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C - 95.000 à 83.000 AEC

Primiglaciaire – stade de Rederstall

Stade de Rederstall ancien : 95.000 à 88.000 AEC

Réchauffement : 88.000 à 85.500 AEC

Stade de Rederstall récent : 85.500 à 83.000 AEC

MIS 5b

 

 

CLIMAT

 

Dans son ensemble, le stade de Rederstall correspond au MIS 5b. On l’appelle stade du Lapland dans l’Est de l’Europe.

Bien que sans rupture franche avec la période que nous avons identifiée comme faisant partie de l’interstade de Brorup [cf. carte B], la série glaciaire du Groenland montre une lente dégradation des conditions climatiques tout au long du GI-23.1. A partir de v. 95.000 AEC, la longue partie récente du GI-23.1 et le très bref GS-23.1 pourraient correspondre, ensemble, à un stade de Rederstall ancien qui aurait ainsi duré 7000 ans au total, de v. 95.000 à 88.000 AEC.

Puis, un réchauffement intra-Rederstall, constitué d’oscillations de faibles amplitudes, coupa le stade en deux. Correspondant au GI-22, cet épisode dura environ 2500 ans, de v. 88.000 à 85.500 AEC.

Enfin, un refroidissement plus marqué constitua un stade de Rederstall récent que décrit la carte C ; il correspond au GS-22 + GS-21.2, entrecoupés par le très bref pic de réchauffement du GI-21.2. Toute cette période récente dura 3000 ans, de v. 85.500 à 82.500 AEC. Mais on peut aussi choisir de la faire s’arrêter v. 83.000 AEC, strictement à la fin du GS-22 ; option qui est retenue ici. Au cours de cette période, le niveau des mers se situait peut-être aux alentours de – 50 mètres.

L’Europe du nord-Ouest était couverte d’une toundra herbeuse en alternance avec une toundra arbustive (parc toundra).

Les régions africaines aujourd’hui désertiques, étaient pareillement arides ; et la vallée du Nil semble de nouveau avoir cessé d’être une voie de communication facilement empruntable.

 

Peuples d’haplogroupes A et BT

 

Le retour de la sècheresse et la fermeture de la voie du Nil confinèrent les populations africaines A et BT au Sud du Sahara ; les isolant des populations A et BT qui s’étaient installées en Afrique du Nord et au Levant. Pareillement, de nouvelles implantations humaines étaient peut-être devenues plus difficiles du côté la péninsule arabe. En effet, la sècheresse pourrait avoir densifié le nombre de colons modernes dans les régions arabes méridionales, qui étaient les seules à être demeurées habitables ; ceci pourrait avoir rendu plus difficile l’implantation en nombre de nouveaux groupes africains, parce que ceux-ci ne disposaient pas de moyens technologiques supérieurs pour s’imposer à leurs cousins ‘’indigènes’’ 170. On fera cependant remarquer que le Complexe Nubien Récent – et peut-être l’haplogroupe BT* – était installé de part et d’autre du détroit qui était peut-être l’épicentre d’une immense province ethnolinguistique assez homogène ?

 

Peuples d’haplogroupe CT

 

Entre v. 90.000 et 85.000 AEC, l’haplogroupe CT, racine du peuple Boréal, donna naissance à ses deux grandes branches CF et DE qui pourraient être apparues au voisinage du Golfe Persique. Dans les cartes suivantes, nous mentionnerons encore un haplogroupe CT* pour rappeler l’existence d’autres variants de CT que l’archéogénétique révèlera plus tard en Europe et au Levant.

Issus du Complexe Nubien, c’est-à-dire du MSA d’Afrique de l’Est, ces peuples auraient logiquement dû conserver cette industrie une fois installés en Eurasie. Or, c’est une industrie moustérienne qui est localement observée ; ce qui pourrait s’expliquer par une régression cognitive dans le contexte des métissages locaux. Toutefois, on ne peut pas exclure que d’authentiques sites Nubiens soient aujourd’hui engloutis sous les eaux du Golfe Persique ? En effet, les régions moustériennes qui nous sont accessibles par l’archéologie, étaient alors situées en périphérie de la vallée exondée du Golfe persique qui pourrait avoir été le lieu de concentration maximum des populations modernes ? C’est cette grande vallée qui – pensons-nous – constituait le cœur de ce que nous appelons le ‘’hub’’ moyen-oriental.

Un élément ténu pourrait aller dans le sens d’une survivance de la culture nubienne en Eurasie ; en effet, des chercheurs ont identifié du matériel ‘’nubien’’, dans l’Inde du MIS 5a ; ce qui s’expliquerait très bien en conséquence d’une diffusion de proche en proche à partir du golfe Persique [cf. carte D].

 

Peuples d’haplogroupe DE

 

Selon les principes énoncés dans l’introduction, nous postulons que les populations DE formèrent initialement un groupe ethnolinguistique cohérent que nous proposons d’appeler *Paléo-Boréal171. Puis, selon une dynamique de progression impossible à reconstituer à l’échelle des 12.000 ans que couvre la carte C, une partie de ces tribus demeura du côté de l’Arabie méridionale, tandis que d’autres tribus s’étendaient de l’autre côté du Golfe persique, en progressant probablement sur la bande littorale aujourd’hui submergée et dont les vestiges nous sont par conséquent inaccessibles. Afin de les distinguer l’un de l’autre, nous proposons d’appeler *Paléo-Boréaux-Occidentaux les DE qui demeurèrent du côté arabe, et *Paléo-Boréaux-Orientaux les DE qui s’installèrent sur la côte iranienne. Etant adaptés au climat tropical, il est probable que ces premiers Hommes modernes d’Eurasie ne s’éloignèrent pas trop des côtes méridionales de l’Asie, car ils n’étaient pas encore en mesure de vivre dans les régions continentales plus froides auxquelles les Humains archaïques s’étaient – eux – adaptés sur le très long terme, au cours de milliers de générations nées sous des climats plus rudes. Cet haplogroupe DE a posé un problème d’interprétation aux chercheurs dans la mesure où son grand variant E apparait aujourd’hui comme étant essentiellement africain, tandis que son grand variant D a toujours été exclusivement asiatique oriental ! Heureusement pour notre compréhension, il existe encore – à des taux résiduels – des individus contemporains DE* (i.e. DE non-D non-E) ; et ce qui est remarquable, c’est qu’ils sont éparpillés dans des endroits aussi invraisemblablement éloignés les uns des autres que peuvent l’être l’Afrique de l’Ouest (Guinée, Nigéria), et l’Asie du Sud-Est (Sud-Tibet, îles Andamans, Philippines). Ainsi mises en perspective, les données disponibles convergent vers une origine eurasienne occidentale de l’haplogroupe DE (Arabie / Golfe Persique), qui sera suivie d’une rétromigration de certains porteurs de DE* en Afrique (plus tard à l’origine de l’haplogroupe E, v. 60.000 AEC), ainsi que d’une migration d’autres porteurs de DE* en Asie méridionale (plus tard à l’origine de l’haplogroupe D, v. 70.000 AEC)172.

 

Peuples d’haplogroupe CF

 

A partir d’une forme CT* qui pourrait avoir été localisée au Nord du Golfe Persique173, l’haplogroupe CF émergea peut-être v. 85.000 AEC, c’est-à-dire 3480 générations avant nous. Afin de les distinguer des dialectes *Paléo-Boréaux parlés par leurs frères méridionaux DE* (déjà subdivisés en tribus arabes et en tribus iraniennes), les dialectes septentrionaux des tribus CF pourraient être qualifiés de *Néo-Boréaux [cf. carte D]. Ce groupe n’avait rien de mineur ! Car, de lui, sortira l’immense majorité de l’Humanité non-africaine actuelle ; à l’exception des peuples d’haplogroupe D qui sont aujourd’hui devenus vestigiaux sur le continent eurasien.

 

Peuples Paléo-Levantins

 

Après la période des sites de Skhul et de Qafzeh (v. 100.000 AEC), on ignore le devenir de ces premiers Hommes modernes du Proche-Orient. Certains chercheurs ont avancé qu’ils s’étaient éteints ? Mais quand et pourquoi cela ? Nous préférons plutôt faire l’hypothèse de la survivance des populations *Paléo-Levantines redevenues moustériennes, et même avancer l’hypothèse d’un enrichissement de leur composition haplogroupale A1a avec l’arrivée de tribus A1b-M13 qui se retiraient du Sahara en cours de désertification. Ces réfugiés climatiques pourraient s’être installés à cette époque au Proche Orient et sur la côte d’Egypte et de Cyrénaïque où il existe toujours des individus A1b-M13 aujourd’hui. Par ailleurs, si le semi-désert mésopotamien n’était guère accueillant pour des populations dépourvues de technologies sophistiquées, rien n’empêchait ces peuples A1b-M13 de s’étendre plus loin vers le Nord, en Anatolie orientale et sur la côte anatolienne de la Méditerranée. Faute de données, cette implantation est spéculative mais pourrait expliquer les rares individus A1b-M13 contemporains qui vivent encore dans le refuge de l’île Sarde174, et les rares individus A1a* et A1b-M13 qui vivent dans les Finis Terrae d’Ecosse et d’Irlande.

 

Hommes archaïques

 

En commençant à s’étendre, les Humains modernes d’Eurasie rencontraient encore et toujours des populations archaïques qu’ils marginalisaient au-delà du front de leur progression mais avec lesquelles se produisaient parfois des rencontres ; rencontres que les nombreux témoignages ethnologiques de l’époque subactuelle nous permettent de positionner – y compris dans leur version intime – comme empreintes de violence plutôt que de romantisme …

 

 

Notes

(170) Dans cette série d’atlas, les notions de colons et d’indigènes doivent être considérés de la manière suivante : tout groupe homogène en place est indigène de la région qu’il habite, même s’il est antérieurement venu d’ailleurs et a donc précédemment constitué un groupe colonisateur. Le processus se reproduisant sans fin, chaque nouveau groupe colonial devient plus ou moins rapidement le groupe indigène qui sera recouvert par les colons suivants ! A chaque fois, un processus de fusion plus ou moins intense se met en place selon les modalités exposées dans l’introduction. Le processus donnant  inévitablement l’avantage aux haplogroupes ADN-Y des colons qui s’imposent, tout en respectant les haplogroupes ADN-mt des indigènes. Le mécanisme est détaillé dans l’introduction.Retour

(171) Pourquoi faut-il que l’apparition d’un nouvel haplogroupe soit nécessairement associée à l’apparition d’un nouveau groupe ethnolinguistique cohérent ? Parce que, pour que nous puissions le repérer et même l’inscrire parmi les grands haplogroupes ‘’racines’’ (comme DE ici), il faut que le nouvel haplogroupe se soit largement imposé aux porteurs d’autres variants (il en surgit tout le temps, qui n’ont pas tous la chance de s’implanter). Or, pour que des sujets masculins imposent leur haplogroupe variant, il faut que leur groupe familial / clanique / tribal soit répétitivement victorieux des clans voisins. Ainsi, l’implantation d’un nouvel haplogroupe signifie obligatoirement une série de victoires de ses porteurs ; victoires qui vont entraîner le clonage rapide du nouvel haplogroupe dans toute une population régionale [cf. explications dans l’introduction]. Ce processus implique le support minimal d’une tribu, c’est-à-dire d’un groupe humain qui véhicule une même langue ; langue qui va être favorisée en même temps que l’haplogroupe ADN-Y ! C’est pourquoi, aux époques anciennes, l’extension d’une langue devait le plus souvent être superposable à celle d’un haplogroupe ADN-Y. Bien sûr, plus la langue s’étendra, plus elle subira de changements, à la fois internes et par échanges avec d’autres langues. C’est pour cela que, plus les dates de divergences  sont anciennes, plus il est difficile de raccrocher les langues actuelles à leur ‘’racine haplogroupale’’. Les haplogroupes ADN-Y, eux, ne subissent pas de mutations aussi rapides que les langues, et n’échangent pas de matériels comme elles le font. C’est pour cela que leur phylogénie est plus facile à déterminer.Retour

(172) Les dates calculées d’après les taux de mutation sont plus récentes pour DE (v. 65.000 ans) et D ou E (v. 60.000 ans) ; mais ces dates récentes sont difficilement compatibles avec les faits archéologiques (présence plus ancienne des hommes modernes en différents points d’Eurasie méridionale).

(173) C’est parce qu’on retrouvera plus tard des CT* en Europe que nous postulons une localisation au Nord du territoire moderne du MIS 5c.Retour

(174) Il serait vraisemblable que les A1b-M13 de Sardaigne aient été entrainés dans le mouvement de colonisation proto-aurignacienne [cf. carte M].Retour

 

 

 

 

 

 

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© 2019 Thierry d'Amato

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