Z - 5.300.000 à 2.600.000 AEC
PLIOCENE – Zancléen et Plaisancien
Au cours des vingt dernières années, de nouveaux fossiles ont considérablement enrichi les connaissances sur nos ancêtres immédiats ; mais la fragmentation temporelle et géographique des données, la grande indigence des restes, l’impossibilité de prendre en compte la gamme des variations intra-spécifiques à l’échelle de la géographie et du temps, les traits en mosaïque (mélange de traits primitifs et dérivés), l’imprécision des datations (Afrique du Sud) … et l’ego des chercheurs, autorisent les interprétations les plus contradictoires. A ce jour, il n’est donc pas possible d’établir une filiation continue incontestable ; mais certaines pistes sont pourtant moins invraisemblables que d’autres.
Le mode de présentation des HOMININES adopté depuis la carte Y privilégie une approche structurée au long de quatre ‘’stades’’ chronologiques et évolutifs successifs. Ces stades pouvant éventuellement correspondre à des espèces uniques, à des clades, ou à des groupes paraphylétiques :
- tout d’abord le stade des *SAHELANTHROPINÈS, encore proche de la séparation d’avec les Chimpanzés et déjà décrit dans les commentaires de la carte Y ;
- puis celui des AUSTRALOPITHECINÈS, déjà plus engagés en direction des Humains, bien que conservant de nombreux traits primitifs partagés avec les Chimpanzés ;
- suivi de celui des HABILINÈS, à qui l’on a attribué le nom générique d’Homo de manière peut-être excessive ? [cf. atlas n°2] ;
- et enfin du stade HOMINÈS dont le squelette postcrânien était déjà devenu parfaitement humain ; justifiant pleinement le nom générique d’Homo [cf. atlas n°2].
Malgré l’absence de consensus sur son identité, il faut naturellement, que lors de chacun de ces ‘’stades’’ paraphylétiques, au moins une des espèces – connue ou encore inconnue – ait été celle de nos ancêtres directs.
HOMININES – AUSTRALOPITHECINÈS v. 4,5 MA Afrique
Entre 5 et 3,5 MA, l’Afrique de l’Est et la région des grands lacs étaient encore largement recouvertes de forêts ouvertes, qui s’étendaient en périphérie de la grande forêt tropicale humide. Ainsi, les premiers Australopithèques, vivaient dans un biotope comparable à celui des *Sahelanthropinès dont ils étaient issus. Puis, à partir de 3 MA, le climat devint plus sec (pics d’aridité v. 3 MA et v. 2,5 MA, entrecoupés d’un retour à des conditions plus humides). Ces variations climatiques furent la toile de fond de nouvelles adaptations plus savanicoles.
AUSTRALOPITHECUS ANAMENSIS : 4,3 à 3,9 MA, Est
Le peu de vestiges connus, suffit pour déduire qu’anamensis était un bipède habituel ; mais il demeurait très inféodé aux arbres, dans lesquels il dormait probablement.
Aust. anamensis – 4,3/3,9 MA – Hominine – Afrique Est
Comparé à afarensis (plus récent), les membres d’anamensis avaient des proportions plus humaines. L’espèce était très dimorphique. Il est possible qu’anamensis – ou un taxon proche – ait engendré deux lignées vicariantes qui ont évolué parallèlement en Afrique de l’Est : la nôtre, et celle des Paranthropes.
‘’AUSTRALOPITHECUS’’ PLATYOPS : 3,6 à 3,4 MA, Est
Connu par un seul crâne fossile déformé, et par un orteil (qui plaide pour sa bipédie), le statut de Kenyanthropus / ‘’Australopithecus’’ platyops est bien débattu. Si sa face plate n’est pas imputable à la déformation du crâne, platyops pourrait correspondre à ce que l’on attend d’un ancêtre des Humains. Il pourrait avoir utilisé des outils ?
Australopithecus africanus : 3,5 ? à 2,5 MA, Sud
Les datations sud-africaines sont peu précises. Avec sa face peu prognathe, son absence de crête sagittale, ses dents relativement petites, son arcade dentaire parabolique, son petit diastème, et son dimorphisme sexuel modéré, africanus a longtemps fait figure d’ancêtre crédible de l’Humain. Une étude récente le regroupe d’ailleurs avec les HABILINÈS et l’écarte des Australopithèques affiliés à afarensis. Toutefois, plutôt que l’un des ancêtres directs de l’Homme (demeurés en Afrique de l’Est), africanus serait un ‘’cousin’’ précocement détaché de la lignée humaine du fait de sa migration en Afrique du Sud (v. 3,5 MA ?). Quoique bipède habituel, africanus était encore très arboricole, comme l’étaient tous les autres Australopithèques. Il pourrait s’être éteint lorsque les premiers Habilinès colonisèrent à leur tour le Sud du continent, entre 2,5 et 2 MA ?
A. Africanus – 3,5/2,5 MA – Hominine – Afrique Sud
Australopithecus / ‘’Paranthropus’’ afarensis : 3,7 à 2,9 MA, Est
La fameuse ‘’Lucy’’ est souvent présentée comme l’ancêtre de l’Humanité. C’est faux ! Son espèce était celle des premiers Paranthropes.
A. afarensis – 3,7/2,9 MA – Hominine – Afrique Est
En effet, plusieurs caractéristiques situent afarensis à la racine des Paranthropes : ainsi, les afarensis mâles arboraient une petite crête sagittale (signifiant qu’ils mangeaient une nourriture végétale coriace) ; ils avaient aussi un prognathisme sous-nasal marqué, contrastant avec la face plate des Humains ; une arcade dentaire non parabolique et un grand dimorphisme sexuel. Afarensis était un bipède habituel, mais qui n’était pas adapté à la course ; il avait probablement toujours recours au knuckle-walking et demeurait un Primate arboricole confirmé (épaule ‘’simiesque’’, grands bras, phalanges courbes, fémur court). C’est pourquoi cette seconde représentation de l’espèce le montre dans une position perçue comme moins humaine que la première.
A. afarensis – 3,7/2,9 MA – Hominine – Afrique Est
Australopithecus / ‘’Paranthropus’’ bahrelghazali : 3,5 MA, Tchad.
Ce n’était probablement qu’un afarensis migré au centre de l’Afrique v. 3,5 MA, à l’occasion d’un épisode climatique favorable.
Australopithecus /‘’Paranthropus’’ deyiremeda : 3,5 à 3,3 MA, Est.
Connu par quelques fragments, ce contemporain et compatriote d’afarensis, pourrait s’être séparé de lui en raison d’une adaptation à un biotope où la nourriture était encore plus coriace. Davantage qu’afarensis, il pourrait être l’ancêtre des Paranthropes ‘’classiques’’. Ses traits d’allure ‘’humaine’’ résulteraient alors d’un héritage commun (type humain primitif) et de convergences ?
Australopithecus /‘’Paranthropus’’ gahri : 2,5 à 2,4 MA, Est.
Ce probable descendant d’afarensis avait une crête sagittale, des grosses molaires, des grandes canines et une arcade dentaire de type grand singe. Tout ceci l’exclut de la lignée humaine et en fait plutôt un ‘’*Para-Paranthrope’’. Il pourrait avoir utilisé des outils ?
Paranthropus aethiopicus : 2,7 à 2,3 MA, Est.
Malgré l’indigence fossile, on le reconstitue comme un bipède qui demeurait arboricole. Certains de ses traits crâniens l’apparentent à afarensis. Il avait une crête sagittale et une crête nucale prononcées, ce qui indique un comportement ‘’hypermasticatoire’’ dû à un régime très coriace. L’espèce était très dimorphique.
Paranthropus boisei : 2,3 à 1,3 MA, Est.
Il fut le plus robuste des Paranthropes. Malgré des traits hyper dérivés, il demeurait très semblable à son ancêtre aethiopicus et était, comme lui, très dimorphique.
Paranthropus robustus : 2 à 1,5 MA, Sud.
On avait d’abord réuni robustus avec africanus, sur la base de leur commune localisation géographique au Sud de l’Afrique. Mais robustus est très proche de boisei, et il serait donc plus logique d’en faire le descendant d’un aethiopicus migré au Sud (v. 2,5 MA ?). Son front était peu développé. Robustus pourrait avoir utilisé des outils ?
Paranthropus boisei – 2,3/1,3 MA – Hominine – Afrique Est
HOMININES – HABILINÈS v. 2,6 MA Afrique
Après la séparation d’avec les Chimpanzés, puis après les stades Sahelanthropinès et Australopithécinès, le stade ‘’Habilinès’’ fut le dernier avant l’apparition des Humains ‘’véritables’’. Son émergence s’inscrit probablement dans la radiation spécifique qui accompagna le début du Pléistocène, c’est-à-dire du cycle glaciaire actuel, il y a 2.600.000 ans. Ces êtres ont été appelés Homo par les chercheurs du XX° siècle. Cependant, leur morphologie n’était pas encore totalement humaine ! Pour éviter une atttribution trop précoce du genre Homo, il serait préférable de leur assigner un genre *Habilis. En prélude à l’apparition des Humains véritables, l’histoire des Habilinès sera décrite au début de l’atlas n°2.



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