K - 56.000.000 à 49.000.000 AEC
EOCENE Inférieur – Yprésien
A la frontière entre le Paléocène et l’Eocène, v. 56 MA, l’épisode climatique hyperthermique unifia les faunes mondiales sur tous les continents du Nord. Dans le même temps, v. 60 à 56 MA, des animaux nordiques parvinrent aussi à prendre pieds en Afrique.
Strepsirrhini
Le grand clade des Primates aux "truffes mouillées", est le groupe frère de notre propre clade des HAPLORHINIENS aux "nez secs". Apparus v. 65 MA [cf. carte G], les Strepsirhiniens se divisèrent en Adapiformes et en Lémuriformes v. 60 MA ; grâce à ces derniers, les Strepsirhiniens existent toujours aujourd'hui. S’écartant de notre stricte filiation, cette page décrit ces lignées.
Adapimorpha
Apparus v. 60 MA, les Adapiformes partagent de nombreux traits avec les Lémuriformes (oreilles, crâne, extrémités)47, mais n’expriment aucun trait caractéristique des Haplorhiniens (orbite, oreille …)48. Globalement, les Strepsirhiniens Adapiformes étaient plus gros (> 1 kg) que les Haplorhiniens Omomyidés (< 400 gr) [cf. carte H], et avaient donc un régime alimentaire davantage végétarien que le leur49. Aucune phylogénie interne à leur groupe n’est consensuelle ! Celle exposée ici, n’est que l’une parmi d’autres !
Formes basales ?50
Ces formes anciennes, basales ou difficiles à classer, plaident en faveur d’une origine asiatique des Strepsirhiniens. Sulaimania (v. 56 à 49 MA, Pakistan) était un Adapiforme ancien.
Ce groupe abondant pourraient être issus de migrants asiatiques passés en Amérique du Nord v. 56 MA, au cours de la période hyperthermique. Ils se divisent en plusieurs sous-clades : (i) Les Notharctinae étaient des quadrupèdes arboricoles et diurnes ; ils étaient frugivores et folivores, et pesaient environ 2 à 6 kg selon les genres : Cantius / Hesperolemur (v. 56 à 40 MA, Amérique du Nord, Europe) ; Pelycodus, Copelemur (v. 56 à 49 MA, Amérique du Nord) ; Smilodectes, Notharctus (v. 49 à 46 MA, Amérique du Nord). (ii) Les Asiadapidae étaient asiatiques et très petits ; ils pourraient être les ancêtres des Cercamoninés européens qui leur ressemblent : Asiadapis (v. 56 à 49 MA). (iii) Les Cercamoniinae sont connus en Europe à partir de v. 49 MA seulement ; selon les genres, leurs orbites sont petites ou grandes, ce qui signifie que certains d’entre eux redevinrent nocturnes ; ils étaient frugivores et/ou insectivores. Europolemur (v. 49 à 40 MA) et Cercamonius (v. 37 à 34 MA) étaient strictement européens ; Anchomomys (v. 40 à 28 MA) fut d’abord européen à l’Eocène moyen, puis africain à Oligocène inférieur (v. 34 à 28 MA).
Adapidae
Après une première radiation européenne ou asiatique, les Adapidés se répandirent sur tous les continents du Nord ainsi qu’en Afrique. Leur effacement coïncide avec le refroidissement de la Grande coupure (v. 34 MA), mais le groupe des Sivaladapinés perdura jusqu’à la fin du Miocène, dans le refuge des dernières forêts tropicales d’Asie. (i) Les Adapinae étaient arboricoles, végétariens et diurnes ; ils vécurent en Europe de v. 49 à 34 MA : Protoadapis (v. 49 à 40 MA) ; Adapis (v. 37 à 34 MA) avait la formule dentaire 2:1:4:3 sur les deux mâchoires et exhibait un dimorphisme sexuel. (ii) Les Caenopithecinae ne constituent pas un ensemble consensuel, bien que plusieurs études phylogénétiques concluent à leur monophylie. Ces quadrupèdes arboricoles et omnivores de petite taille (entre 600 g et 1,5 kg), vécurent sur tous les continents du Nord et en Afrique. En Europe : Godinotia (v. 49 MA), Darwinius (v. 48 à 40 MA) et Caenopithecus (40 à 37 MA) pesaient moins d’1 kg. Les Caenopithecinés d’Afrique durent quitter l’Europe v. 40 MA, en traversant la mer Téthys : Afradapis (v 37 MA, Egypte) était le plus grand primate africain de l’Eocène, et, avec ses 3 kg, était l’un des plus gros primates de l’époque. C’était un arboricole folivore lent ; Aframonius (v 34 MA, Egypte) était possiblement son descendant (environ 1,5 kg). En Amérique du Nord, on connait des Caenopithécinés à l’Eocène moyen : Mescalerolemur (v. 46 à 40 MA) ; Mahgarita (v. 40 à 37 MA). Les genres d’Asie orientale ont vécu jusqu’à la Grande coupure : Adapoides (v. 49 à 37 MA) ; Lushius (v. 37 à 34 MA). (iii) Les Sivaladapidae étaient asiatiques ; ils descendaient peut-être d'un taxon basal des Adapidés qui était demeuré sur le continent originel du clade ? Paukkaungia (v. 40 à 37 MA, Birmanie) ; Hoanghonius, Rencunius, Wailekia, Siamoadapis (v. 37 à 34 MA, Chine, Thaïlande) ; Guangxilemur (v. 37 à 28 MA, Chine, Pakistan) ; Sivaladapis (v. 13 à 11 MA, Inde, Pakistan) ; Indraloris (v. 12 à 5 MA, Pakistan) ; Sinoadapis (v. 9 à 5 MA, Chine). Les Sivaladapinés furent les derniers Adapidés du Monde ; ils se sont éteint à l'extrême fin du Miocène, lors de la crise messinienne (v. 6 MA).
Lemurimorpha
Ce sous-clade de Strepsirhinien se sépara des Adapiformes v. 60 MA [cf. carte L].
Notharctus – 49/46 MA – Notharctidae – Am. Nord
Europolemur – 49/40 MA – Cercamoniinae – Europe
Darwinius – 49/40 MA – Cenopithecinae – Europe
Adapis – 37/34 MA – Adapinae – Europe
Notes
(47) Ils n’ont ni peigne dentaire ni griffe d’épouillage ; mais c’est également le cas de la plupart des Lémuriformes car il s’agit de traits dérivés relativement ‘’récents’’, propres aux *Eu-Lemuriformes [cf. carte L]. Retour.
(48) En conséquence, ils ne peuvent en aucune manière être les ancêtres des Anthropoïdes ; lorsque des traits évoquant les Anthropoïdes sont identifiés ça et là chez les Adapiformes (Cercamonidés et Caenopithécinés), il ne s’agit que de convergences ; c’est cela qui a, un temps, induit en erreur les chercheurs. Retour.
(49) Les primates purement folivores doivent nécessairement être plus gros que 700 grammes, parce que les petits corps ne suffisent pas pour digérer de grosses quantités de nourriture fibreuse peu calorique ; quant aux primates purement insectivores, ils doivent nécessairement être plus petit que 500 grammes car il faudrait attraper trop d’insectes pour nourrir des corps plus gros ; les frugivores s’affranchissent mieux de ces considérations de poids. Retour.
(50) Nous avons classé Donrussellia (v. 56 MA, Europe) et Panobius (v. 56 à 40 MA, Pakistan) parmi les EUPRIMATES basaux et les Strepsirhiniens basaux, mais certains chercheurs en font des Adapiformes basaux. Retour.



