top of page

ET LE MONDE FUT PEUPLÉ ! – Histoire de la Préhistoire

1ère partie – Les Ancêtres de l’Homme

INTRODUCTION

 

 

Il peut sembler étrange de débuter un atlas consacré au peuplement humain de la Terre en proposant une phylogénie illustrée qui commence au début de la Vie sur notre planète. Mais où commencer l’histoire de la lignée humaine ? Et où mettre des seuils pertinents qui viendraient ponctuer une évolution continue ? Faute de réponses évidentes à ces questions, la résolution a été prise de commencer par le commencement. Par conséquent, le premier volume relate l’évolution biologique entre l’apparition de la Vie et l’apparition des ancêtres immédiats des Humains ; tandis que le second volume envisagera l’évolution entre les premiers Humains et les Humains Modernes ; et que les trois suivants seront consacrés au peuplement de la Terre  par ceux-ci.

 

Quelques remarques :

 

Sans dates, il n’y a pas d’histoire. Dans cette série d’atlas, une importance particulière est donnée à la chronologie. Aujourd’hui, nos techniques de datation sont devenues assez fiables, même pour les époques très anciennes. Ainsi, les dates données dans l’atlas n°1 sont relativement consensuelles à partir du début du Cambrien, v. 440 Millions d’années (MA) avant nous ; c’est-à-dire depuis l’apparition des CRÂNIATES. Cependant, les dates d’apparition des groupes plus anciens sont plus difficiles à déterminer ; en particulier parce que les organismes très anciens avaient le corps mou et n’ont pas laissé beaucoup de traces fossiles. Pour dépasser ce problème, on peut s’appuyer sur les horloges moléculaires ; malheureusement, celles-ci sont difficiles à calibrer et donnent des résultats variables en fonction des gènes ou des protéines étudiés. Au total, pour les embranchements très anciens, les dates de divergence sont des approximations dont la marge d’incertitude atteint parfois 100 million d’années. C’est la raison pour laquelle il est difficile d’associer leur émergence à des évènements climatiques précis.

 

Pourtant, le climat modèle l’histoire. Il a façonné l’évolution des espèces, comme il a plus tard constitué un facteur déterminant des mouvements humains, préhistoriques, protohistoriques et historiques … en attendant les mouvements à venir des réfugiés climatiques. Dans chacun des volumes de l’atlas, les cartes prennent en compte le climat des époques successivement  considérées.

 

Qui dit cartes, dit géographie. La connaissance de la configuration des continents aux ères géologiques a beaucoup progressé, et il est aujourd’hui possible d’établir des cartes relativement consensuelles à partir de l’époque Précambrienne. Toutefois, les cartes géographiques de ces périodes très anciennes sont sans objet pour notre propos, parce que la vie de cette époque était exclusivement océanique et parce que nos connaissances à son sujet sont beaucoup trop fragmentaires pour que nous puissions espérer les associer à des précisions géographiques porteuses de sens. Plus tard, lorsque les ancêtres des Humains furent devenus des animaux terrestres, toutes les masses continentales restèrent longtemps regroupées en un unique continent appelé Pangée. Sur cet univers continental, les animaux – parmi lesquels nos ancêtres – avaient toute latitude pour se déplacer sans autre entrave que leur adaptation aux climats qui leur convenaient. Alliée à un registre fossile très incomplet, cette unité continentale ne nous permet pas de déterminer les lieux précis d’apparition de tel ou tel clade. La première carte de l’atlas n° 1 commence au Trias moyen parce que c’est l’époque à partir de laquelle on peut commencer à faire des hypothèses biogéographiques en continu.

 

La reconstitution de l’apparence des espèces disparue est plus ou moins fiable en fonction de la quantité de données fossiles. Pour les organismes à corps mou très anciens, il n’existe presque aucune trace de fossile ; toutefois, certaines espèces actuelles offrent des reflets crédibles de ce que pouvaient être ces très lointains ancêtres. A partir de l’époque où apparurent les os, les fossiles devinrent plus abondants. Mais lorsque nous les dégageons, ils sont le plus souvent très fragmentaires, et cela d’autant plus que toutes les parties du corps n’ont pas des chances égales de se fossiliser ; ainsi, les dents sont-elles souvent les seules traces qui nous restent de certains organismes ; au point que la généalogie des Mammifères primitifs peut légitimement être considérée comme une ‘’généalogie de dents’’.

 

Plus que l’apparence hypothétique des animaux anciens, c’est la phylogénie qui est indispensable pour reconstituer – dans sa continuité – l’histoire des ancêtres de l’Homme. Depuis le début du XIX° siècle, la phylogénie s’est basée sur l’anatomie comparée des traits les plus évidents. Puis, à la fin du XX° siècle, l’approche cladistique fit progresser la fiabilité des regroupements, en refondant la phylogénie sur un grand nombre de critères morphologiques à la fois ; cette approche établit l’existence de clades au sein desquels sont regroupées toutes les espèces qui partagent des synapomorphies, c’est-à-dire des traits communs hérités d’un ancêtre commun. la méthode – utilisable aussi bien pour des espèces disparues que pour des espèces vivantes – a permis de comprendre que de nombreux regroupements proposés jusque-là étaient faux ou ne faisaient que rassembler artificiellement des espèces qui n’étaient que plus ou moins lointainement apparentés ; dans des cas comme ceux-ci, on parle aujourd’hui de groupes paraphylétiques. Enfin, depuis le début du XXI° siècle, le développement de la génétique renforce les consensus phylogénétiques pour les espèces vivantes (présence d’ADN) ; et a occasionné quelques surprises de taille ….

 

Un dernier point : les clades sont des emboitements en poupées russes. Le fait d’être des HUMAINS ne nous exclut pas du clade des PRIMATES, non plus que du clade des MAMMIFÈRES ou de celui des VERTEBRÉS dont les dates d’origine sont bien plus anciennes. Avoir des ancêtres qui ont appartenu à un clade donné signifie que nous appartenons toujours à ce clade au travers d’une longue succession de sous-clades et de sous-sous-clades. Dans l’atlas n°1, les noms des clades successifs – auxquels nous appartenons toujours – sont ceux des titres en majuscule. Ainsi, nous sommes des EUCARYOTES, mais aussi des UNICONTES, des HOLOZOAIRES, des FILOZOAIRES, des CHOANO-BIONTES, etc. Jusqu’à nous tous derniers clades appelés HOMINIDÉS, HOMININÉS, HOMININI et HOMININÈS.

Chacun de ces clades possède un groupe frère avec lequel nous partageons tous les clades de niveaux supérieurs mais aucun des clades de niveaux inférieurs. Poussée à l’extrême, la méthode cladistique permet de dessiner un arbre généalogique complet de toutes les espèces vivantes passées et présentes.

 

En compagnie de Lucrèce et de son incroyable préscience qui ponctuera quelques unes des pages de cette série d’atlas, commençons donc à dérouler le fil de ces clades et du temps.

 

© 2019 Thierry d'Amato

bottom of page