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U - 370.000 à 340.000 AEC

Complexe glaciaire RISS – RISS-1

MIS 10

 

 

Climat

Ce que l’on appelle la glaciation de RISS dans les Alpes, fut en réalité un complexe climatique composé de trois épisodes glaciaires d’intensité croissante (MIS 10, MIS 8 et MIS 6), entrecoupés par deux épisodes interglaciaires (MIS 9 et MIS 7) ; chacun de ces glaciaires et de ces interglaciaires étant lui-même intimement constitué d’oscillations climatiques de moindre ampleur et de moindre durée.

La carte U représente le premier épisode glaciaire de la séquence ou RISS ANCIEN, ou RISS‑1. Globalement, l’intensité glaciaire et l’aridité du MIS 10 semblent avoir été équivalentes à celles du MIS 4 (premier maximum glaciaire de la dernière glaciation).

 

 

Afrique

En Afrique, la chronologie précise de l’Âge de Pierre Moyen (Middle Stone Age, MSA) est difficile à reconstituer parce qu’il existe peu de sites stratifiés, parce que les vestiges proviennent essentiellement de sites de surface, parce que les datations sont absentes ou invérifiables, et parce que le brassage vertical des sols a été intense du fait de l’action centi-millénaire des animaux fouisseurs et d’une végétation abondante83. Nous avons placé l’expansion du MSA ancien (MSA ANC) vers 550.000 AEC [cf. carte R], en coïncidence avec la généralisation de la méthode Levallois / ‘‘mode 3’‘ dans des régions où les outils acheuléens / ‘’mode 2’’ demeuraient pour l’instant parallèlement présents84.

En Afrique du Sud, le MSA ancien est appelé Fauresmithien (MSA FAU), sans que la technologie locale s’écarte sensiblement de son homologue d’Afrique de l’Est et du Centre où l’on parlera plus simplement de MSA ancien (MSA ANC). C’est seulement lors de l’interglaciaire suivant (MIS 9) que les techniques Levallois / MSA se répandront en Afrique du Nord et au Proche-Orient [cf. carte V].

 

Nous avons déjà attribué cette industrie de ‘’mode 3’’ à Rhodesiensis [cf. cartes Q, R & suivantes] qui, selon les chercheurs, est alternativement décrit comme une forme ‘’évoluée’’ d’Homo heidelbergensis ou comme une forme ‘’archaïque’’ d’Homo sapiens (Homo sapiens rhodesiensis). La difficulté à classer précisément les restes humains disponibles ne faisant probablement que traduire une évolution physique lentement graduelle au sein d’une lignée africaine demeurée parfaitement continue depuis le temps d’Ergaster, qui avait été le premier Humain véritable au sens spécifique du terme. Dans cet atlas, nous rattachons Rhodesiensis au groupe des Sapiens archaïques parce que nous en faisons le premier représentant et le premier porteur de la mutation pro-cognitive dont nous avançons que la technologie levalloisienne n’est rien d’autre que l’expression ‘’Sapiens’’ fossilisée. Il faut admettre que c’est simplement un changement biologique mineur qui augmenta une nouvelle fois la hauteur du ‘’plafond de verre’’ cognitif et qui fut de ce fait le vecteur d’un changement comportemental majeur, puisqu’il impliquait la capacité de planification dans la fabrication des outils [cf. carte R]. Mais cela ne suffisait pas à faire de Rhodesiensis une nouvelle espèce humaine qui aurait été repérable par des caractéristiques physiques particulières. En effet, si nous observons que les différences physiques ont toujours été graduelles en Afrique, y compris dans le contexte de sauts technologiques majeurs, c’est parce que les mutations cognitives successives à l’origine de ces progrès, se sont toujours produites chez des individus lambda qui étaient nés par hasard dans l’un des groupes humains de l’Afrique de l’Est de leur temps ; de telle façon que leurs proches cousins non-porteurs de la mutation n’avaient en aucune façon une apparence physique différente de la leur. Ainsi, il n’y eut pas de différence physique notable entre les Ergaster d’Afrique de l’Est d’avant la mutation acheuléenne et les Heidelbergensis ‘’anciens’’ porteurs de cette mutation [cf. carte G] ; de même, il n’y eut pas de différence physique notable entre les Heidelbergensis ‘’récents’’ d’Afrique de l’Est d’avant la mutation levalloisienne, et les Sapiens Rhodesiensis ‘’anciens’’ porteurs de cette mutation [cf. carte Q] ; comme il n’y en aura pas davantage entre les Sapiens Rhodesiensis d’Afrique de l’Est d’avant la mutation ‘’normo-cognitive’’, et les Sapiens Modernes porteurs de cette mutation [cf. carte W]85. En revanche, le contexte anthropologique fut nécessairement radicalement différent en Eurasie où, jusqu’au début de l’époque culturelle, chaque saut technologique fut la conséquence d’une nouvelle intrusion africaine ; c’est-à-dire de l’arrivée d’une race étrangère migrante venue – avec sa nouvelle technologie – à la rencontre d’autres races très anciennement implantées sur le grand continent nordique86.

 

Puisqu’une mutation génétique est un évènement unique – et par conséquent localisé dans le temps et dans l’espace – il reste à expliquer comment et pourquoi elle se répand ? Lorsqu’une mutation pro-cognitive apparait chez un individu donné, ses descendants immédiats sont avantagés et commencent à s’étendre dans toutes les directions, en se métissant87 nécessairement avec les populations voisines qui – par définition – sont initialement non porteuses de la mutation pro-cognitive. Si la mutation pro-cognitive finit par gagner, de proche en proche, le génome de toute la population humaine d’une région puis du Monde, c’est simplement parce que cette mutation est fortement sélectionnée du fait du grand avantage qu’elle procure aux métis qui la possèdent vis-à-vis des métis qui ne la possèdent pas ! Il en résulte un phénomène d’expansion cognitive ‘’en feu de prairie’’ que nous postulons avoir existé lors de chacune des mutations à l’origine des grands sauts technologiques antérieurs à l’ère culturelle (i.e. les modes 1, 2, 3 et 4 de Clark)88 ; lesquelles mutations ne sont peut-être que les plus évidentes parmi une série plus importante encore, mais que la pauvreté de notre documentation ne nous permet pas d’appréhender.

 

Eurasie

Les zones refuges d’Europe du Sud-Ouest et du Levant demeuraient le domaine des technologies acheuléo-tayacienne (ACH-TAY) et acheuléo-yabrudiennes (YAB) respectivement ; tandis que les zones refuges d’Europe du Sud-Est et d’Anatolie restaient probablement le domaine d’un Tayacien (TAY) plus ‘’pur’’ puisque dépourvu de biface.

 

En Asie, il nous est encore difficile (2019) de faire coïncider avec assurance des données issues de trois disciplines distinctes : génétique (ADN Dénisovien), anthropologie (race Heidelbergensis) et archéologie (technologie acheuléenne). Pourtant, il est très vraisemblable que ces trois termes décrivent une seule et même réalité : celle de bandes Heidelbergensis de technologie acheuléenne, qui s’étaient aventurées en Extrême-Orient au cours du chaud MIS 11, et dont l’holotype génétique a été appelé ‘‘Dénisovien’‘. Si l’identification entre ‘’Dénisoviens’’ et Heidelbergensis est vraie, des groupes de cette population intrusive durent se maintenir localement en Chine du Nord pendant tout le MIS 10 ; ce qui fut peut-être facilité par l’intensité glaciaire modérée et par la maîtrise du feu.

Notes :

(83) Les particularités de l’archéologie africaine sont développées dans l’atlas n°3. Retour

(84) C’est la coexistence de ces deux modes qui définit le MSA ancien par rapport au MSA récent dans lequel les bifaces auront disparu. Retour

(85) Dans l’introduction de l’atlas n°3, nous reprendrons cette question en détail. Retour

(86) Durant toute la préhistoire ancienne nous constatons une continuité anthropologique et technologique en Afrique ; et nous constatons des ruptures anthropologiques et technologiques en Eurasie ! Ces questions seront de nouveau abordées dans l’atlas n°3. Retour

(87) Le terme ‘’métissage’’ fait ici référence à des unions entre porteurs et non-porteurs de la mutation pro-cognitive. Il n’est pas approprié sur le plan anthropologique puisque les groupes voisins de celui où apparait une mutation pro-cognitive ne constituent pas une race dont les caractéristiques physiques seraient différentes. En revanche, le terme de ‘’métissage’’ peut être compris dans son sens habituel lorsque les porteurs de la mutation finissent par rencontrer des populations très lointaines ; notamment les populations très anciennement installées en Eurasie, chez lesquelles des caractéristiques physiques particulières (i.e. différentes de celles des Africains de l’Est contemporains) ont eu le temps de s’accumuler sur le très long terme. Par convention, nous utiliserons toutefois le même terme ‘’métissage’’ dans les deux situations. Retour

(88) Le lecteur sait déjà que nous postulons également que les industries préhistoriques de ‘’Modes 1, 2 et 3’’ ne sont absolument pas des ‘’cultures’’ mais sont la trace lithique des compétences cognitives conférées par chacune des mutations pro-cognitives successives. La culture viendra plus tard, aux temps de l’Homme Moderne, lorsque celui-ci aura la possibilité de pousser ses spéculations au-delà de la lecture concrète des choses [cf. atlas n°3]. Retour

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© 2019 Thierry d'Amato

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