterie (site de Maïna).  

 

De l’autre côté du lac Baïkal, nous avons placé en Trans-Baïkalie et en Mongolie Orientale les peuples P1*(non-R) *Proto-Tchouktcho-Nivkhes, tandis que nous avons placé dans les vallées de l’Aldan et de la Moyenne-Lena un peuple *Para-Amérinde Q1b1-M3, qui était resté en arrière du mouvement des véritables *Proto-Amérindes partis dans le Grand-Nord béringien. Il s’agissait de deux proches parents des peuples R* au sein du groupe *Eurasiatique occidental, puisque tous ces gens étaient membres de la grande famille P1* issue de K2b [cf. cartes N & suivantes]. Jusqu’au LGM, ils avaient probablement tous conservé un morphotype partiellement Europoïde ainsi que l’attestent les anciens Amérindiens Q1b1-M3 dont l’homme de Kennewick – bien plus récent, v. 9000 AEC – nous révèle l’apparence413. Mais en attendant la mongoloïdisation tardive des premiers Amérindiens, c’est peut-être dès l’interstade de Lascaux, que les peuples de Mongolie Orientale et de Sibérie Orientale méridionale commencèrent à se mêler à des peuples Mongoloïdes ? Ce métissage pourrait avoir impliqué des peuples Yubetsu *Proto-Na-Déné-Ienisseïens d’haplogroupe C2b1a ; peuple que nous avons fait entrer dans la moyenne vallée de la Lena aux alentours de 18.000 AEC en provenance de la Mandchourie  [cf. ci-dessus].

 

Au-delà de la Tchoukotka, à l’extrémité de la Sibérie Orientale, les *Proto-Amérindes Q1b1-M3 et Q1b1-Z780 vivaient toujours dans leur refuge de Béringie et d’Alaska. Et conservaient probablement toujours une industrie Paléolithique Supérieure Moyenne (PSM) qu’on retrouvera encore chez leurs descendants.

 

Asie Occidentale (Moyen-Orient, Proche-Orient, Anatolie, Arabie)

 

Succédant à l’Antélien, le Kébarien ancien (KEB) (v. 19.000 à 16.500 AEC) s’installa vers 19.000 BCE au Levant, en Anatolie méridionale et sur le Moyen-Euphrate. Bien que toujours basée sur un débitage réalisé à partir de nuclei prismatiques (méthode occidentale), cette nouvelle culture rompit avec l’Antélien, ce qui conduit à se demander si de nouvelles populations ne furent pas à son origine ? Dans ce cas, peut-être s’agissait-il des porteurs de tous ces haplogroupes venus du ‘’hub’’ moyen-oriental depuis le LGM, dont R1b-V88, Q2, T1, etc. ? [cf. cartes R & S]. En dehors des vallées du Haut-Euphrate et du Haut-Tigre où vivaient peut-être les populations Nostratiques-3 *Proto-Afraso-Kartvéliennes J1 et J2, l’intérieur des terres mésopotamiennes était jusque-là un semi-désert. Il est cependant possible que les conditions plus humides du Lascaux ait permis de repeupler les oasis du désert syrien ?

 

Le Zarzien (ZAR), culture des peuples du Zagros parmi lesquels les haplogroupes L, G*, H et peut-être IJ* et R étaient certainement représentés, était apparenté à la culture géorgienne d’Imereti (IME), peut-être portée par les populations I* ?

 

C’est l’étude des haplogroupes ADN-Y qui nous permet d’essayer de reconstituer l’histoire du plateau iranien depuis la fondation du ‘’hub’’ moyen-oriental. Avant le LGM, l’haplogroupe T occupait peut-être une place importante sur le plateau ? Puis, les peuples R1 pourraient avoir pris une place prépondérante à partir du LGM ?

C’est peut-être au cours de l’épisode de Lascaux, v. 18.000 AEC, que R1b1a-L754 donna naissance à ses variants R1b1a1-L388 et R1b1a2-V88. Ce dernier, ainsi que des formes racines de R1b*-L388* migrèrent peut-être dès cette époque en direction de l’Ouest. Nous avons précédemment suggéré la route naturelle du Mazandéran pour ces déplacements [cf. carte S]. L’haplogroupe R1b-V88 – parti vers le Proche-Orient / Anatolie – aura un destin migratoire extraordinaire puisque s’il se trouve encore au Proche-Orient, il est aujourd’hui majoritaire chez les peuples Africoïdes du Cameroun. En attendant cette rétromigration que nul anthropologue n’aurait pu imaginer avant la découverte des haplogroupes ADN-Y, certains des haplogroupes R1b qui s’installèrent au Levant pourraient avoir contribué à l’origine du Kébarien ?

Son variant frère R1b-L388 aura également un destin fabuleux et même planétaire, puisqu’il était l’un des jalons patrilinéaires qui conduiront à l’aventure Indo-européenne. Mais pour l’heure, cet haplogroupe était encore cantonné au Moyen-Orient.

Du côté de R1a, nous plaçons sans certitude vers cette époque la migration des porteurs de R1a2 : avec des fréquences de partout mineures, on observe aujourd’hui des formes R1a2a en Europe, R1a2b en Arabie, mais aussi des formes R1a2* aux Indes. Une fois de plus, ces destinations prennent tout leur sens à partir d’une origine commune qui ne peut être située que sur le plateau iranien.

Au total, il est probable que l’Anatolie du Lascaux connut un bouleversement ethnologique qui préparait l’infiltration de nouveaux haplogroupes en Europe tardiglaciaire [cf. carte V]. Pour l’heure, ils restaient peut-être encore concentrés en Anatolie orientale, ce que l’espace graphique limité de la carte T ne permet pas de restituer correctement. Quoi qu’il en soit de leur positionnement précis au cours du Lascaux, et de l’avenir de leurs déplacements en Anatolie, nous savons que ces intrus ne firent pas disparaitre les haplogroupes plus anciennement implantés dans la péninsule, c’est-à-dire I et même C1a2414. Carte P, à l’époque où nous avons vu l’haplogroupe I passer par l’Anatolie avant d’entrer en Europe, nous avions suggéré que le nouvel haplogroupe avait peut-être longé les côtes Nord et/ou Sud pour expliquer la survivance tardive de C1a2 au cœur de la péninsule ; la même hypothèse peut être réactivée à propos des haplogroupe tardiglaciaires que nous étudions ici.

 

Europe Centrale et Occidentale

 

Comme son nom l’indique, l’interstade de Lascaux fut l’époque des brillantes peintures rupestres que le Monde entier vient admirer en France du Sud-Ouest. La culture occidentale qui émergea du Solutréen récent (principalement héritier du Gravettien local mais aussi des peuples foliacés) et du Badegoulien (lui-même exprimant des racines aurignaciennes) est appelée Magdalénien ancien (MAG ANC) (v. 19.000 à 16.500 AEC). Vers 18.000 AEC, des groupes *Magdaléniens recolonisèrent le Nord de la France, la Belgique et l’Allemagne désormais situés en lisière des zones habitables. Bien que cela reste controversé, il est possible que les premiers arcs furent inventés à cette époque par ces premiers *Magdaléniens.

 

Parallèlement au développement du Magdalénien Ancien, la rive droite du Bas-Rhône (Gard, Ardèche), le Languedoc et la Catalogne conservèrent une culture épi-solutréenne au cours de l’interstade de Lascaux ; on la nomme Salpêtrien (SAL). Certains auteurs voient dans ce Salpêtrien une source du futur Magdalénien moyen de la vallée du Rhône ; dans cette logique de transition, le Salpêtrien constitua en quelque sorte le stade Magdalénien ancien local.

 

Tandis que les *Magdaléniens anciens s’avançaient en direction du Nord-Est, les *Gravettiens du refuge italo-balkanique – désormais au stade culturel Epigravettien ancien (EPI ANC) (v. 19.000 à 16.500 AEC) – entreprenaient eux aussi une recolonisation de la grande plaine d’Europe du Nord. Les deux populations entrèrent nécessairement en contact du côté de l’Allemagne.

Dans le même temps, toujours, les Epigravettiens anciens de Moldavie (vallées du Prut et du Siret) s’installèrent dans la vallée de la Tisza et en Volhynie où ils établirent le groupe Epigravettien de Lipa v. 17.000 AEC.

 

Europe Orientale

 

Au sortir du LGM, l’Europe Orientale épigravettienne (EPI) fut partagée entre deux modes de vie.

 

Au Nord, les chasseurs de mammouths prospéraient dans la steppe-toundra périglaciaire et formaient plusieurs nations centrées sur les vallées des grands fleuves :

- Dans le bassin du Dniepr l’Epigravettien Eliseevitchien (EPI ELI) prolongeait brillamment le Gravettien avec un mode de vie semi-sédentaire (huttes en os de mammouths), ses statuettes anthropomorphes et la première utilisation de l’ambre.

- Dans le bassin du Dniestr, se trouvait l’Epigravettien Molodovien ancien (EPI ANC MOL).

- Dans le bassin du Don-Moyen, la culture de Kostenki-2-Zamiatine (ZAM) partageait des composantes Gravettiennes et d’autres qui lui étaient plus spécifiques, notamment Foliacées. C’était une culture de chasseurs de mammouths semi-sédentaires. On peut la situer au cours de l’interstade de Lascaux, entre v. 19.000 et 16.500 AEC, tout comme les sites proches de Kostenki-3-Glinichtche, Kostenki-11-Anasovka-2 niveau 1a, et Kostienki-19-Vakoulinski. Malgré des outils qui n’étaient pas totalement gravettiens, cette culture était pourtant proche du Gravettien sur le plan artistique.

 

Au Sud, l’Epigravettien ancien Pontique (EPI ANC PON) était le domaine des chasseurs de bisons, de chevaux et de rennes qui habitaient les steppes pontiques désertées par les mammouths. Dans la région allant de la vallée du Boug méridional à la mer d’Azov, alors exondée, il s’agissait de populations dont la base était  *Epigravettiennes mais qui avaient intégré des éléments*Aurignaciens orientaux lorsque ceux-ci avaient déserté l’Est de l’Europe Centrale au cours du LGM.

 

La basse vallée du Don avait une culture différente du Gravettien Oriental, qui se rapprochait de la culture d’Imérétie (IME) de Géorgie (Sud-Caucase) ; il s’agissait peut-être d’un peuple dont les ancêtres venaient de migrer depuis le Sud-Caucase ?

 

Plus loin à l’Est, entre la Volga et l’Oural, il existait des industries difficiles à classer qui semblent avoir eu des racines européennes, mais qui contenaient probablement des éléments sibériens. Nous les nommons simplement Volga Oural (VOL OUR) sur les cartes. Le Sud de l’Oural abritait même peut-être encore des groupes PSI lointainement héritiers du Paléolithique supérieur ancien.

 

Notes :

(411) Toutefois, les Ienisseïens d’aujourd’hui portent préférentiellement l’haplogroupe Q1b1-L330 qui n’est pas en harmonie avec leur langue. Il faut y voir la trace d’un remplacement linguistique [cf. carte X et atlas n°4].Retour

(412) De nos jours, parmi les variants de C2b1a2-M48 : C2b1a2a-M86 existe chez les Mongols Buryats et les Toungouses Evenks ; C2b1a2b-B90 existe chez les Tchouktches Koriaks et les Toungouses Evenks. Parmi les autres variants de C2b1a : C2b1a3-CTS5559/F4002 existe chez les Turco-Mongols dont les Turcs Ouzbek, ainsi que chez les Toungouses Mandchous et Oroqens ; C2b1a4-Z30601 est rare chez les Mongols d’Inde et en Europe Orientale où il découle peut-être d’une famille Mongole ; enfin, C2b1a5-Z31698 existe au Japon.Retour

(413) On se souvient que les Proto-Amérindes étaient un rameau précocement détaché du groupe Q1b1-M3.Retour

(414) L’haplogroupe I est toujours présent en Anatolie ; et C1a2 est attesté en Cappadoce au seuil du Néolithique.Retour

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© 2019 Thierry d'Amato

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