L’impact cognitif et la régression technologique
La réponse est : Parce que la plupart des variants génétiques Néandertaliens subirent, sur le long terme, une pression de sélection constante qui tendit à les éliminer, ainsi que nous avons déjà commencé à l’expliquer plus haut à propos de la colonisation initiale de l’Afrique par les Hommes modernes. Que pouvaient être ces variants génétiques non favorables et qui furent donc supprimés par la sélection naturelle ? La réponse est limpide : il s’agissait pour l’essentiel des variants génétiques ‘’pauci-cognitifs’’ qui donnaient des cognitions ‘’archaïques’’ aux enfants métis qui avaient eu la malchance de les hériter au lieu de leurs contreparties modernes ! Etant moins compétents que leurs concitoyens pour des aptitudes considérées comme essentielles par les Humains modernes (abstractions, langage doublement articulé), ces enfants avaient un handicap social procréationnel qui était bien plus important que celui de leurs frères et sœurs qui – bien que métis tout comme eux –, avaient eu – eux – la chance d’hériter de cognitions ‘’modernes’’ parce qu’ils avaient reçu les variants génétiques ‘’normo-cognitifs’’. Le handicap social cognitif et procréationnel suffit à expliquer pourquoi une grande partie des gènes archaïques fut éliminée du pool génétique des populations hybrides dont descendent tous les Eurasiens d’aujourd’hui. Cependant, tous les gènes archaïques ne furent pas éliminés. En effet, les descendants des métis ‘’intelligents’’ continuèrent à transmettre des gènes archaïques à leurs enfants, lorsque ces gènes n’avaient pas d’effet délétère. De plus, lorsque certains gènes archaïques conféraient – sans que personne ne s’en doute – un avantage quelconque pour faciliter la vie dans les latitudes élevées de l’Eurasie où pour mieux résister aux agents pathogènes locaux, ces gènes-là se maintenait et diffusaient même rapidement à l’ensemble de la population ; c’est notamment de cette façon que les variants alléliques archaïques responsables d’une pigmentation plus claire se répandirent parmi les populations eurasiennes : parce qu’ils étaient très utiles pour synthétiser la vitamine D dans les régions peu ensoleillées.
Tant qu’il y eut des Hommes archaïques de ‘’pure souche’’ au-delà des collines, à l’arrière un front de rencontre qui reculait de générations en générations, un filet continu de gènes ‘’pauci-cognitifs’’ irrigua le génome des Hommes modernes eurasiens et contrebalança la pression de sélection qui tendait à éliminer ces gènes parce qu’ils altéraient le fonctionnement de l’esprit selon les standards attendus par une communauté moderne. De sorte que les Hommes modernes qui vivaient juste en avant du front n’étaient jamais complètement modernes, et qu’il fallait que le front s’éloigne de quelques centaines de kilomètres pour que, de nombreuses générations plus tard, leurs descendants le redeviennent enfin complètement ... sauf ceux d’entre eux qui avaient suivi le recul du front de rencontre. Dans le même temps, ces transfusions génétiques ‘’au goutte à goutte’’ permettaient de concentrer systématiquement tous les variants génétiques indigènes qui étaient avantageux pour mieux vivre dans la région où l’on s’enfonçait. Et c’est ainsi que les Humains modernes d’Europe et d’Asie occidentale purent conserver ou plutôt retrouver la pensée ‘’normo-cognitive’’ de leurs ancêtres africains, tout en adoptant progressivement une peau plus claire et un gros nez !138
C’est aussi par ce phénomène qu’il faut peut-être expliquer la ‘’régression’’ technologique que nous sommes forcés de constater chez les premiers Humains modernes d’Eurasie, qui étaient moins avancés sur ce plan que ne l’avaient été leurs ancêtres africains ! En effet, il est aisé de constater un intervalle – très long et très dérangeant pour les chercheurs – entre l’arrivée des premiers Hommes modernes en Eurasie v. 108.000 AEC et la véritable explosion de la civilisation ‘’artistique’’ et technologique du Paléolithique supérieur eurasien qui survint plus de 50.000 ans plus tard ? Et même plus de 90.000 ans plus tard lorsqu’on s’intéresse à cette région particulière d’Asie du Sud-Est où nous avançons que le métissage avec des Hommes ‘’archaïques très archaïques’’ fit tomber les Hommes modernes régionaux dans un ‘’puits cognitif’’ dont ils mirent particulièrement longtemps à sortir ! Fallut-il attendre que suffisamment de gènes archaïques ‘’pauci-cognitifs’’ aient été éliminés du patrimoine génétique des hybrides pour que les Hommes modernes d’Eurasie développent enfin pleinement leur potentiel moderne [cf. carte Q] ? Ce potentiel moderne qui s’était pourtant déjà pleinement exprimé des dizaines de milliers d’années plus tôt en Afrique, parce que les métissages remontaient à une époque très ancienne (i.e. la pression de sélection avait eu beaucoup de temps pour agir) et avaient concerné des Hommes archaïques très peu archaïques (i.e. les gènes archaïques locaux étaient moins archaïques que ceux d’Eurasie). Ce potentiel moderne que les métis eurasien recouvrèrent plus rapidement lorsqu’ils vivaient à distance du front de rencontre, et que le métissage s’était fait avec des Néandertaloïdes plutôt qu’avec des Heidelbergensis !
En attendant une validation ou une infirmation de notre hypothèse, contentons-nous de dire qu’il faut aujourd’hui comprendre la disparition des Hommes archaïques comme un recul et une raréfaction progressive de leur population de pure souche, accompagnés d’une dilution dans les populations modernes ! Ils n’ont pas disparu ! Ils vivent encore en nous. Mais si nous avons su intégrer et même profiter d’une partie de leur legs, il est possible que la vieille pression de sélection contre leurs gènes ‘’pauci-cognitifs’’ n’ait pas totalement fini de s’exercer.
Ce qu’il y a d’ancien dans les races modernes
Après avoir fait le point sur les diverses sortes d’Hommes archaïques qui peuplaient la Terre éémienne, et sur leur legs génétique à l’Humanité moderne, nous allons maintenant nous intéresser à la part déterminante qui fut la leur dans l’émergence des grands groupes ethniques qui se partageaient la planète jusqu’au début du XXI° siècle et que l’on appellerait volontiers ‘’races’’ si l’on pouvait débarrasser ce mot des connotations socio-politiques qui le tabouisent en occident depuis 50 ans. Osons malgré tout utiliser le terme ‘’race’’ sans s’en effrayer, quitte à devoir rappeler que les caractéristiques qui permettent de définir des groupes particuliers au sein d’une espèce – Humaine ou non-Humaine – ne sont pas de nature à connoter des valeurs philosophiques ou hiérarchique, positives ou négatives ; ces notions étant parfaitement dépourvues de sens dans les sciences du Vivant ou tout n’est que gènes, cascades biologiques, environnements, pression de sélection et adaptations. Loin des délires foisonnants de ceux qui le vénèrent ou de ceux qui le nient, le phénomène racial concerne toutes les espèces de notre planète dès lors qu’elles peuplent une aire géographique étendue. Lorsque le flux génique se réduit (notamment parce qu’un stress de la biosphère réduit la densité des individus et cantonne les survivants aux zones géographiques les moins impactées), la population initiale, jusque-là homogène, se fragmente et des caractéristiques différentes commencent à s’accumuler dans les groupes séparés. Ce phénomène naturel découle à la fois de mutations sans conséquence qui surviennent au hasard, et de mutations sélectionnées par la pression environnementale (par exemple, développement d’une stature trapue dans une région froide ou d’une stature longiligne dans une région chaude). Au fil du temps, si le flux génique n’est pas rapidement rétabli entre les groupes cousins autrefois séparés, ces légers changements deviennent majoritaires dans toute l’aire géographique isolée où ils sont apparus, et cela d’autant plus facilement que les populations survivantes sont peu nombreuses ; ce qui signifie qu’en quelque générations à peine, n’importe quel ‘’mutant’’ sera devenu l’ancêtre de toute la population de la région où il a fait souche ! Ensuite, lorsque les conditions environnementales s’améliorent, il apparait que les descendants des groupes épargnés par les crises de la biosphère sont devenus légèrement différents les uns des autres pour toute une série de caractéristiques. Une race, c’est simplement cela : une série de caractéristiques plus fortement représentées dans un groupe plutôt que dans un autre groupe. Ces différences ne sont jamais absolues (i.e. il existe toujours quelques individus longilignes dans le groupe des trapus, et inversement) et peuvent facilement se diluer si la panmixie est rétablie, c’est-à-dire si les unions redeviennent complètement aléatoires entre les membres d’une même espèce. Toutefois, en l’absence de moyens de transports modernes, la panmixie est illusoire lorsqu’on habite à 20.000 kilomètres les uns des autres, les uns dans des steppes glacées et les autres en bordures des forêts tropicales ... Tout cela vaut pour les Humains autant que pour les Pâquerettes ; c’est un aspect des mécanismes adaptatifs qui ont permis à la Vie terrestre de se diversifier et de subsister sur le très long terme139.
Ainsi, avant d’être un outil politique manié à tort et à travers, la race est tout simplement un ensemble de caractéristiques anthropologiques et génétiques qui sont surreprésentées dans une aire géographique donnée, comparativement à tout le reste du Monde. La vraie question n’est donc pas de savoir si les races humaines existent, mais combien de temps il faut pour que des caractéristiques différentes s’accumulent au point de pouvoir observer des groupes devenus suffisamment distincts pour être appelés ‘’races’’ ! Jusqu’à récemment, les chercheurs répondaient différemment à cette question selon qu’ils adhéraient au modèle d’une très longue évolution multirégionale (i.e. les groupes Humains actuels sont en filiation directe avec les groupes archaïques qui vivaient dans la même région qu’eux) ou au modèle d’une très courte évolution post out-of-Africa (i.e. les groupes Humains actuels ont développé leurs caractéristiques raciale depuis leur sortie d’Afrique il y a environ 100.000 ans, c’est-à-dire en 4000 générations seulement).
Mais la découverte des métissages anciens que nous venons d’exposer a considérablement rapproché ces deux positions. Ainsi, la question raciale peut aujourd’hui se poser dans les termes suivants : plutôt qu’une diversification des types humains modernes qui se serait produite spontanément et très rapidement après la sortie d’Afrique (en quelque dizaines de milliers d’années seulement), les différences raciales observées chez les Humains d’aujourd’hui ne résulteraient-elles pas essentiellement des métissages survenus entre les premiers migrants modernes et les Hommes archaïques qu’ils ont rencontré en chemin et qui avaient eu – eux – plusieurs centaines de milliers d’années pour se différencier dans leurs zones géographiques respectives ?140
Dans la logique de cette hypothèse qui permet de ‘’donner du temps au temps’’, voici ce qui aurait pu se passer :
- Les caractéristiques ethniques des Capoïdes (Khoisans) d’aujourd’hui pourraient constituer le meilleur reflet de celles des premiers Homo sapiens sapiens, en dépit de métissages survenus très anciennement avec des Homo sapiens rhodesiensis d’Afrique du Sud, puis avec quelques-uns des Hommes modernes qui atteignirent ces régions beaucoup plus tard141.
- Les caractéristiques ethniques des Africoïdes (ou Congoïdes ou Négroïdes) actuels pourraient avoir découlé de l’assimilation progressive des Homo sapiens rhodesiensis d’Afrique de l’Ouest, qui avaient peut-être eux-mêmes intégré un fort héritage de leurs prédécesseurs Homo heidelbergensis ? Vivant les uns et les autres dans des régions tropicales très ensoleillées, les premiers Humains modernes d’Afrique de l’Est et ces Hommes archaïques d’Afrique de l’Ouest étaient certainement mélanodermes les uns et les autres, à l’instar des Humains Africoïdes d’aujourd’hui. Il ne faut cependant pas se focaliser sur ce seul critère cutané qui saute aux yeux de chacun et qui a pour cela tant fasciné les Européens, les Asiatiques et les Africains eux-mêmes. Si nous parvenons, un jour, à connaître le génome des Hommes archaïques d’Afrique, la diversité de leurs legs aux Hommes modernes d’Afrique de l’Ouest pourra plus facilement être appréhendée.
- Les caractéristiques ethniques des Europoïdes (ou Caucasoïdes) actuels pourraient – comme nous l’avons déjà dit – avoir découlé de l’assimilation progressive des Homo sapiens neanderthalensis d’Europe, d’Asie Centrale et de Sibérie occidentale par les premiers Hommes modernes qui colonisèrent ces régions au MIS 3. On pourrait même oser dire que le type anthropologique des anciens Néandertaliens d’Europe et de Sibérie était déjà *Proto-Europoïde ! Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner les reconstitutions ‘’forensic’’ récentes de Néandertaliens : malgré leur stature trapue et leurs visages grossiers pour nos standards, c’est davantage parmi les Europoïdes que parmi tout autre groupe racial actuel qu’on serait conduit à les classer si un seuil décisionnel spontané nous était demandé. Nous avons vu que la proportion de gènes Néandertaliens est aujourd’hui modeste chez les Européens ; bien plus modeste qu’au moment de la première colonisation de l’Europe par leurs ancêtres modernes. Cependant, elle semble être demeurée importante pour les gènes qui déterminent la couleur de la peau et des cheveux ; en rapport avec la synthèse de la vitamine D comme il a déjà été dit142. Il faut cependant mentionner que des humains modernes à peau foncée pourraient avoir longtemps vécu en Europe, au moins jusqu’au seuil de l’époque néolithique : c’est au moins ce qui est postulé pour l’Espagne (La Brana, v. 5000 AEC) et pour la Grande-Bretagne (Cheddar, v. 8000 AEC). Si les données archéogénétiques sont correctement interprétées143, cela pourrait signifier que les premiers Hommes modernes qui pénétrèrent en Europe avaient encore une peau assez foncée, et que les métissages avec les Néandertaliens leucodermes locaux n’ont pas été suffisants pour faire disparaitre rapidement cette caractéristique ?
- En Inde, les caractéristiques anthropologiques Veddhoïdes définissent le morphotype de certaines populations tribales du Deccan et du Sri-Lanka. Elles pourraient avoir eu pour base un type *Proto-Veddhoïde qui aurait été celui des Homo sapiens neanderthalensis indiens que nous pouvons supposer mélanodermes en raison du climat [cf. atlas n°2] ? Toutefois, l’absence quasi-totale de restes humains anciens en Inde, et notre complète ignorance du génome des indiens archaïques, ne permettent pas d’aller au-delà de la question. Force est cependant de constater que l’Inde du MIS 3 n’a pas subi le marasme technologique qui caractérisa très longtemps l’Asie du Sud-Est, et qu’elle fut même intégrée précocement au monde microlithique. Comme en maints autres points d’Eurasie, cette émergence relativement rapide d’une technologie avancée pourrait s’expliquer par la relative proximité génétique des Sapiens Néandertaloïdes indiens et des Sapiens modernes avec lesquels ils se sont métissés ; ce qui aurait facilité le travail de la pression de sélection en faveur des gènes ‘’normo-cognitifs’’. Au contraire, dans le ‘’puits cognitif’’ d’Asie du Sud-Est, les Hommes modernes se mêlèrent à des Hommes archaïques non-Sapiens dont les cognitions étaient sensiblement moins développées ; ce qui eut pour conséquence qu’il fallut plus longtemps pour voir (re)apparaître des populations ‘’normo-cognitives’’ [cf. carte Q] ?
- Les caractéristiques anthropologiques des Mongoloïdes (ou Asiatiques) actuels – dont la sinodontie – pourraient être un legs des Homo sapiens neanderthalensis d’Asie orientale septentrionale, qui avaient eux-mêmes intégré une partie du patrimoine génétique des Homo heidelbergensis septentrionaux / Dénisoviens septentrionaux [cf. atlas n°2]. Dans ce mélange ancien qui constituait un type *Proto-Mongoloïde, les gènes Néandertaliens prédominaient peut-être au Nord sur les gènes Dénisoviens144. Tandis qu’en Chine du Sud, les proportions du mélange étaient peut-être plus équilibrées ?
- Les caractéristiques anthropologiques Australoïdes actuelles – dont la sundadontie – pourraient être le legs d’un type *Proto-Australoïde qui aurait été celui des Homo heidelbergensis méridionaux / Dénisoviens méridionaux du Sud-Est asiatique. Dans ces régions tropicales semblables à celles où vivaient les premiers Humains africains, la population archaïque pourrait avoir été plus dense qu’ailleurs, ce qui aurait peut-être rendu les occasions de métissages plus fréquentes et sur une plus longue durée ? Ceci pourrait expliquer pourquoi les populations Australoïdes actuelles sont celles qui expriment le taux le plus important de gènes archaïques (jusqu’à 7%). Ces Dénisoviens méridionaux pourraient avoir été plus archaïques que leurs cousins du Nord, dans le cas où ils auraient préalablement incorporés des gènes d’Homo erectus ? On ne peut que poser la question en l’absence absolue de connaissance sur l’ADN des Erectus ; mais on doit faire remarquer que dans l’ancien Sunda, les Homo erectus soloensis vécurent plus tardivement que partout ailleurs, jusqu’à la fin du MIS 6. De tous les Humains archaïques évoqués dans ces pages, ces Homo erectus étaient génétiquement les plus éloignés des premiers Hommes modernes dont ils s’étaient séparés de la souche près de 2.000.000 d’années plus tôt [cf. atlas n°2]. En raison de cette longue durée, ils pourraient avoir eu le temps de devenir une espèce humaine véritablement distincte de celle des Hommes actuels ? Nous avons cependant déjà dit que la notion d’espèces temporelles ne peut être que théorique en l’absence de machine à remonter le temps, et que – de proche en proche – un flux génique à quand même très bien pu s’établir jusqu’à nous via les Dénisoviens méridionaux !
Permettons-nous encore réflexion sur les races. Si notre hypothèse est vraie, cela signifie que, vagues migratoires après vagues migratoires, les génomes anciens d’une région donnée n’ont jamais cessés d’être transmis aux groupes humains plus récents qui se sont succédés dans cette même région ; exactement comme un témoin qui passe de main en main dans une course de relai ! Les races humaines actuelles nous offrent un reflet pâli mais toujours bien visible de ce à quoi ressemblaient physiquement et physiologiquement les races archaïques d’autrefois145 !
Histoires parallèles
Sommes-nous cognitivement différents des premiers Hommes modernes ? Autrement dit, après que la pression de sélection ait enfin rendu aux Eurasiens les cognitions de leurs ancêtres modernes Africains, ceux-ci s’en sont-ils contentés ou ont-ils continué à renforcer toujours davantage leurs compétences cognitives jusqu’au niveau que nous mesurons aujourd’hui ? Et dans ce cas, ont-ils évolué en parallèle de partout sur la planète puisque, malgré des controverses, rien n’est venu démontrer consensuellement l’existence de cognitions plus performantes chez l’un ou l’autre des groupes Humains actuels ? Il n’y a pas encore de réponse à ces questions. Mais il n’est pas impossible que l’apparition des facultés d’innovation ait été le point de départ d’un emballement cognitif qui aurait été convergent dans les différentes peuplades. C’est le besoin de l’emporter sur son prochain – où que l’on vive sur terre – qui pourrait avoir été le moteur de cette pression de sélection dont résultait la mise au point de meilleures techniques qui augmentaient progressivement les chances de victoires guerrières et donc de reproduction ? Il est possible que les progrès de la génétique et de l’archéogénétique nous permettent un jour de dire si les progrès technologiques croissants et l’accélération progressive de ces progrès se sont faits à ‘’cognitions constantes’’ ? Ou bien à califourchon sur des cognitions qui ont grimpé la colline au galop ?
Au point où nous sommes parvenus, il est grand temps d’entrer dans le vif du sujet en commençant à dérouler le fil du temps qui sera scandé par les grandes oscillations climatiques. L’atlas n°3 est un essai qui tente de regrouper nos connaissances fragmentaires et de produire une histoire continue cohérente à l’aide d’une approche où les données issues de champs différents contraignent mutuellement les gros fils de la trame. Cependant, de nombreux trous demeurent par lesquels la vérité peut facilement s’échapper. En particulier, les mouvements et les dates que nous proposons pour expliquer la répartition actuelle des haplogroupes sont en grande partie hypothétiques. Il serait donc bien présomptueux d’affirmer que ce que nous allons relater est bien ce qui s’est réellement passé entre v. 115.000 et 9.600 AEC, c’est-à-dire entre 4680 à 464 générations avant nous. Espérons cependant, que notre reconstitution en est au moins le reflet.
Notes :
(138)Ce gros nez des Néandertaliens, dont les Hommes modernes européens ont hérité, aurait été utile pour réchauffer l’air froid avant qu’il pénètre les poumons.Retour
(139) A tous les lecteurs qui pourraient s’outrager que ce chapitre ose aborder des considérations raciales en plein XXI° siècle, il est piquant de faire remarquer que les caractéristiques les plus visibles de l’archétype de l’Aryen blond – entité fantasmatique qui a suscité autant d’adoration que d’exécration – sont les traces résiduelles d’un métissage ancien entre des Hommes archaïques probablement leucodermes qui vivaient au Nord de l’Europe et des migrants modernes, probablement mélanodermes, qui étaient venus d’Afrique. Soyons assurés que les uns comme les autres étaient indifférents aux grandes causes politiques qui ont agité le XX° siècle. Les idéologues partisans de la suprématie raciale et les idéologues négationnistes des différences humaines sont invités à méditer en commun cet exemple parmi tant d’autres de l’adaptation des organismes.Retour
(140) Une séparation de longue durée permet d’accumuler davantage de différences repérables qu’une séparation de courte durée.Retour
(141) Le génome nucléaire des Khoisans porte la trace de ces métissages très marginaux.Retour
(142) Les Néandertaliens des régions septentrionales avaient une peau claire et des cheveux blonds ou roux. Par ailleurs, beaucoup d’entre eux devaient avoir les yeux bleus ou verts. Ce dernier trait n’est pas encore prouvé car nos informations génétiques sont toujours extrêmement fragmentaires. Mais il est beaucoup plus probable que les mutations responsables des yeux bleus / verts soient apparues au sein de populations qui vécurent pendant plusieurs centaines de milliers d’années dans des régions septentrionale, plutôt que chez des Hommes modernes sortis d’Afrique il y a quelque dizaines de milliers d’années seulement ; et cela d’autant plus que les yeux bleus ou verts sont rares chez les Humains modernes non Européens, alors que ce trait devrait être universellement répandu s’il était un héritage des premiers Homo sapiens sapiens.Retour
(143) Certains gènes peuvent ne pas s’exprimer pour différentes raisons.Retour
(144) L’holotype Dénisovien, découvert dans l’Altaï, pourrait témoigner d’un groupe Heidelbergensis peu métissé parce que vivant dans une ‘’région refuge’’ montagneuse, et de ce fait non représentatif de la population archaïque mêlée d’Asie Orientale septentrionale, qui avait émergé au MIS 5e sur une base Néandertaloïde majoritaire ?Retour
(145) Pour que cela ait pu se passer ainsi, il a fallu que les groupes d’Humains modernes qui s’infiltraient sur les terres des Hommes archaïques aient été peu nombreux ; car, sinon, les caractéristiques anthropométriques des Hommes archaïques auraient disparu au lieu de seulement se diluer. Or, c’est précisément ce qu’il faut déduire de l’existence même des grands haplogroupes ADN-Y (i.e. ceux qui sont assez importants pour justifier une lettre à eux) et l’existence de leurs grosses branches (i.e. x-1, x-2, x-1a, x-1b, x-2a, x-2b, etc.) ; car c’est bien parce que les groupes modernes étaient initialement peu nombreux que l’arbre phylogénique patrilinéaire de l’Humanité peut-être déroulé d’une manière à la fois géographique et chronologique (i.e. un même haplogroupe ADN-Y recouvrait une région entière). Dans une région donnée, une fois que le génome des Hommes archaïque eut fini d’être absorbé dans le génome des Hommes (redevenus) modernes, les proportions de gènes demeurèrent stables lorsque ces gènes n’avaient pas de conséquences délétères sur les cognitions. Et dans cette même région, les nouvelles invasions – elles aussi presque toujours portées par un nombre limité d’individus, y compris quand ces individus renouvelaient entièrement les haplogroupes ADN-Y locaux – ne modifièrent que très peu la donne.Retour
