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L - 49.000.000 à 40.000.000 AEC

EOCENE Moyen – Lutétien

 

Lemurimorpha [suite des cartes G & K]

A l’extérieur de notre lignée, ces Strepsirrhiniens pourrait descendre d’un Adapiforme très basal qui aurait migré en Afrique v. 49 MA, depuis l’Asie (Asiadapinae ?) ou depuis l’Europe (Anchomomyinae). A cette époque d’échange faunique entre le Nord et le Sud de ce qui allait devenir notre ‘’Vieux Monde’’, on vit aussi arriver en Afrique les premiers rongeurs ayant vécu sur ce continent (Zegdoumyidae, ancêtres des Anomaluroidea). La voie empruntée par les animaux n’est pas connue : il pourrait s’agir de ‘’radeaux de mangrove’’ – qu’on est obligé d’invoquer lorsqu’aucun pont terrestre ne peut être établi – ou d’un chapelet d’îles rapprochées, ou encore d’un pont terrestre direct mais temporaire ? Mais quelle qu’ait été la forme de ce passage, un scénario migratoire fournit une explication biogéographique rationnelle à la dichotomie Adapiformes / Lémuriformes. Comme on l’observe souvent en de pareilles circonstances, l’installation du taxon migrant en Afrique fut le point de départ d’une intense radiation spécifique : celle des Lémuriformes. En Afrique, les quatre grandes familles éteintes et actuelles de ce clade (Azibiidea, Djebelemuridea, Plesiopithecoidea, Eu-Lemurimorpha) semblent toutes remonter au Lutétien ; ce que l’on peut interpréter comme la résultante d’une occupation rapide de plusieurs niches écologiques non concurrentes ? On peut aussi se demander si le succès des Lémuriformes ne pourrait pas constituer une explication à l’absence de descendance connue de ‘’l’énigmatique’’ Altiatlasius51? A leur tour, plusieurs millions d’années plus tard, les Lémuriformes seront malmenés par nos ancêtres Anthropoïdes … Ainsi se déroule l’histoire de la plupart des clades : débutant par une victoire éclatante au détriment d’autrui, et se terminant par une capitulation silencieuse devant un nouvel ennemi mieux armé !

Azibiidea

Après Altiatlasius, les Azibiidés d’Afrique du Nord (Azibius, Algeripithecus) furent les premiers primates africains indubitables. Ils expriment une mosaïque de traits. Des données récentes en font des Lémuriformes basaux52, qui ne seraient pas les ancêtres directs des Lémuriens. Ils ne possédaient pas encore le peigne dentaire caractéristique des Lémuriens53. Ces animaux arboricoles de petite taille (entre 100 g et 1 kg), et peut-être nocturnes (grands yeux), se déplaçaient par bonds et en marchant sur les branches.

Djebelemuridea

Cette famille était un peu plus engagée en direction des Lémuriens actuels (Djebelemur, Omanodon). Ils ont vécu dans toute l’Afrique (Namaia, v.40 / 37 MA, Namibie)54 et ont survécu jusque v. 28 MA.

Plesiopithecidea

Cette famille est proche, mais cependant distincte des Lémuriens. Nous ne disposions pas de fossiles avant v. 37 MA (Plesiopithecus), mais les Plésiopithécidés existaient peut-être dès le Lutétien55. Leur clade semble avoir disparu v. 34 MA … à moins que l’énigmatique Daubentonia de Madagascar (Aye-Aye) soit le dernier d’entre-eux ? L’Aye-Aye est le plus ‘’étrange’’ de tous les ‘’Lémuriens’’ et ne possède pas le peigne dentaire dont il est prouvé qu’il existait déjà, en Afrique, v. 37 MA (Lorisidé Karanisia) ! De plus, une étude récente basée sur de nombreux caractères, fait de Daubentonia le groupe frère de TOUS les autres Strepsirhiniens actuels (Lémuriens et Lorisidés), et révèle des similitudes dentaires et crâniennes avec Plesiopithecus. Il se peut donc que Daubentonia soit un vestige des Plésiopithécidés qui serait arrivé sur Madagascar indépendamment des ‘’autres’’ Lémuriens ; et que c’est simplement la proximité géographique avec les Lémuriens, qui a faussement fait croire à une appartenance à leur clade.

 

  I

 

 

 

 

                              

           Djebelemur – 49 MA– Djebelemuridea – Tunisie                     

 

 

 

Wadilemur – 34/28 MA– Galagonidae – Egypte

 

 

 

 

 

 

 

 

Daubentonia – Actuel – Plesiopithecidea ? – Madagascar

 

 

*Eu-Lémurimorpha

Contrairement aux clades disparus (et à Daubentonia), les Eu-Lémuriformes sont caractérisés par la transformation des incisives et des canines inférieures en un « peigne dentaire » utilisé pour l’épouillage. Cette structure dut apparaître au début du Lutétien puisque la séparation des *Eu-Lémuriformes en deux sous-clades est ancienne (v. 45 MA ?)56 :

(i) Lemuroidea : Ce sont les Lémuriens, au sens exact du terme. C’est probablement entre 45 et 40 MA57 que leur ancêtre colonisa Madagascar, via un nécessaire radeau de mangrove. Une fois sur la grande île, les Lémuriens développèrent une importante radiation spécifique sans jamais être entravés par la présence d’Anthropoïdes, comme ce fut le cas des Lorisidés en Afrique. Ils se sont subdivisés en Lemuridae, Lepilemuridae, Cheirogaleidae et Indriidae.

(ii) Lorisoidea : Les Lorisidés sont peut-être simplement ceux des *Eu-Lémuriformes qui restèrent en Afrique après le départ de l’ancêtre des Lémuriens pour Madagascar. Nous avons situé cet évènement v. 45 à 40 MA. Ensuite, aux environs de 40 MA, ils se subdivisèrent en deux sous-clades : Les Loridae (Loris) sont arboricoles, lents et de taille moyenne ; leurs fossiles sont connus depuis v. 37 MA (Karanisia, Egypte) ; les taxons actuels n’ont plus de queue ; ils vivent en Asie du Sud-Est (Loris stricto sensu, migrés en Asie v 16,5 MA ?) et en Afrique (Pottos, Angwantibos). Les Galagonidae (Galago) sont de petite taille et se déplacent par de grands bonds ; ils ont livré des fossiles aussi anciens que les Loridés (Saharagalago, v. 37 MA, Egypte ; Wadilemur, v. 34 MA, Egypte) et vivent toujours en Afrique, au Sud du Sahara.

           

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

               Karanisia – 37 MA  – Lorisidea – Egypte                                

 

 

Loris – Actuel– Lorisidea – Sri Lanka

                            

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                      

   Microcebus – Actuel – Cheirogaleidae – Madagascar 

 

 

 

 

 

Lemur – Actuel– Lemuridae –Madagascar

Notes

(51) On a déjà dit que nous n’avons presque aucun fossile africain entre 60 et 40 MA, ce qui nous prive de chapitres essentiels de l’histoire des Primates. Retour.

(52) Anciennement, on les avait interprété comme des Plésiadapidés ou des Anthropoïdes primitifs. Retour.

(53) Qui est un trait dérivé propre aux *Eu-Lémuriformes. Retour.

(54) C’est le premier Primate connu, au Sud du Sahara actuel. Retour.

(55) Car, v. 37 MA, les véritables Lémuriens étaient déjà apparus et diversifiés. Retour.

(56) Une étude génétique situe v. 62 MA la séparation des Lémuriens en leurs deux sous-clades ; mais ce n’est pas compatible avec d’autres données. Retour.

(57) Cette date est compatible avec une étude de l’ADN nucléaire. Retour.

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Ancre 52
Ancre 53
Ancre 54
Ancre 56
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Ancre 55
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© 2019 Thierry d'Amato

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