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Asie Septentrionale (Asie Centrale, Sibérie Occidentale, steppes, Altaï, Baïkalie, Sibérie Orientale, Alaska, Amériques)

 

Au Nord du plateau Iranien et du Turkménistan [cf. ci-dessous], l’actuel Ouzbékistan était peut-être le domaine de peuples R2 qui pourraient avoir été les ancêtres *Proto-Kelteminar du peuple *Kelteminar que nous rencontrerons à l’Holocène. Beaucoup plus tard, ces gens seront entrainés vers le Sud par les mouvements des Indo-Européens Orientaux [cf. atlas n°4]. Une variété d’haplogroupes ‘’Vieux-R1b’’ devait aussi peupler la région. Tout cela sera plus tard balayé par les mouvements steppiques successifs qui – d’un point de vue régional – constitueront autant de rétromigrations en direction du ‘’hub’’ moyen-oriental.

 

En Bactriane et dans le Pamir, la culture de Hissar (PSR HIS) comprenait encore des outils sur galets ; mais les gens de ces régions connaissaient aussi le détachement d’éclats et fabriquaient de petites lames en silex ; ils fabriquaient également des parures en os. Sans plus de précisions, nous associons leur culture à un Paléolithique Supérieur Récent (PSR) dont la modernité était discrète ; un Paléolithique ‘’récent peut-être’’, mais qui allait s’attarder très loin dans le cours de l’Holocène [cf. atlas n°4]. Ce conservatisme technologique régional est intéressant parce qu’il ajoute du crédit à l’hypothèse d’une très longue survie d’un vieux peuple Déné-Caucasien C1b1, autrefois repoussé dans les montagnes par l’expansion des peuples Eurasiatiques K2 [cf. carte L]. Nous pensons qu’il s’agissait des ancêtres du peuple Burusho / Burushaski, aujourd’hui devenu vestigial, mais qui parle toujours une langue déné-caucasienne et qui comprend toujours en son sein des individus porteurs de C1b1 ? Aujourd’hui, ceux-ci ne sont pas majoritaires, car d’autres bandes humaines sont venues imposer leurs lois dans ces montagnes depuis le Dryas-3. Cependant - exactement comme dans le pays Basque – ce renouvellement haplogroupal n’annule pas du tout l’hypothèse qui lie étroitement les langues déné-caucasiennes à l’haplogroupe C [cf. introduction et commentaires des cartes N & Q]. Peut-être ces mêmes peuples C1b1 se prolongeaient-ils alors tout au long de la chaine des Monts Célestes ? Par assimilation ultérieure, cela expliquerait pourquoi cet haplogroupe est présent à faible taux chez les peuples Altaïques actuels.

 

Le Kazakhstan Occidental du Dryas-3 devait être le domaine des Proto-Indo-Européens (PIE) que l’on pourrait également nommer ‘’*Peuple R1b Steppique Occidental‘’. Leur culture épipaléolithique était probablement celle qui est pauvrement décrite sous le nom de Microlithisme du Kazakhstan du Nord (MIC NOR KAZ). Ils étaient principalement basés sur R1b-M269* qui était la forme steppique (i.e. septentrionale) occidentale de R1b et dont le variant R1b-L23 – peut-être apparu v. 8000 AEC ? – se trouvera en position ancestrale patrilinéaire de 60% des Européens de l’Ouest actuels ; les mouvements ultérieurs de cet haplogroupe majeur sont abondamment détaillés dans l’atlas n°4. Des groupes R1b1* que l’on retrouvera plus tard dans la culture de Samara [cf. atlas n°4] devaient également peupler l’Ouest de la région que nous assignons à ce groupe steppique.

A l’Est du noyau originel des PIE (ici strictement définis au moyen de l’haplogroupe R1b-M269*, ancestral de R1b-L23 qui apparaitra au début de l’Holocène) devaient se trouver des tribus basées sur R1b-M73, la forme steppique orientale de R1b que nous avons vue s’installer au cours du Bölling dans les régions du Haut-Irtych et du Haut-Ob ainsi que dans la steppe de Baraba  [cf. carte X]. Nous décrivons simplement ce groupe sous le nom de *Peuple R1b Steppique Oriental. Plus tard, il sera intégré par les mouvements des Indo-Européens dont l’extension sera considérable dans tout le système des steppes eurasiennes ; c’est peut-être seulement alors que les R1b-M73 formeront un contingent important de la population Indo-Européenne de l’Altaï et de la branche de ce peuple qui s’installera au Xinjiang [cf. atlas n°4].

Au Semiretchie (oblast d’Almaty), le Microlithisme du Kazakhstan du Sud (MIC SUD KAZ) est aussi mal connu que son homologue septentrional. Etait-il porté par des de R1b-M73 et/ou par d’autres peuples plus anciens éventuellement porteurs de C1b1, de R* ou de N* ? Dans le Monde actuel, les traces de ces divers haplogroupes sont discrètes mais non-absentes.

 

Au Nord des steppes du Kazakhstan, la forêt de Sibérie Occidentale – qui avait repoussé sur les rives de l’Irtych et de l’Ishim – était peut-être le domaine d’une fraction demeurée asiatique du *Peuple R1a du Nord ? L’haplogroupe majoritaire de cette région pourrait avoir été R1a1a1b2-Z93, ancêtre de Z94 qui sera plus tard l’haplogroupe typique des Indo-Européens orientaux de la famille Aryenne, y compris des rameaux les plus orientaux de la culture d’Andronovo. Nous ferons migrer un rameau de Z93 en Europe Orientale au début de l’Holocène, à l’origine de ce variant Z94 qui rétromigrera en Asie [cf. atlas n°4].

Sans certitude aucune – car les dates de divergence proposées sont en général plus récentes – c’est au Dryas-3 que nous laisserons s’installer en Europe Orientale le rameau R1a1a1b1a-Z282 de R1a1a1b1-Z283. Il se retrouvera dans la cristallisation ethnique des Indo-Européens orientaux de la famille Balto-Slave [cf. atlas n°4].

 

Au Nord et à l’Est des R1a asiatiques, les descendants Q1a1-F746 du vieux peuple d’Afontova Gora subsistaient peut-être encore au Dryas-3 ? Nous en avons fait un groupe *Para-Eskaléoute, proche parent des *Proto-Kitoï de Cis-Baïkalie, ainsi que des véritables *Proto-Eskaléoutes qui vivaient sur les rives de la Moyenne-Lena et de l’Aldan après s’en être possiblement détachés au début du Tardiglaciaire [cartes W & X]. Nous reporterons au début de l’Holocène l’avènement du Mésolithique dans cette région [cf. atlas n°4]. Ces peuples d’origine lointainement occidentale463 n’utilisaient pas la technique Yubetsu mais détachaient leurs lamelles à partir de nuclei coniques et prismatiques. Sur les cartes, nous nommons leur culture Microlithisme Prismatique (MIC PRI) ; ceci afin de ne pas anticiper anachroniquement le nom de la culture Sumnagin qui en constituera l’évolution mésolithique au début de l’Holocène [cf. atlas n°4].

 

En Trans-Baïkalie, dans les bassins de la Haute- et de la Moyenne-Vitim (site d’Ust’Karenga), un Mésolithique céramique était apparu dès le Bölling dans une population qui maniait la technique Yubetsu d’origine orientale, parallèlement à d’autres technique de débitage d’origine occidentale. Cette population – que son industrie nous laisse deviner mêlée – pourrait avoir été *Proto-Tchouktcho-Nivkhes et pourrait avoir reposé sur l’haplogroupe P1* (non-Q non-R). Etant donnée la proximité géographique, sa culture céramique avait certainement été adaptée de celle de Gromathuka dans la vallée du Moyen-Amour, elle-même ayant découlé de celle d’Osipovka (OSI) sur le Bas-Amour. Mais ces populations purement Yubetsu de Mandchourie – que nous avons appelé *Para-Na-Déné-Ienisseïennes – n’appartenaient peut-être pas au même groupe ethnolinguistique que celles de Trans-Baïkalie.

 

En Sibérie Orientale septentrionale, nous avons vu que c’est dès le début du Tardiglaciaire que des peuples *Na-Déné-Ienisseïens de culture Yubetsu et d’haplogroupe C2b1 étaient parvenus dans la vallée de la Basse-Lena [cf. carte W]. A partir de là, ils s’étaient étendus à la fois vers l’Est et vers l’Ouest. Cette histoire bidirectionnelle explique très bien l’organisation phylogénique des langues Déné-Caucasiennes orientales qui sont parvenues jusqu’à nous. Ainsi, parmi cet ensemble, le Sinitique / Sino-Tibéto-Birman constitue le sous-ensemble demeuré au Sud, tandis que le *Na-Déné-Ienisseïen est son pendant septentrional ; ce dernier s’étant lui-même fragmenté dès le Tardiglaciaire en Proto-Ienisseïen (fraction occidentale) et en Proto-Na-Déné (fraction orientale)464.

- Les *Na-Déné-Ienisseïens de la Basse-Lena partis du côté de l’Ouest (Yakoutie Occidentale), avaient contourné le Plateau Central Sibérien par le Nord et s’étaient installés v. 12.000 AEC dans la basse vallée de l’Ienisseï ; vallée que nous les avons laissé remonter en direction du Sud au cours de l’épisode froid du Dryas-2 [cf. carte X]. La culture Yubetsu qu’ils avaient amené avec eux contrastait avec la culture matérielle des peuples du Haut-Ienisseï qui étaient devenus leurs voisins méridionaux ; en effet, ceux-ci, probablement Q1a1, utilisaient principalement des nuclei coniques et prismatiques pour détacher des lamelles. A défaut d’être leurs ancêtres patrilinéaires, ces *Proto-Ienisseïens étaient les ancêtres linguistiques des peuples Ienisseïens qui ont atteint notre époque465.

- Les *Na-Déné-Ienisseïens de la Basse-Lena partis du côté de l’Est (Yakoutie Orientale), avaient contourné par le Nord le massif formé par les monts de Verkhoïansk et les monts Chersky, et s’étaient avancés en direction de la Béringie, formant dès lors un groupe *Proto-Na-Déné. Conservant leur technologie Yubetsu, ils étaient entrés en interaction avec des groupes indigènes Nenana, demeurés en arrière de leurs cousins de Clovis qui avaient prospéré en Amérique du Nord au cours de l’Alleröd. Au début du Dryas-3, ces interactions entre nouveaux-venus Yubetsu et indigènes Nenana engendrèrent une culture mixte mais dans laquelle la base Yubetsu prédomina tout en se modifiant un peu466. Ainsi, les artisans Yubetsu développèrent une nouvelle méthode de production des microlithes, appelée Campus (CAM). Ce marqueur technologique identifie le complexe Dénalien (DEN)467 qui fut la culture de l’extrémité nord-orientale de l’Asie au Dryas-3 et au début de l’Holocène (v. 10.800 à 8000 AEC). Ce Dénalien s’étendit sur les actuelles provinces de Tchoukotka et de Kamtchatka, ainsi qu’en Alaska de l’autre côté du pont béringien aujourd’hui disparu ; à l’est de l’Alaska, le Dénalien se prolongea au Canada, dans la province du Yukon et dans l’Ouest de la province des Territoires du Nord-Ouest qui ne sont pas représentés sur la carte Z. Ce peuple de morphotype Mongoloïde devait être basé sur l’haplogroupe C2b1a1. Certaines de leurs tribus d’Alaska et/ou du Yukon s’avanceront bientôt en Amérique du Nord, dès le début de l’Holocène, et deviendront les ancêtres des peuples Na-Déné actuels [cf. atlas n°4]. Ceux-là auront pour descendants patrilinéaires les indiens du Nord-Ouest de l’Amérique du Nord et de la côte pacifique : outre les groupes mineurs des Tlingits et des Eyaks468, il s’agit très majoritairement de l’important groupe Athapascan, dont une fraction, à l’origine des Apaches (dont font partis les Navajo), migrera très tardivement dans le Sud-Ouest des états unis au XIII° siècle de notre ère. La langue Haïda appartient moins certainement à ce même groupe ; l’hésitation prolongée des linguistes à son propos ne pourrait-elle pas recouvrir un créole de Na-Déné et d’une langue plus ancienne qui pourrait avoir été celle des Amérindes *Nénanas ? La position insulaire de l’Haïda (i.e. refuge) est en tout cas bien compatible avec celle d’une langue dont la formation fut plus complexe que les langues consensuellement Na-Déné du continent. Quoi qu’il en soit, sous des appellations diverses469, le complexe Dénalien perdurera jusqu’à l’époque subactuelle au centre de l’Alaska, dans la vallée du Yukon et dans le territoire canadien du Nord-Ouest ; les premiers sites américains de la côte pacifique (Alaska méridionale, Colombie-Britannique) seront aussi généralement considérés comme des extensions du Dénalien. Tout ceci constitue des arguments forts qui permettent de lier ce technocomplexe aux peuples Na-Déné.

- Comme au Tchoukotka, le Microlithisme Yubetsu était apparu au Kamchatka au cours de l’Alleröd [cf. carte Y]. S’agissait-il de groupes *Proto-Na-Dénés descendus depuis le Tchoukotka ? Ou de groupes que nous avons appelés *Para-Na-Déné-Ienisseïens qui seraient venus du littoral méridional de la mer d’Okhotsk, parce que le réchauffement très significatif de l’Alleröd avait autorisé leur installation plus loin vers le Nord ? Dans les deux cas, ces gens exprimaient probablement l’haplogroupe C2b1. Mais la première hypothèse est plus vraisemblable si la méthode Campus était utilisée au Kamchatka.

 

En Amérique du Nord, au Sud du corridor de Mackenzie dont le coup de froid du Dryas-3 avait momentanément reconsolidé les parois de glace, le peuple Amérinde disposait pour lui tout seul des deux gigantesques Amériques. Au cours de l’Alleröd, déjà répandues sur l’ensemble de l’Amérique du Nord à l’exception de la zone encore recouverte par l’inlandsis, ces tribus Q1b1-M3 et Q1b1-Z780 avait développé la culture de Clovis, forme méridionale de la culture Nenana et, comme elle, de type PSM non-Yubetsu. Leurs bandes les plus méridionales avaient même commencé à pénétrer en Amérique du Sud dès cette époque.

Cette culture de Clovis – jusque-là homogène, parce qu’elle avait pu rapidement s’étendre dans toutes les directions dans un monde complètement vide où aucune résistance n’était venue ni l’entraver ni la modifier – commença à se scinder en plusieurs entités au cours du Dryas-3. On peut circonscrire les premiers héritiers Paléoindiens de Clovis en trois groupes principaux : A l’Ouest du Mississipi, la culture de Folsom s’étendait tout en longueur entre l’état de Washington au Nord et le Mexique au Sud. Tandis qu’à l’Est du Mississipi, on trouvait deux autres entités culturelles : le groupe de Redstone / Cumberland / Barnes qui s’étendait du Maine à la Caroline du Nord, et le groupe de Suswannee / Simpson qui occupait la Louisiane, la Floride et la Caroline du Sud. Descendants directs du peuple de Clovis, tous ces gens étaient nécessairement porteurs des haplogroupes Q1b1-M3 et Q1b1-Z780, et exprimaient probablement un morphotype proche de celui de l’homme de Kennewick qui allait bientôt voir le jour dans l’état de Washington. Quel était ce morphotype ? On l’a décrit comme Europoïde, ce qui n’est pas illogique étant donné les ancêtres Eurasiatiques K2b de cet homme, nécessairement issus du groupe Nostratique (ancien) qui peuplait le Moyen-Orient. On a aussi fait remarquer ses traits Australoïdes ; qu’il nous faut peut-être alors rechercher parmi les anciens peuples D1b que nous avons appelés *Para-Aïnous et qui seraient par conséquent remontés bien plus au Nord que nous ne l’avons postulé dans les pages de l’atlas470 ? A moins qu’il ne faille les rechercher tout simplement – de legs en legs – chez les anciens Dénisoviens septentrionaux et/ou chez les métis de Dénisoviens et de Néandertaliens qui peuplaient la Sibérie Orientale avant l’arrivée des premiers Hommes modernes dans la région ? [cf. cartes A à O]. Quoi qu’il en soit, les Amérindiens d’aujourd’hui ne peuvent pas être qualifiés d’Europoïdes, et tout particulièrement les Amérindiens d’Amérique du Sud qui font pourtant tous intégralement partie du groupe Amérinde, que celui-ci soit défini linguistiquement ou à partir des haplogroupes ADN-Y. Cela signifie que – bien que descendants patrilinéairement d’ancêtres Europoïdes K2b – les *Proto-Amérindes incorporèrent les gènes de peuples non-Europoïdes – et probablement non-modernes – qui les avaient précédés en Sibérie Orientale. Notons d’ailleurs que c’est chez les Amérindes du Sud que les gènes dénisoviens s’expriment aujourd’hui avec la plus grande fréquence aux deux Amériques.

Ce célèbre homme de Kennewick, qui ne se douta jamais de la polémique dont il ferait un jour l’objet, précédera de peu la diffusion des Na-Déné Mongoloïdes dans tout l’Ouest de l’Amérique du Nord. On peut penser que le flux génique en provenance de cette seconde vague de colonisation du Nouveau-Monde infléchira dans un sens davantage Mongoloïde le morphotype des premiers habitants de l’Amérique471.

 

Asie Occidentale (Moyen-Orient, Proche-Orient, Anatolie, Arabie)

 

Basé sur E-Z830, E-M310 et désormais E-V13, qui venait peut-être de s’ajouter aux deux autres au cours du Dryas-3 [cf. ci-dessus], le peuple *Natoufien du Sud-Levant ne pouvait pas parler une langue afrasienne bien que cela ait été avancé472. Nous leur avons attribué une langue *natoufienne issue d’une langue plus ancienne  *proto-ibéromauruso-natoufienne basée sur E-M35, lui-même rameau septentrional détaché de l’ensemble *Rétro-Africain au cours du LGM [cf. carte R]. Comme certains peuples chinois de la même époque, les *Natoufiens pratiquaient une proto-agriculture en récoltant les céréales sauvages qui poussaient dans des champs naturels. Cependant, la péjoration climatique du Dryas-3 s’accompagna d’un asséchement du Proche-Orient qui fut particulièrement marqué sur la côte levantine. Combinée à la chute des températures, cette sécheresse affecta les habitants des villages semi-sédentaires natoufiens (NAT) dont certains furent obligés de revenir au mode de vie purement nomade de leurs ancêtres ; peut-être parce que les champs spontanés de céréales sauvages cessèrent d’exister autour de leurs campements ? D’autres communautés furent cependant moins affectées. Bien que proches de découvrir l’économie de production, ces peuples proto-agricoles ne connaissaient pas la poterie, à l’inverse des peuples proto-agricoles contemporains d’Extrême-Orient.

 

Contrairement au Levant, les moyennes et hautes vallées du tigre et de l’Euphrate conservèrent un climat plus humide au cours du Dryas-3, qui demeura favorable au développement des champs spontanés de céréales et donc à la cueillette proto-agricole. C’est possiblement ce différentiel des précipitations qui fut responsable du retard des habitants du Levant sur ceux de la Syrie où allait bientôt émerger le véritable Néolithique473. Sur la carte Z, cet Epipaléolithique syrien est qualifié de Natoufien (NAT) par assimilation. Toutefois, si elle en était proche, la culture matérielle locale présentait quelques différences avec le Natoufien du Sud-Levant. Nous attribuons les hautes vallées des deux grands fleuves à des peuples J1 et J2 dont nous faisons respectivement les ancêtres *Nostratiques-3-occidentaux des Afrasiens et des Kartvéliens, ou en tout cas des noyaux initiaux à partir desquels ces grandes familles de langues allaient diffuser en incorporant toute une série de nouveaux haplogroupes ADN-Y [cf. atlas n°4]. Dans le même temps, la côte Syrienne abritait peut-être des groupes d’origines plus variés qui mêlaient une série d’haplogroupes Nostratiques (dont étaient également Eurasiatiques) comme R1b-V88, T1, G1a, R1a-, Q2a, etc.  Parfois avec des fréquences basses, mais parfois avec des fréquences pouvant être localement élevées474, ces haplogroupes venus de l’Est suivront ultérieurement le chemin rétro-africain des peuples Afrasiens [cf. atlas n°4].

En Anatolie du Dryas-3, on devait retrouver les mêmes haplogroupes Nostratiques et ‘’vieux-R1’’ que sur la côte syrienne dont elle est le prolongement naturel. On les retrouvait d’ailleurs également en Europe balkanique de l’Epigravettien récent. A ceux-là, s’ajoutaient des haplogroupes plus anciennement indigènes, issus de J et de I ; ainsi même que C1a2 qui subsistait dans les régions montagneuses du centre de la péninsule, où il était le vestige de l’antique peuplement *Aurignacien du Levant475. Ces haplogroupes sont archéogénétiquement attestés dans ces régions, pour des époques postérieures au Dryas‑3 [cf. atlas n°4].

 

Europe Centrale et Occidentale

 

Le coup de froid du Dryas-3 affecta nécessairement les populations qui vivaient au Nord de l’Europe mais sans modifier significativement les équilibres qui s’étaient installés à l’Alleröd.

- Vestige du Technocomplexe à Pointes à Cran, le Creswellien récent (CRE-REC) était toujours présent en Grande-Bretagne. Faute de données archéogénétiques, nous ignorons quels haplogroupes portaient les *Creswelliens. On peut cependant inférer que des tribus porteuses de l’haplogroupe I avaient repeuplé le Nord de l’Europe à l’issue du LGM, dès lors que ces régions redevinrent habitables ; les racines magdaléniennes du Creswellien vont d’ailleurs en ce sens [cf. carte W]. Toutefois, au début de l’Holocène, l’homme de Cheddar (Somerset) portera l’haplogroupe C1a2. De cette information, nous devons déduire que comme dans les Pyrénées (homme mésolithique C1a2 de la Brana), comme dans les Carpates (rares Hongrois C1a2 actuels) et comme en Cappadoce (hommes C1a2 d’époque néolithique à Tepecik Ciftlik), le vieil haplogroupe *Aurignacien survécut longtemps en ce Finis Terrae du Nord-Ouest européen476. Cela n’a rien de surprenant pour le lecteur de cet atlas qui a maintes fois eu l’occasion d’observer que les lieux extrêmes de toutes natures – îles, péninsules, montagnes, latitudes élevées – sont le destin inévitable des haplogroupes ‘’vaincus’’ et donc ‘’repoussés’’ par des envahisseurs plus nombreux et/ou mieux outillés qu’eux. Ainsi, l’homme de Cheddar nous conduit à proposer que – dès avant le LGM – C1a2 fut marginalisé par les populations d’haplogroupe I sur la frontière Nord de la zone habitable européenne [cf. carte Q] ; et qu’il se maintint longtemps en cette position refuge peu attractive, en suivant les fluctuations de sa latitude qui dépendaient des oscillations climatiques. Enfin, outre des porteurs de I et de C1a2, il est possible que cette frontière mouvante ait également abrité des porteurs de A1b477 qui étaient les vestiges des populations *Foliacées antérieures aux premières incursions *Aurignaciennes dans le Nord [cf. carte O]. Depuis la carte R, nous avons cessé de représenter par une couleur spécifique ces vestiges des populations *Aurignaciennes et *Foliacées septentrionales, parce que nous avons fait l’hypothèse que les rigueurs du LGM avaient créé les conditions d’un brassage ethnique dans tout le Nord de la zone habitable ? Mais on ne peut pas exclure la persistance d’une certaine stratification écologique des populations locales qui se seraient toutes repliées vers le Sud au cours du LGM, mais sans changer fondamentalement l’équilibre de leurs rapports ? Laissant alors des lignées patrilinéaires variées repeupler la Grande-Bretagne et le Doggerland dès le début du Tardiglaciaire ? Ainsi, malgré le LGM, la succession chronologique des peuples *Foliacé (A1a*, A1b, BT* ?), puis *Aurignacien (C1a2, CT*, F* ?), puis *Gravettien (I*, I1a, I1b, I2a), pourrait avoir conduit à la co-expression régionale prolongée de tous ces haplogroupes dont certains réussirent à franchir le seuil de l’époque néolithique. De telle manière que le peuple *Creswellien pourrait avoir rassemblé une collection d’haplogroupes unifiés par un même mode de vie, en partie hérité du Sud magdalénien et en partie dicté par les nécessités de la survie en des lieux peu hospitaliers et donc faiblement peuplés.

Récemment, des données génétiques ont permis de se demander si l’homme C1a2 de Cheddar et l’homme C1a2 de la Brana (d’âge Holocène l’un et l’autre) n’avaient pas eu une pigmentation foncée ? Hélas, poser des questions scientifiques de cette sorte, génère immédiatement des ondes médiatiques parasites. Or, à ce stade des connaissances, rien ne vient véritablement prouver que ces hommes anciens avaient véritablement une pigmentation foncée ; et il est donc prudent de ne pas trop échafauder d’hypothèses478.

- Parallèlement au Creswellien, le technocomplexe à pointes pédonculées persistait toujours au Dryas-3. Depuis l’Alleröd il était partagé en deux grands variants : le Bromme / Lyngbien (LYN) qui occupait la toundra périglaciaire (Doggerland, Danemark, Suède du Sud, côte balte jusqu’en Courlande) et l’Ahrensbourgien (AHR) qui occupait la partie occidentale de la grande taïga du Nord de l’Europe (Nord de la France, Benelux, Allemagne du Centre). En rapport avec l’écologie des régions inhospitalières où il était implanté, le Lyngbien constituait une culture matérielle plus pauvre que l’Ahrensbourgien. Tous ces gens étaient les héritiers des *Magdaléniens qui – en plusieurs vagues – avaient repeuplé le Nord de l’Europe depuis le début du Tardiglaciaire.

- Entre l’Oder et la Vistule, le groupe de Tarnova (TAR) faisait la transition entre l’Ahrensbourgien et le Swidérien de Pologne [cf. ci-dessous]. Cette transition culturelle reflétait peut-être une population dont les racines *Magdaléniennes étaient plus marquées que celles des populations établies plus loin vers l’Est ?

- Plus au Sud, l’Allemagne du Sud et la Tchéquie conservaient toujours une industrie Epi-Magdalénienne (EPI MAG) c’est-à-dire d’allure plus traditionnelle que ne l’était l’Azilien. Toutefois, ces régions conservatrices n’échappaient pas totalement à l’azilianisation, comme le reste de l’Europe.

- En France, en Suisse et sur la péninsule ibérique, c’est-à-dire dans les régions recouvertes d’une forêt mixte et tempérée, l’Azilien (AZI) se poursuivait.

- Les habitants des côtes méditerranéennes espagnoles et françaises avaient une culture Aziloïde (AZÏ) qui était elle-même une extension du Bouvérien (BOU) de Provence Orientale et d’Italie du Nord, dont la base était épigravettienne récente (EPI GRA). Nous avons déjà fait l’hypothèse de mouvements Humains venus en France depuis l’Italie au cours de l’Alleröd [cf. carte Y], ne serait-ce que parce qu’il faut bien expliquer pourquoi R1b*-L754* – entré en Europe balkanique au Tardiglaciaire [cf. carte V] – est observé en France méridionale au cours du Dryas-3 (site des Iboussières).

- En Europe Centrale méridionale, balkanique et danubienne, l’Epigravettien récent (EPI REC) était lui aussi azilianisée, particulièrement en Italie et en Roumanie. Dans ces régions, les nouveaux haplogroupes tardiglaciaires n’avait certainement pas entièrement supplanté les vieux haplogroupes *Gravettiens issus de I. La géographie actuelle de l’haplogroupe I nous indique même que les monts des Balkans, les Carpates et le bloc Corse-Sardaigne conservaient une vieille population indigène. A l’évidence, nous retrouvons une fois de plus le maintien de populations anciennes dans des zones refuges caractéristiques (montagnes, îles). Enfin, pour les mêmes raisons, le vieil haplogroupe *Aurignacien C1a2, encore plus ancien, survivait toujours dans certaines régions montagneuses d’Europe, au moins dans les Pyrénées et dans les Carpates ; témoignage qui donne l’occasion de rappeler que les zones refuges sont aussi des zones d’empilement de plusieurs strates populationnelles successives et donc, vraisemblablement, d’entrechoquement de leurs langues à l’origine de multi-créoles.

 

Europe Orientale

 

L’examen des écozones du Dyas-3 fait apparaître que le Desnanien (DES) s’étendait dans la forêt boréale qui avait recouvert le bassin oriental du Dniepr, tandis que le Swidérien (SWI) reposait plutôt sur la forêt toundra qui recouvrait la Pologne. Il s’agissait de deux cultures très voisines, qui résultaient peut-être l’une et l’autre de l’interaction entre le substrat indigène *Epigravettien d’haplogroupe I, des groupes magdaléniens venus d’Europe Occidentale au Bölling et à l’Alleröd [cf. cartes X & Y] et des tribus ‘’vieux-R1a’’ venues de l’Est au cours de l’Alleröd [cf. carte Y] ? Il est possible que l’Estonie, devenue swidérienne au temps de l’Alleröd, ait été abandonnée au cours du Dryas-3 ? Au début de l’Holocène, la culture de Kunda prolongera le Swidérien [cf. atlas n°4].

Au Nord de ces peuples, le Lyngbien (LYN) du Nord de l’Europe Occidentale se prolongeait sur les rivages de la Baltique. Nous avons vu qu’il s’agissait d’une culture adaptée à la toundra [cf. ci-dessus].

Les peuples de Russie et d’Ukraine pourraient eux aussi avoir été le produit de la rencontre entre le *Peuple R1a du Nord et les indigènes *Epigravettiens les plus orientaux ; lesquels avaient eux-mêmes été enrichis dans le passé par plusieurs vagues d’apports sibériens occidentaux haplogroupe N2 et formes mineures de l’haplogroupe Q). Dans la région steppique – qui avait déjà l’étendue que nous lui verrons tout au long de l’atlas n°4 et que nous lui connaissons encore – les steppes de la Basse-Volga et de l’Oural étaient peut-être peuplées de tribus R1a dont le faciès culturel Microlithique Paléolithique Supérieur Récent (MIC PSR) pourrait être appelé Volga-Oural (VOL OUR). Dans la forêt boréale russe, la base haplogroupale R1a pourrait avoir été importante chez les peuples MIC PSR de la Haute-Volga et de la Kama ; culture que nous pourrions appeler Volga-Kama (VOL KAM).

Les steppes pontiques abritaient peut-être une population davantage mêlée où entraient un plus grand nombre d’indigènes I2 parallèlement à des R1a intrusifs avec lesquels ils étaient co-auteurs d’un Mésolithique des Steppes (MES STE).

Enfin, les peuples mal connus du Nord de l’Europe Orientale – potentiellement demeurés à base indigène *Gravettienne et *Kostenko-Gorodstovienne marquée – se partageaient la forêt toundra et la toundra, avec une densité de population probablement très faible ; même chez ces populations extrême, un Microlithisme Paléolithique Supérieur Récent (MIC PSR) semble cependant avoir diffusé. La base ADN-Y devait être mêlée, mais contenir encore des anciens haplogroupes comme C1a2, autrefois attesté à Sungir [cf. carte P].

Contrairement à ce qui est souvent avancé, aucune de ces populations du Nord de l’Europe Orientales ne pouvait contenir les ancêtres  patrilinéaires des Ouraliens qui peuplèrent la région bien plus tard. Ce point important pour le peuplement du continent européen sera abondamment discuté dans l’atlas n°4. Nous postulons qu’au Dryas-3, les ancêtres patrilinéaires des peuples Ouraliens d’Europe stationnaient en Mongolie [cf. ci-dessus].

 

Enfin, le Nord-Caucase devait être – entre autres haplogroupes venus s’y réfugier – un conservatoire des anciens *Kostenkiens C1b* en qui il faut voir les ancêtres linguistiques des peuples Nord-Caucasiens actuels et une petite partie de leurs ancêtres patrilinéaires. Puisque les langues nord-caucasiennes sont encore aujourd’hui rattachables à la macro-famille linguistique Déné-Caucasienne – fortement associée à l’haplogroupe C – on peut être assuré que ces langues anciennes étaient parlées dans la région au Dryas-3. A cette époque de lointaines sœurs de cette langue ancienne – mêlée à des éléments gravettiens plus récents, liés à l’haplogroupe I – existaient toujours au Nord de l’Espagne où vivaient des tribus C1a2 ancêtres linguistiques des Basques. Bien que cela ne puisse pas être prouvé, nous pouvons faire l’hypothèse que la même situation linguistique prévalait dans les Carpates, ainsi qu’en Cappadoce où les tribus C1a2 n’étaient peut-être pas encore totalement assimilées à leurs voisins arrivés plus récemment479.

C’est sur le paysage ethnolinguistique, haplogroupal et culturel que nous venons de détailler que se conclut la longue période de 107.000 ans de ce qu’il est convenu d’appeler la ‘’dernière glaciation’’.

 

 

 

La période Holocène qui va suivre connaitra de nombreux bouleversements ethnolinguistiques, haplogroupaux et culturels qui mettront en place le Monde que nous connaissons dans chacun de ces trois domaines. Cette époque qui verra l’émergence de notre civilisation productiviste, étatique et urbaine sera détaillée dans le quatrième volume de l’atlas consacré à la période comprise entre les années 9600 et 700 AEC.

 

 

 

 

 Notes

(463) Rappelons que l’haplogroupe Q est l’haplogroupe frère de l’haplogroupe R.Retour

(464) Il n’y a pas besoin d’invoquer pour cela une rétromigration depuis les Amériques, comme cela a été suggéré.Retour

(465) Un remplacement haplogroupal surviendra beaucoup plus tard tandis que l’ancienne langue Ienisseïenne perdurera, au cours d’un processus qui ressemble tout à fait à ce qui s’est passé avec le Basque dans les Pyrénées. Quelques éléments concrets vont même dans le sens de cette explication ; ainsi, des ethnologues ont fait remarquer que les légendes des Kets font venir leurs ancêtres (patrilinéaires donc) du Sud, et que certains éléments de leur costume traditionnel sont eux aussi méridionaux [cf. atlas n°4]. Leur haplogroupe majoritaire (actuel) Q1b1-L330 vint probablement du Sud lui aussi, étant issu d’un peuple L330 que nous proposons de situer dans la dépression de Kobdo au Tardiglaciaire et à l’Holocène. Plus loin au Nord, les Ienisseïens de la péninsule de Taïmyr seront quant à eux absorbés par les Ouraliens ; dans une histoire exactement inverse de celle de leurs frères du Sud, ceux-ci perdront leur langue Ienisseïenne mais conserverons en revanche un taux significatif de porteurs de C2b1.Retour

(466) Nous avons fait le choix de circonscrire le complexe Nenana au Bölling et au Dryas-2 [cf. carte X] ; de le faire suivre par une période de coexistence avec le technocomplexe Yubetsu au cours de l’Alleröd [cf. carte Y] ; et de situer le  complexe Dénali au Dryas-3 [cf. la présente carte Z]. Ceci n’est pas consensuel.Retour

(467) Le complexe Dénali est également connu sous d’autres noms : Tradition (post) béringienne, ou Late tundra, ou encore Northeast Asian – Northwest American Microblade tradition (NANAMT).Retour

(468) Les derniers Eyaks de ‘’pure souche’’ se sont éteints à la fin du XX° siècle. L’Eyak était plus proche des langues Athapascanes que du Tlingit.Retour

(469) En Alaska, de la plus ancienne à la plus récente, on trouve la succession de traditions suivantes : Complexe Denali, Tradition archaïque du nord (Northern Archaic Tradition) et Tradition arctique à petits outils (Arctic Small Tool Tradition).Retour

(470)Il n’y a pas de D1b aux Amériques. Mais nous avons vu dès l’introduction que le remplacement des haplogroupes patrilinéaires n’exclut nullement la transmission du matériel génétique des indigènes vaincus. Pour qu’ils aient pu laisser des gènes aux premiers Amérindiens, il aurait fallu que des D1b soient au moins remontés jusque dans les vallées de l’Aldan et de la Moyenne-Lena ; ce n’est pas impossible, bien que nous n’ayons pas matérialisé ce scénario sur les cartes de l’atlas n°3.Retour

(471) Le moteur de cette évolution morphotypique étant l’universelle et panchronique dynamique des relations entre groupes humains, qui s’accordent le plus souvent à faire des femmes la monnaie d’échange aussi bien des conflits ouverts que des paix armées. En Amérique, la dérive génétique dut également être un phénomène intense, puisque tout le continent fut peuplé à la suite d’un effet fondateur limité. Effet fondateur qui fut même répliqué pour le premier peuplement de l’Amérique du Sud. Ceci peut avoir été à l’origine de traits morphotypiques originaux que l’on rattache peut-être trop facilement ou trop exagérément aux groupes classiques du Vieux-Monde ?Retour

(472) Rappelons que les linguistes ont d’abord localisé l’urheimat des langues Afrasiennes dans la corne de l’Afrique. Mais plus récemment, la question Nostratique a amené d’autres linguistes à le situer au Proche-Orient. C’est cette position que nous suivons, mais en distinguant le Sud-Levant (que nous pensons non-afrasien) du reste de la région.Retour

(473) Le véritable Néolithique (économie de production) apparaitra dès le début de l’Holocène, v. 9.600 AEC, dans un contexte qui ne sera pas très différent de celui des champs de céréales spontanés, si l’on passe sur le progrès conceptuel de l’enfouissement volontaire des graines [cf. atlas n°4].Retour

(474) La fréquence de R1b-V88 au Nord Cameroun est un très bel exemple de l’histoire différente des hommes et des femmes, puisqu’un haplogroupe ‘’Eurasiatique’’ aujourd’hui majoritaire chez les peuples Européens Europoïdes (R1b), se retrouve également majoritaire chez les peuples Africoïdes du Nord-Cameroun. Cela signifie, qu’en des temps anciens, un petit groupe d’hommes (leucodermes) venu du Nord, s’imposa à une population (mélanoderme) africaine vaincue. Les femmes indigènes firent des enfants métis avec les envahisseurs qui étaient devenus les chefs de la nouvelle nation et dont les haplogroupes ADN-Y devinrent rapidement majoritaires dans toute la région. Parallèlement, le morphotype Africoïde indigène devenait de plus en plus accusé chez les descendants des envahisseurs, génération après génération, c’est-à-dire métissage après métissage. L’histoire profonde de cet haplogroupe ‘’Europoïde’’ devenu un haplogroupe ‘’Africoïde’’ n’est pas isolée. On la retrouve dans l’histoire profonde de l’haplogroupe N1a, initialement ‘’Europoïde’’ moyen-oriental (les formes K2a*(N) ancestrales de N1a), puis ‘’Mongoloïde’’ avant de redevenir ‘’Europoïde’’ dans le sillage du ‘’phénomène Seima-Turbino’’. Pour des détails sur ces mouvements populationnels et leurs conséquences morphotypique, il faut se rapporter à l’atlas n°4. Mais la mécanique populationnelle universelle du métissage et du remplacement des haplogroupes patrilinéaires a déjà été longuement détaillée dans l’Introduction du présent atlas n°3.Retour

(475) Dans le même temps, ce même haplogroupe ‘’*Aurignacien’’ C1a2 survivait dans les Pyrénées et dans les Carpates pour les mêmes raisons d’isolement relatif. En Afrique du Nord et au Népal également.Retour

(476) A cette liste, nous avons vu qu’il faut ajouter l’Afrique du Nord (rares Berbères C1a2) et l’Himalaya (rares Népalais C1a2). Ceux-là n’ont pas d’ascendants européens, mais leurs ancêtres étaient proches des Aurignaciens [cf. cartes L, M & N]. Notons que la Berbérie et l’Himalaya sont aussi des zones refuges typiques.Retour

(477) Rappelons que de rares habitants des îles britanniques portent encore cet haplogroupe.Retour

(478) Si ces données devaient un jour être solidement confirmées, cela pourrait signifier que les anciens *Bachokiriens, *Pré-Aurignaciens et *Aurignaciens – originaires du Levant et du ‘’hub’’ moyen-oriental – avaient encore la peau foncée lorsqu’ils pénétrèrent en Europe. Ce qui n’a rien d’impossible. Resterait alors à comprendre pourquoi ces premières populations modernes de l’Europe du Nord – qui devraient logiquement avoir absorbé sur leur passage le premier ‘’choc’’ du métissage avec les indigènes Néandertaliens supposément leucodermes – conservèrent une peau foncée jusqu’au début du Néolithique ? Pour cela, il faudrait que certains groupes d’Hommes modernes entrés en Europe avec une peau foncée, aient assez rapidement atteints la région septentrionale extrême où vécut plus tard l’homme de Cheddar. De telle manière que les occasions de métissages avec les Néandertaliens n’auraient pas pu se prolonger sur le long terme ? En effet, contrairement aux Hommes modernes, les Néandertaliens ne pouvaient pas vivre dans les régions du grand Nord en raison de leur technologie insuffisante. Par conséquent, si des groupes modernes étaient arrivés tôt dans ces régions inhospitalières et étaient parvenus à s’y maintenir, une pigmentation foncée pourrait s’être maintenue longtemps faute de nouvel apport Néandertalien ? Cela parce que la pression de sélection – qui favorise l’éclaircissement de la peau dans les régions faiblement ensoleillées – n’aurait pas été assez rapide à elle toute seule pour que toute la population devienne leucoderme en quelques centaines de générations seulement. Dans le reste de l’Europe, l’hypothèse récente qui propose que la pigmentation claire des Européens actuels serait seulement un héritage du Néolithique, ne repose pas sur une logique bien charpentée. Pourquoi si tard ? Et venant d’où ?Retour

(479) Dans l’un et l’autre cas, ces haplogroupes seront attestés dans ces régions au début de l’Holocène.Retour

 

 

 

 

 

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Table de conversion des dates BP
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