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V - 340.000 à 300.000 AEC

Complexe glaciaire RISS – Interglaciaire RISS-1 / RISS-2

MIS 9

 

 

Climat

Cet interglaciaire chaud et très humide correspondit, en Afrique, au pluvial Kanjeran.

 

 

Afrique

Toutes les industries MSA ancienne / ‘’mode 3’’ étaient similaires voire identiques entre elles, composées d’outils sur éclats détachés d’une matrice auxquels s’ajoutaient toujours des bifaces hérités des temps anciens de l’ESA89.

Chez les ‘‘Sapiens archaïques / Homo sapiens rhodesiensis’‘ d’Afrique subsaharienne, le paysage ethnographique et technologique du MIS 9 pourrait avoir été le suivant :

- En Afrique du Sud, un groupe porteur du Fauresmithien (MSA FAU). A Florisbad [cf. carte W], le prétendu **Homo helmei doit être rattaché à Rhodesiensis dont il pourrait avoir été la forme locale des Sapiens métissés avec leurs prédécesseurs acheuléens.

- en Afrique de l’Est et du Centre, des groupes porteurs d’un Levalloisien générique (MSA ANC). Postérieurement à la migration septentrionale des ancêtres des *Irhoudiens du Maghreb et de leurs proches cousins Néandertaloïdes d’Eurasie, c’est parmi ces Rhodesiensis restés en Afrique de l’Est qu’il nous faudra situer l’origine des ancêtres majoritaires de l’Humanité moderne. Cela se passa peut-être au MIS 9, mais nous décrirons ses débuts au MIS 8 [cf. carte W].

- en Afrique de l’Ouest, se trouvaient probablement des groupes Sapiens comparables mais peut-être fortement métissés avec les indigènes Heidelbergensis selon un processus d’empilement des peuples fréquent dans les Finis Terrae. Nous les créditons d’une industrie MSA ancienne (MSA ANC), bien que cette région soit fort mal connue.

- C’est probablement à l’occasion du pluvial Kanjeran que des groupes Rhodesiensis d’Afrique de l’Est diffusèrent jusqu’en Afrique du Nord au travers d’un ‘’Sahara vert’’, en y transplantant le Levalloisien / MSA ancien / ‘‘mode 3’‘. Au Maghreb, l’apparition de ce marqueur industriel doit être tenu pour concomitant de l’installation des Hommes du Jebel Irhoud (Maroc). Anciennement, les chercheurs avaient appelé ces Hommes ‘‘Néandertaliens d’Afrique du Nord’‘, tandis que depuis 2017 on insiste sur leur appartenance aux Sapiens90. Ce débat révèle comme souvent une confusion taxonomique car il ne prend pas en compte que, tout comme l’Homme Moderne, les Néandertaliens étaient aussi des Sapiens. C’était également le cas des *Irhoudiens du Maghreb que l’on pourrait appeler *Homo sapiens irhoudi ou *Homo sapiens rhodesiensis irhoudi si l’on voulait s’amuser à faire des distinctions au sein du groupe Homo sapiens rhodesiensis [cf. aussi les commentaires de la carte W].

Issus de la même vague de pionniers transsahariens, c’est parmi d’autres groupes Rhodesiensis, mais ceux-ci parvenus à l’Est de l’Afrique du Nord et au Levant, qu’il faut rechercher les ancêtres majoritaires des ‘’Néandertaloïdes’’ d’Eurasie, dont l’industrie moustérienne (MOU / MSA MOU) sera la forme nordique et tardive du vieux Levalloisien MSA ancien. On peut grossièrement proposer de dater v. 350.000 AEC la séparation de ces Sapiens Néandertaloïdes eurasiens d’avec leurs cousins ‘‘Sapiens d’Afrique de l’Est qui furent les derniers ancêtres non-modernes de l’Homme Moderne ; cela parce que la technologie moustérienne – véhiculée par les ancêtres des Néandertaliens – était présente au Proche-Orient (Arménie) vers 325.000 AEC ; mais pas avant. Pourtant, en 2015, sur la base d’une étude de l’ADN nucléaire91 extrait de restes Heidelbergensis d’Atapuerca (Espagne), on a avancé des dates beaucoup plus ancienne pour la séparation entre les Néandertaliens et les Hommes Modernes, comprises dans une fourchette entre 550.000 et 765.000 AEC. Sans prétendre contester ces résultats, on peut cependant se demander si ces dates très hautes ne seraient pas le produit d’une ‘’moyenne génétique’’, c’est-à-dire d’un métissage survenu entre les ‘’indigènes’’ Heidelbergensis européens (divergés du tronc africain v. 1.500.000 AEC) et les premiers Néandertaliens (divergés du tronc africain v. 350.000 AEC)92 ? Les Néandertaliens classiques donnant alors des dates intermédiaires ?

 

Eurasie

Au MIS 9, la vallée du Nil constituait encore une voie de passage entre l’Afrique subsaharienne et l’Eurasie93, et c’est probablement cette route Sud à Nord directe qu’empruntèrent des bandes Rhodesiensis maîtrisant le ‘‘mode 3’‘, avant de déboucher au Proche-Orient parmi les ‘’indigènes’’ de technologie acheuléo-yabrudienne / ‘‘*mode 2-(1bis)’‘. De là, ils diffusèrent rapidement encore plus loin vers le Nord, en prélude à leur entrée en Europe qui se fera lors du glaciaire suivant. Daté v. 325.000 AEC, le site de Nor Geghr (Arménie, près d’Erevan) témoigne de cette première apparition des techniques Levallois / ‘’mode 3’’ hors d’Afrique ; ces immigrants Levallois implantés en Arménie fabriquaient des bifaces ‘’mieux faits’’94 que ceux des *Tayaco-Acheuléens d’Europe et du Proche-Orient, mais leurs sites caucasiens contenaient également du matériel acheuléo-yabrudien ; ce que l’on peut expliquer en terme de métissage génétique / hybridation technologique avec les ‘’indigènes’’ du Proche-Orient qu’ils avaient rencontrés en chemin. Ces débuts du ‘‘mode 3’‘ en Eurasie Occidentale étaient à la fois ceux du Moustérien (MOU) et ceux du peuple Néandertalien au sens précis du terme (Homo sapiens neanderthalensis)95 ; pour de nombreux millénaires, l’un et l’autre allaient devenir l’industrie et le type humain caractéristiques du Proche-Orient  et bientôt de l’Europe.

En Europe, la bipartition technologique du continent demeurait une réalité qui se maintenait de manière stable depuis 300.000 ans de part et d’autre de la ligne de Movius ! Les fossiles d’Europe Occidentale de l’époque sont généralement rapportés au type humain Heidelbergensis, mais certains chercheurs considèrent cependant que les fossiles d’Europe Centrale (Vertesszölös en Hongrie, Bilzingsleben en Allemagne) sont les plus ‘‘Erectus-like’‘de tous les restes humains européens antérieurs aux Néandertaliens ! Ceci autorise à penser que, malgré une probable fusion génétique et comportementale survenue en Europe de l’Ouest [cf. carte T], la persistance de la bipartition technologique Est / Ouest pourrait bien également traduire une bipartition raciale prolongée sur le continent européen !

En Asie, le site de surface de Yark (Mongolie) a livré du matériel acheuléen mais n’est malheureusement pas daté ; seule sa localisation très septentrionale incite à le rattacher à l’optimum climatique du MIS 11 [cf. carte T] ou à l’interglaciaire chaud du MIS 9. En revanche, le site stratifié de Longyadong (bassin de Luonan, Shaanxi, Chine) est bien daté des MIS 10 / MIS 9 et contient à la fois des outils d’allure archaïques et des outils de ‘‘mode 2’‘ manufacturés dans la gamme de variation connue pour l’Acheuléen occidental. Compte-tenu de la pauvreté des données attestant l’existence de l’Acheuléen en Extrême-Orient, ce site constitue un indice intéressant en faveur de l’hypothèse d’une diffusion des Heidelbergensis depuis l’Occident jusqu’en Chine. Nous avons déjà vu que ces Heidelbergensis – probablement hybridés avec les Erectus récents locaux – pourraient être équivalents aux Dénisoviens définis par des méthodes génétiques [cf. carte T]. L’hypothèse d’un métissage entre les deux groupes humains a récemment (2014) trouvé du crédit du fait que 0,5 à 8 % du matériel génétique dénisovien proviendrait d’un groupe humain ‘’inconnu’’ ; dans lequel il serait logique de reconnaître les ‘‘Erectus récents’‘ de Chine.

Notes :

(89) Dans la classification de Clark elles constituent le ‘‘mode 3’’, même si leur composante ancienne aurait pu inciter à le nommer ‘’*mode (2)-3’’. Retour

(90) En 2017, avec leurs habituels ‘’il va falloir réécrire toute l’histoire’’, les médias ont annoncé à la façon d’’un ‘’coup de tonnerre dans le monde de la science’’ que les vestiges humains associés à l’industrie Irhoudienne étaient attribués à Homo sapiens. L’affirmation était vraie mais n’avait rien de novateur. Inévitablement, ils en ont tiré l’hypothèse que l’origine de l’Homme moderne ne devait pas être située en Afrique de l’Est ; hypothèse dont notre reconstitution des évènements montre qu’elle n’est ni nécessaire ni vraie ! Retour

(91) Hérité des deux parents. Retour

(92) Si les dates données pour la sortie d’Afrique des Heidelbergensis (1.500.000 AEC) et des Néandertaliens anciens (350.000 AEC) sont exactes, les dates estimées à partir de l’ADN nucléaire des Néandertaliens récents pourraient signifier que ces derniers avaient un matériel génétique hérité à peu près pour moitié de chacune des deux populations ancestrales. Retour

(93) Elle se refermera vers 300.000 AEC. Retour

(94) En suivant notre approche génétique et cognitive, les bifaces des immigrants africains étaient ‘’mieux faits’’ parce que ceux des indigènes eurasiens étaient le produit d’un métissage dans lequel la participation des Erectus / Antecessors (de ‘’mode 1’’) avait été importante. Retour

(95) Les Néandertaliens étaient la version eurasienne migrante des Sapiens rhodesiensis africains, qui étaient leurs ancêtres majoritaires. Dans le reste de l’atlas, on utilisera souvent le terme ‘’Néandertaloïde’’ pour désigner les Eurasiens de ‘’mode 3’’ ; celui de Néandertalien devant être réservé aux habitants de l’Europe, du Proche- et Moyen-Orient, et de l’Asie Centrale. Retour

Ancre 93
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Ancre 92
Ancre 94
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© 2019 Thierry d'Amato

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