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GENETIQUE HISTORIQUE

 

Le cadre universel des relations vainqueurs / vaincus étant posé en tant que mécanisme psychologique évolutionniste inscrit depuis au moins 7.000.00041 d’années dans le comportement de la lignée humaine – et la précision étant apportée que nous ne parlons pas ici des états nations modernes mais des bandes hiérarchisées et des chefferies primitives qui furent jusqu’à l’antiquité le seul mode d’organisation que connurent les Humains –, il nous reste à examiner comment les proportions d’haplogroupes ADN-Y (transmission patrilinéaire) que nous observons dans une région donnée, peuvent nous aider à reconstituer une histoire évènementielle des temps oubliés.

 

Portée historique évènementielle des haplogroupes ADN-Y

 

A la première génération42, quand des hommes étrangers victorieux s’installent sur un territoire dont ils viennent de s’emparer, nous venons de voir qu’ils éliminent ou marginalisent les hommes indigènes vaincus et se mettent à faire des enfants avec leurs veuves et avec leurs filles ; peu importe pour cela que ces femmes deviennent les épouses légales des vainqueurs ou qu’elles soient cantonnées dans le rôle de simples concubines officielles (entretenues) ou non officielles (servantes)43. Du fait de la polygamie44 des cadres dirigeants45  que celle-ci soit de droit ou de fait selon les cultures – les hommes vainqueurs – évidemment tous considérés comme dominants et disposant de ce fait d’un pouvoir sexuel plus étendu que les autres –, répandent rapidement leurs haplogroupes ADN-Y puisqu’ils ont la possibilité de devenir pères de nombreux fils avec le concours volontaire ou involontaire de toutes ces femmes. De leur côté, les hommes indigènes qui ont survécu à leur défaite, ont été relégués tout en bas de la nouvelle société issue de la conquête ; par conséquent, ils ont nécessairement moins de femmes et donc moins de fils46.

A la seconde génération, les fils des conquérants se retrouvent systémiquement en position éminente dans la nouvelle société. Car même si leur mère n’était qu’une simple concubine, ils ont tendance à mieux tirer leur épingle du jeu que les fils des purs indigènes, et se situent alors à un niveau social intermédiaire, aux côtés des quelques purs indigènes qui ont réussi à se faire intégrer47. Or, tous les fils des conquérants – qu’ils soient les jeunes princes48 héritiers qui succèdent directement à leurs vieux pères fondateurs de la nouvelle nation, ou bien seulement leurs demi-frères placés en position sociale intermédiaire – portent nécessairement les haplogroupes ADN-Y des conquérants. Naturellement, puisqu’ils sont les cadres dirigeants et les cadres intermédiaires de la nouvelle société qui se reconstruit, tous ces individus de la deuxième génération sont favorisés pour le sexe et vont à leur tour avoir de nombreux fils qui hériteront leur haplogroupe ADN-Y49.

De sorte que dès la troisième génération après la conquête, les haplogroupes ADN-Y intrusifs commencent à représenter une fraction significative de tous les haplogroupes ADN-Y de la population totale, voire peuvent déjà être devenus majoritaires si très peu d’hommes indigènes avaient initialement été épargnés. Ainsi, lorsque la victoire des envahisseurs est totale et définitive, on voit que moins de 100 ans peuvent suffire pour qu’un haplogroupe ADN‑Y jusque-là totalement absent d’une région donnée, devienne majoritaire voire exclusif dans cette même région. Les variables pertinentes étant 1) le nombre total des hommes envahisseurs rapporté au nombre total des hommes indigènes épargnés ; et 2) le ‘’rendement’’ reproducteur différentiel de chacune de ces deux sortes d’hommes. Ce rendement reproducteur étant beaucoup plus élevé chez les ‘’élites’’ sociales, l’ADN-Y étranger diffuse donc rapidement dans la société toute entière, et cela y compris lorsqu’un nombre significatif d’hommes indigènes avait été épargné lors du conflit refondateur ; dans ce dernier cas, le remplacement des haplogroupes ADN-Y est simplement un peu moins rapide et un peu moins complet.

Au cours des générations suivantes, s’ils ne sont pas déjà devenus majoritaires ou exclusifs, les haplogroupes ADN-Y intrusifs vont continuer à diffuser à tous les niveaux de la société, c’est-à-dire pas seulement chez les cadres supérieurs et les cadres intermédiaires, mais aussi parmi le peuple. Cela s’explique facilement parce que les hommes accoutumés au sexe facile ne se préoccupent pas nécessairement du devenir individuel de tous les enfants engendrés lors de rencontres ancillaires et de passage ; mais aussi, et surtout, parce que les hommes porteurs des haplogroupes ADN-Y intrusifs sont désormais devenus très nombreux dans la population totale, et que chacun d’entre eux ne peut pas être un cadre dirigeant, ni même un cadre intermédiaire, dans un rapport numérique qui banalise de plus en plus les haplogroupes intrusifs ! Ainsi, bien qu’étant – tout comme leurs Princes – de purs descendants patrilinéaires des glorieux conquérants étrangers, les moins chanceux de ces hommes porteurs des haplogroupes ADN-Y intrusifs vont progressivement rejoindre les rangs des subalternes, où ils se mêlent aux descendants patrilinéaires des purs indigènes autrefois vaincus. Cette dégringolade sociale inévitable50 a pour conséquence que les nouveaux haplogroupes ADN-Y sont désormais installés à tous les niveaux de la nouvelle société … Le schéma ci-dessous illustre ce phénomène de remplacement. Les carrés orange représentent les hommes envahisseurs (d’éventuelles femmes envahisseurs ne sont pas figurées). Les carrés bleus et les ronds bleus représentent respectivement les hommes et les femmes indigènes. Les femmes ne sont plus figurées à partir de la deuxième génération qui suit la conquête.

Puis, passe encore le temps … Quelques générations de plus, et le souvenir traumatique de la conquête s’est évanoui des mémoires ou est entré dans la légende nationale chantée rituellement lors des occasions solennelles ; la société fonctionne de nouveau ‘’normalement’’, comme si rien ne s’était jamais passé ; toute la population a de nouveau le sentiment profond de former un seul groupe ethnoculturel homogène et parfaitement indigène, puisque chacun peut se prévaloir à juste titre de vivre dans le pays des pères de ses pères et des mères de ses mères ... Mais le paysage génétique a pourtant complètement changé car les haplogroupes ADN-Y intrusifs ont pratiquement remplacé tous les autres ! Avec le temps, la proportion de ces haplogroupes ADN-Y intrusifs et des anciens haplogroupes ADN-Y indigènes a fini par se stabiliser dans la population ; et cette proportion pourra demeurer stable pendant des milliers d’années si aucune nouvelle invasion significative (par des hommes porteurs d’haplogroupes ADN-Y différents) ne vient rééditer toute la séquence des évènements que nous avons décrite.

- Reconstituer une histoire évènementielle des temps oubliés

On comprend donc pourquoi les haplogroupes ADN-Y sont porteurs d’histoire évènementielle : lorsque 1) un haplogroupe ADN-Y se répand dans une région dont il était absent auparavant, et que 2) les haplogroupes ADN-Y locaux s’effacent devant lui, c’est nécessairement parce que des hommes (mâles) intrusifs se sont massivement imposés par la force aux hommes (mâles) indigènes de la région étudiée. Ce qui revient à dire que la région a été conquise et que les vainqueurs se sont débarrassés des hommes (mâles) vaincus. On peut ajouter que plus la proportion des haplogroupes ADN-Y intrusifs est grande, plus l’apport (masculin) extérieur a été important et/ou s’est imposé dans une extrême violence génocidaire (masculine). Ensuite, pour déterminer la date de ce mouvement migratoire traumatique, il reste à faire appel aux horloges moléculaires qui permettent d’estimer les dates de divergences entre les haplogroupes ADN-Y des descendants des migrants intrusifs et les haplogroupes ADN-Y des descendants de ceux de leurs frères qui n’ont jamais quitté le pays d’origine de l’haplogroupe intrusif. Enfin, pour se faire une idée du contexte dans lequel le mouvement migratoire s’est produit, il faut se tourner vers d’autres spécialités (climatologie, archéo-botanique, archéologie, …) et disposer de datations fiables. De la sorte, et avec une prudente hardiesse, on peut commencer à écrire un fragment de l’histoire évènementielle des temps oubliés.

 

Moindre apport évènementiel des haplogroupes ADN-mt

 

Les haplogroupes ADN-mt sont étudiés depuis plus longtemps que les haplogroupes ADN-Y parce que leur étude est plus facile. Nous avons dit que comme ceux-ci, ils permettent de dessiner un grand arbre généalogique de l’Humanité (en lignée matrilinéaire). A ce stade du raisonnement, il est frappant de constater que si les deux arbres généalogiques – patrilinéaire et matrilinéaire – sont très superposables au niveau de leurs grosses branches maitresses (i.e. aux époques datant des premiers temps du peuplement moderne de l’Eurasie), ils divergent rapidement dans la suite (i.e. aux époques moyennes et récentes du peuplement de l’Eurasie) et décrivent dès lors une structure complètement différente de la famille humaine. Alors qui croire ? Les hommes ou les femmes ? Pourquoi vouloir baser la reconstitution (pré)historique sur les haplogroupes ADN-Y masculins plutôt que sur les haplogroupes ADN-mt féminins ? Autrement dit, pourquoi ces derniers délivreraient-ils moins d’information évènementielle ?

La raison de ces configurations – initialement parallèles avant de diverger – se déduit pourtant aisément du comportement guerrier des Humains primitifs qui vient d’être décrit au chapitre précédent : au tout début de la dernière glaciation (MIS 5d), venant de sortir d’Afrique, les hommes et les femmes d’Eurasie vivaient au sein de bandes tribales d’origine uniforme et répandaient conjointement leurs haplogroupes ADN-Y et ADN-mt en pénétrant ici et là un continent septentrional encore vide d’Humains modernes. Bien sûr, en commençant à s’éloigner les unes des autres pour occuper toutes les terres habitables, ces bandes de même origine commençaient à se diversifier sur le plan génétique, en accumulant des mutations ADN-Y et ADN-mt que la distance ne leur permettait pas de diffuser à d’autres bandes. Puis, peu à peu, le monde commença à se remplir d’Hommes modernes. Vint alors le jour où des ethnies très lointainement cousines – et donc porteuses d’haplogroupes devenus très différents – entrèrent par hasard en contact ; et par conséquent en conflit. Or, lors des conflits, si les hommes vaincus sont généralement massacrés ou marginalisés [cf. ce qui précède], nous avons vu que les femmes vaincues sont le plus souvent épargnées et donnent à leurs vainqueurs des enfants des deux sexes qui portent  les haplogroupes ADN-mt indigènes de leur mère ; cela parce que seules les femmes sont capables de transmettre des mitochondries à leurs enfants des deux sexes. Par conséquent, si au temps de leur conquête les hommes intrusifs n’étaient pas accompagnés de femmes de leur propre ethnie, TOUS leurs descendants posséderont des haplogroupes ADN-mt indigènes ; exactement comme les ‘’purs’’ indigènes d’autrefois ! Et cela quelle qu’ait pu être la violence de la conquête et l’intensité du génocide masculin qui l’avait accompagnée. Et cela, également, quel que soit le nombre des invasions successives et la provenance variée des divers envahisseurs de la région sur le très long terme. Ainsi, en raison du destin différent des hommes vaincus et des femmes vaincues, les haplogroupes ADN-Y peuvent être renouvelés plusieurs fois dans la longue (pré)histoire d’une région donnée, tandis que les haplogroupes ADN-mt demeurent toujours en place ! Voici la raison pour laquelle les haplogroupes ADN-mt nous donnent moins d’information que les haplogroupes ADN-Y lorsqu’on s’intéresse aux migrations anciennes ! Ils sont indicateurs de stabilité au long cours du vieux fond populationnel initial, tandis que les haplogroupes ADN-Y sont les indicateurs des mouvements successifs qui sont venus l’enrichir.

Il n’y a que dans le cas où les femmes intrusives sont nombreuses au moment de la conquête, que des haplogroupes ADN-mt intrusifs vont s’installer significativement au sein de la nouvelle population qui émerge des ruines de la guerre. Arrivé à ce niveau du raisonnement, il nous faut considérer une autre différence encore, qui sépare les hommes des femmes : contrairement aux hommes – dont le ‘’rendement’’ reproductif s’accroit lorsque leur statut social est élevé51 – les femmes gardent pratiquement toujours le même ‘’rendement’’ reproductif qu’elles soient des princesses royales adulées ou des indigentes méprisées52. Par conséquent, la proportion des haplogroupes ADN-mt intrusifs et ADN-mt indigènes que nous observons dans une population donnée, reflète – y compris sur le long terme – l’exacte proportion des femmes intrusives et indigènes qui existait au lendemain de la conquête.

Les différences hommes / femmes que nous venons d’exposer, expliquent par exemple pourquoi les plus anciens haplogroupes ADN-Y d’Europe ont disparu53, tandis que les plus anciens haplogroupes ADN-mt d’Europe – comme U5 – sont toujours bien présents chez les populations actuelles de ce continent. Dans un Monde plein – c’est-à-dire où tout déplacement impacte le territoire d’un autre groupe – les phénomènes que nous avons décrits sont universels ; et sont à l’origine de la ‘’cristallisation’’54 de tous les nouveaux peuples.

 

GENETIQUE ETHNOLINGUISTIQUE

 

Plus loin dans l’introduction, nous aborderons l’épineuse question du langage des Hommes archaïques lorsque nous discuterons de leurs facultés cognitives avant de réfléchir aux conséquences de leur métissage avec les Hommes modernes. Il suffit d’avancer ici que le langage des Dénisoviens et des Néandertaliens pourrait avoir été l’expression d’une pensée concrète, similaire à celle de nos enfants de moins de 10 ans. Pour cette raison, le postulat adopté dans cet ouvrage est de considérer que les langues des Humains modernes se sont développées en l’absence d’apport archaïque notable, c’est-à-dire dans un Monde qu’il faut considérer comme à peu près linguistiquement vide ; et qu’elles se sont d’abord différenciées au gré de leur séparation, avant de subir, dans un second temps, les chocs frontaux de leurs retrouvailles.

 

Ethnolinguistique profonde – Langues paternelles

 

Beaucoup de linguistes refusent encore d’admettre la possibilité d’accéder à une linguistique historique profonde, qui serait plus ancienne que quelques milliers d’années avant le présent. Pourtant, la construction récente et rapidement progressive de la phylogénie des haplogroupes ADN-Y leur donne entièrement tort ! En effet, cette nouvelle phylogénie génétique calque assez parfaitement la phylogénie profonde des langues proposée depuis 50 à 100 ans par certains linguistes audacieux qui ont travaillé toute leur vie dans l’ignorance absolue de toute référence génétique ! Dans cet atlas, nous adhérons donc pleinement à l’hypothèse d’une langue initiale – dite Proto-Sapiens – qui fut élaborée par les premiers Homo sapiens sapiens d’Afrique de l’Est parce qu’une mutation pro-cognitive survenue au MIS 8 [cf. atlas n°2] leur avait donné la possibilité d’établir des liens arbitraires entre signifiants et signifiés et probablement de créer une première ‘’grammaire universelle’’ qui peut être rangée au nombre des expressions phénotypiques de la mutation. Dès le MIS 7, l’éclatement de ce groupe initial en plusieurs courants migratoires distincts, généra de lentes dérives parallèles des gènes et des dialectes. Les tribus qui firent souche sur le très long terme furent à la fois à l’origine des grands haplogroupes ADN-Y racines et des macro-familles linguistiques dans lesquelles nous pouvons ranger – avec une conviction variable – l’ensemble des langues vivantes et mortes que nous connaissons55. Ce processus universel de divergence conjointe ‘’gènes + langue’’ fut exacerbé par un évènement remarquable qui survint au MIS 5d, lorsqu’un petit groupe tribal installa une tête de pont sur le continent eurasien ; laquelle fut à l’origine de presque toutes les langues et de presque tous les haplogroupes ADN-Y actuels.

Les langues sont pour l’essentiel des ‘’langues paternelles’’. En effet, à dates ancienne, une association étroite entre haplogroupes ADN-Y et langues réalisait l’arrière-plan de toute cristallisation d’un nouveau groupe ethnolinguistique ; couplage dont il n’y a pas lieu de s’étonner si l’on se réfère à la dynamique évolutionniste des guerres primitives que nous avons exposée plus haut. Toutes les associations ‘’ADN-Y + langues’’ que nous proposons seront discutées au fil des cartes successives ; et à la fin de l’atlas, un tableau permettra de les visualiser dans leur ensemble. Il faut toutefois comprendre qu’un couplage étroit ‘’ADN-Y + langues’’ ne fonctionna parfaitement que jusqu’au MIS 2 (second maximum glaciaire) ; en effet, jusqu’à cette époque, lorsqu’il arrivait que des vagues migratoires successives se télescopent, l’implacable mécanique génocidaire des guerres paléolithiques limitait de facto les échanges linguistiques, sauf, peut-être, dans les Finis Terrae. La langue des femmes indigènes épargnées devait toutefois impacter l’évolution de la langue des hommes vainqueurs, lorsque ces deux langues étaient très différentes. Puis, à partir du Tardiglaciaire mésolithique et plus encore à partir de l’Holocène néolithique, c’est le besoin d’esclaves qui mit fin au couplage étroit ‘’ADN-Y + langues’’ ; parce que les vaincus épargnés finirent tôt ou tard par s’intégrer à la nouvelle société des vainqueurs, en lui léguant à la fois leurs haplogroupes ADN-Y et quelque chose de leur ancienne langue … c’est donc à partir de ces époques récentes que les échanges de matériel linguistiques se firent plus nombreux, brouillant parfois les contours des vieilles macro-familles de langues.

 

Divergence des langues – Approches théorique et géographique

 

L’hypothèse d’un couplage ‘’ADN-Y + langue’’ chez les Hommes modernes qui vécurent pendant l’essentiel du Paléolithique moyen et supérieur, puis d’un découplage de ce tandem à l’issue de cette période, nous permet de proposer trois grands scénarios universels de l’histoire profonde des langues :

1) langues tranquilles

Chez les populations qui restèrent stables sur le long terme – c’est-à-dire celles qui habitèrent continuellement la même région, sans apport extérieur massif pendant de très nombreux millénaires –, la langue évolua lentement sous l’effet de simples changements internes56. Nous postulons qu’une stabilité de ce type caractérisa pendant très longtemps le Moyen-Orient paléolithique. En effet, ayant été dès le MIS 5d la tête de pont des Humains modernes installés en Eurasie57, cette région proche du Golfe Persique – voire sous les eaux du Golfe Persique d’aujourd’hui – resta peut-être jusqu’à l’Interpléniglaciaire (MIS 3) la zone plus densément peuplée de tout le nouveau continent58, à l’aune des modestes standards démographiques de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs59?

Au Moyen-Orient, à l’échelle des 4000 générations environ écoulées entre l’arrivée des premiers Humains modernes en Eurasie [cf. carte A de l’atlas n°3] et le début de l’Holocène [cf. début de l’atlas n°4], on reconstitue une filiation haplogroupale directe de l’haplogroupe racine CT60 qui témoigna probablement de la longue pérennité locale d’un même groupe ethnolinguistique pan-chronique. Bien que nous soyons contraints de donner plusieurs noms successifs à ce groupe populationnel central si nous voulons scander les grands stades de son évolution, cela signifie que, dans cette région, il n’y eut jamais aucune rupture ethnolinguistique perceptible entre les langues Boréales, les langues *Néo-Boréales61, les langues Déné-Caucasiennes62, les langues *Proto-Nostratiques et les phases successives d’évolution des langues Nostratiques63 dont les extensions géographiques seront détaillées dans les cartes de l’atlas n°3. La raison pour laquelle certaines de ces macro-familles de langues sont toujours repérables en comparant les langues d’aujourd’hui64, provient vraisemblablement du fait que leurs locuteurs originels se sont détachés du cœur pulsatile moyen-oriental à des moments successifs de l’évolution de LA langue centrale panchronique65. Lors de chaque pulsation populationnelle, les migrants emportèrent l’état contemporain de LA langue moyenne-orientale ; prélude à la rapide divergence de leur dialecte particulier, désormais éloigné de la zone de stabilité linguistique ; mais aussi prélude au maintien de certains traits archaïques qui disparurent ensuite de LA langue centrale. Naturellement, ces départs répétés vers l’Est, vers l’Ouest ou vers le Nord étaient sans aucune conséquence pour la stabilité linguistique de la zone centrale, puisque les migrations étaient toujours des allers simples en direction de l’inconnu ! C’est pour cette raison que nous postulons que l’ensemble génétique et linguistique de la zone centrale demeura longtemps relativement homogène ; comme ce fut d’ailleurs le cas de ses haplogroupes ADN-Y, dont la phylogénie détaillée – désormais connue – valide pleinement ce raisonnement en raison du couplage ancien ‘’ADN-Y + langues’’.

Nous proposons d’appeler ‘’hub’’ moyen-oriental ce cœur pulsatile génétique et linguistique de l’Humanité eurasienne, en invoquant la métaphore d’un centre de transports aérien à partir duquel les voyageurs auraient eu la faculté de partir dans toutes les directions ; avec pour bagages à la fois leurs haplogroupes ADN-Y et les langues qui leur étaient étroitement attachées66. Concrètement, il est probable que ce ‘’hub’’ repose en partie sous les eaux du Golfe Persique. En effet, des reconstitutions climatiques et écologiques permettent de penser que le fond du Golfe Persique fut – pendant l’essentiel de la période couverte par l’atlas n°3 – une terre accueillante qui s’étendait sur les deux rives d’un fleuve majestueux constitué par la prolongation du Chatt-el-Arab‎ actuel, lui-même résultant de la confluence du Tigre et de l’Euphrate ; une terre bien plus propice à une riche vie animale et végétale que ne l’étaient les semi-déserts qui l’entouraient ; et donc bien plus propice à une démographie dynamique. Si cela est vrai, cela signifie que les principaux sites archéologiques régionaux des MIS 4, MIS 3 et MIS 2 sont aujourd’hui engloutis pour la plupart, et donc  inaccessibles aux chercheurs ! Ce qui entrave grandement notre compréhension de la dynamique d’installation et de diffusion des Hommes modernes en Eurasie. Le schéma ci-dessous matérialise le ‘’hub’’ moyen-oriental et les trois grands tapis-roulants qui emportent ses voyageurs au loin.

 

 

 

2) langues effilochées

Nous appellerons ainsi les langues qui dérivèrent solitairement une fois qu’elles se furent détachées de la zone de stabilité du ‘’hub moyen-oriental’’ pour s’avancer dans un Monde linguistiquement vide ou dont les expressions vocales archaïques s’effaçaient devant elle67.

C’est la répartition actuelle et passée des haplogroupes ADN-Y qui nous incite à conclure que des petits groupes pionniers quittèrent à plusieurs reprises le ‘’hub’’ moyen-oriental ‘’pour’68 fonder des centres populationnels secondaires situés les uns à l’Ouest (Extrême-Occident d’Europe), d’autres à l’Est (Extrême-Orient méridional de l’Indochine et du Sunda), et d’autres encore au Nord (Altaï / Baïkalie, porte de l’Extrême-Orient septentrional de Sibérie orientale et de Chine du Nord). Ces mouvements – partis sur l’une ou l’autre des voies qui sont matérialisées sur le schéma ci-dessus – furent répétés à plusieurs reprises, au gré de chacune des embellies climatiques qui les rendaient possibles ; ce qui signifie qu’ils ont été particulièrement dense au cours du MIS 3 (Interpléniglaciaire) qui fut une pause globalement tempérée entre deux maximum glaciaires moins propices que lui aux voyages. Par conséquent, chaque strate de migrant emporta avec elle l’état contemporain de LA ‘’langue centrale’’ que l’on parlait à cette époque-là dans le ‘’hub’’ [cf. l’ensemble de l’atlas n°3]. Ceux dont les petites colonies exotiques furent prospères, furent à l’origine de la cristallisation de nouveaux groupes ethniques repérables par un nouvel haplogroupe ADN-Y majoritaire (effet fondateur à partir de l’haplogroupe ADN-Y des migrants) et probablement par un nouveau groupe ou sous-groupe linguistique (effet fondateur à partir du dialecte de la langue centrale que parlaient les migrants). Nous avons déjà dit qu’il faut faire ce lien entre nouvel haplogroupe et nouvelle langue, parce que dans le monde des chasseurs-cueilleurs paléolithiques il s’agissait de deux facettes d’une même réalité : celle de petites bandes humaines structurées autour d’hommes patrilocaux (i.e. apparenté en lignée mâle) qui devaient être assez forts, assez habiles et surtout assez chanceux pour réussir à prospérer dans l’adversité ; condition essentielle pour que leurs descendants deviennent nombreux et donc pour pouvoir répandre à la fois leurs haplogroupes ADN-Y et leurs langues ! Au total, une succession de réussites de ce type créa autant de ‘’hub secondaires’’ puis de ‘’hub tertiaires’’ qui furent à leur tour à l’origine de nouvelles cristallisations ethnolinguistiques et de nouvelles dispersions multidirectionnelles69. De sorte que le Monde habitable cessa peu à peu d’être vide et devint un Monde plein70.

Or nous venons de voir que, tout comme leurs haplogroupes ADN-Y,  les groupes migrants emportaient bien évidemment leur dialecte avec eux. A partir de ce point, faute de pouvoir conserver des rapports étroits avec la constellation de langues sœurs du ‘’hub’’ – qui établissait une zone de stabilité prolongée –, le dialecte migrant isolé se transformait rapidement et profondément selon deux phénomènes qui s’amplifiaient avec le temps : conservation d’archaïsmes pour certains traits71 et apparition d’innovations pour d’autres traits ; cela parce que la moindre innovation qui survenaient dans cette petite communauté perdue au milieu de nulle part, se répandait immédiatement à tous les individus et avait donc tendance à se fixer rapidement dans l’usage. Ainsi, bien que contraires en apparence, innovations et archaïsmes opèrent exactement dans le même sens à l’origine de la cristallisation d’un nouveau groupe ethnolinguistique, en cela qu’ils accentuent les divergences entre le dialecte exilé et la langue centrale plus stable que continuent à parler les cousins demeurés sédentaires dans la lointaine patrie. Dans un tel cas, au bout de quelques générations seulement, l’intercompréhension commencera à être sérieusement altérée, puis disparaîtra complètement. On pourrait donc dire que ces langues migrantes s’effilochent au long de leur chemin d’exilées, tant qu’elles ne rencontrent aucun obstacle linguistique coriace72. Dans le corps de l’atlas n°3, on verra notamment qu’une grande, féconde et très longue dérive de ce type se produisit au cours de l’Interpléniglaciaire, lorsqu’un petit groupe de migrants porteurs de l’haplogroupe K2 quitta le ‘’hub’’ moyen-oriental en direction de l’Asie Centrale et des steppes asiatiques, donnant naissance à un ‘’hub secondaire’’ qui contenait à la fois le germe des langues Eurasiatiques (nombreuses langues passées et actuelles des sous-groupes Indo-Européen, Eskaléoute, Ouralien, Altaïque, Tchouktche, etc.) et le germe des langues Amérindes73 qu’il faut comprendre comme un grand rameau de l’Eurasiatique extrêmement effiloché par sa conquête d’un Monde entièrement vide (Iroquois, Sioux, Chinook, Zuni, Natchez, Maya, Uto-Aztèque, Aymara, Quechua, Jivaro, Caribs, etc.).

 

3) Langues entrechoquées

Comme le génome nucléaire, les langues peuvent échanger du matériel à l’occasion d’échanges commerciaux, d’échanges matrimoniaux et de conflits. Evacuons toutefois de l’exposé les échanges – conflictuels ou non – qui surviennent entre deux tribus ou nations voisines et étroitement apparentées ; lesquelles partagent de ce fait des marqueurs génétiques très proches et des langues très voisines. Le bon sens aurait suffi pour l’affirmer, mais l’ethnologie confirme que c’est ce type d’échanges et de conflits qui sont les plus nombreux. Cependant, cette situation doit être versée au chapitre de la vie des langues tranquilles qui évoluent en vase clôt. En effet, puisqu’il ne s’agit que de querelles de famille, on s’entretue, on s’embrasse, on se viole et on se dévore au barbecue entre cousins ; ce dont il résulte que les conséquences linguistiques et génétiques sont nulles ou imperceptibles. Ce n’est que de l’écume historique bien vite digérée74.

On réservera donc la notion de langues entrechoquées à celles qui – après s’être exilées de la zone de stabilité du ‘’hub’’ et après s’être effilochées comme il en a été question au chapitre précédent – entrèrent en compétition puis en fusion partielle ou complète avec d’autres langues qui résultaient d’autres exils lointainement précédents. Dans la mesure où aucune population migrante ne peut aller plus loin que l’une ou l’autre des deux extrémités du continent eurasien, et dans la mesure où aucune population indigène ne peut fuir au-delà de ces extrémités, les Finis Terrae furent les régions idéales pour un grand empilement des peuples et donc pour un grand entrechoquement de leurs langues ! Ce fut aussi le cas dans les montagnes et dans les îles, qui sont d’autres types de Finis Terrae. Dans le contexte d’un Monde devenu plein (à partir de la seconde partie du MIS 375), toute nouvelle migration coloniale entreprise par un groupe ethnolinguistique donné (i.e. groupe intrusif), eut donc désormais un risque élevé de buter sur un autre groupe ethnolinguistique suffisamment divergent pour lui apparaitre comme entièrement distinct (i.e. groupe indigène)76 en cela que l’intercompréhension les deux sociétés était devenue soit très difficile soit déjà totalement absente.

Ci-dessous, nous allons parler des cas où les envahisseurs s’imposent dans une région peuplée, mais sans que leur victoire ait pour conséquence l’élimination physique totale des indigènes.

a) Premier type d’entrechoquement : des envahisseurs victorieux sont tout un peuple en marche qui s’installe à demeure sur le territoire d’un groupe ethnolinguistique indigène, étranger à leur nation.

- Au Paléolithique, la tendance génocidaire masculine [cf. ci-dessus] devait entraîner la disparition quasi-totale de la langue et de la culture des vaincus. En effet, puisque les dominants de ‘’pure souche’’ qui s’installaient dans le pays conquis étaient nombreux et étaient accompagnés de femmes de leur ethnie, ils n’avaient pas besoin de faire l’effort d’apprendre la langue des vaincus rescapés (femmes essentiellement). Par ailleurs, les enfants métis, nés des femmes indigènes épargnées, n’avaient pas d’autre choix que d’apprendre et d’utiliser quotidiennement la langue de leurs pères envahisseurs, s’ils voulaient s’intégrer à une société dominante transposée en bloc.

- A partir du Mésolithique (sociétés sédentaires accumulatrices) et surtout du Néolithique (sociétés sédentaires accumulatrices et productivistes), nous avons dit que les pratiques génocidaires laissèrent la place à une clémence intéressée, dans le but d’exploiter le potentiel physique des hommes vaincus77. Mais bien que la proportion d’indigènes survivants ait donc été plus grande qu’au Paléolithique, la langue victorieuse continua à faire disparaitre la langue indigène dans la situation d’hégémonie où nous nous plaçons. En effet, puisque les femmes intrusives étaient nombreuses, la langue des hommes intrusifs continuait d’être transmise sans effort à leurs enfants de ‘’pure souche’’ qui devenaient automatiquement les cadres dirigeants de la génération suivante ; tandis que cette même langue était nécessairement privilégiée dans l’usage quotidien par leurs enfants métis (bilingues) qui gravitaient dans l’orbite du pouvoir ; ainsi que par les serviteurs purement indigènes qui devaient apprendre la nouvelle langue étrangère pour pouvoir comprendre correctement leurs maîtres. Par conséquent, étant à la fois la langue maternelle d’un grand nombre de personnes et la langue quotidienne indispensable à tous les autres, la langue des envahisseurs avait peu de raison de se modifier en profondeur malgré l’apport inévitable de quelques mots indigènes, qui étaient d’autant plus facilement adoptés qu’ils n’avaient pas d’équivalent dans la leur (toponymie, nouvelles plantes ou animaux, technologies indigènes). Si le différentiel culturel n’était pas trop grand entre les deux peuples, la culture du nouveau peuple était elle aussi en parfaite continuité avec la vieille culture des envahisseurs, parce que ceux-ci s’étaient installés avec leurs élites religieuses (i.e. intellectuelles), leurs femmes et leurs vieux ; c’est-à-dire avec les universels gardiens des traditions78.

Notes :

(41) Date de notre divergence d’avec les Chimpanzés, guerriers comme nous [cf. atlas n°1]. Selon la règle scientifique du maximum de vraisemblance, ce sont plus probablement les Bonobo qui ont évolué en perdant une partie de leur agressivité guerrière, que les deux autres espèces du groupe Hominines qui auraient indépendamment acquis exactement le même comportement.Retour

(42) Le nombre de générations jusqu’à nous est indiqué sur chacune des cartes. Comme précédemment, il est établi sur la base de 4 générations par siècle (i.e. une génération = 25 ans en moyenne), nombre probablement valable depuis les premiers Homininés / Dryopithécinés [cf. atlas n°1].Retour

(43) N’oublions pas non plus les victimes violées au temps de la toute-puissante ivresse de la conquête ; et les enfants qui en résultent.Retour

(44) Plutôt que le terme polygamie (qui pourrait s’adapter indifféremment aux deux sexes), le terme scientifique exact est polygynie. On conservera toutefois la forme ‘’polygamie’’, parce qu’elle est d’usage courant.Retour

(45) Voici encore une notion qui heure notre morale si nous avons été élevé dans une culture occidentale, pétrie de romanité et de chrétienté. Et pourtant, une majorité des cultures humaines actuelles et anciennes a promu la polygynie ou l’a amplement tolérée. Qu’il s’agisse d’une polygynie de droit ou d’une polygynie de fait (sexe ancillaire ‘’libre’’ ou servile, bigamie, monogamies successives …). Lorsqu’on évacue la morale et qu’on la remplace par l’observation neutre de la Nature, cette polygynie ou cette tendance à la polygynie des mâles Humains n’a pas lieu de surprendre. En effet, 90 % des Mammifères sont polygynes, ce qui permet de penser qu’il s’agit d’une caractéristique primitive du groupe tout entier. En outre, il existe une association très forte entre le dimorphisme sexuel et la polygynie : plus la taille des mâles est grande comparée à la taille des femelles, plus l’espèce est polygyne ! Par ailleurs, chez les Mammifères toujours, il existe une autre association très forte entre la taille des testicules et la polygynie : plus les testicules sont petits et plus l’espèce est polygyne. Or, les Humains sont des Mammifères assez nettement dimorphiques et dont les mâles ont des testicules relativement petits. Placés aux côtés des autres Mammifères étudiés pour ces mêmes caractéristiques, les Humains se révèlent être une espèce modérément polygyne = un mâle accompagné de quelques femelles. Chacun jugera de la pertinence de cette conclusion fondée sur la morphologie. Sur tous les continents et à toutes les époques, le nombre de femmes légitimes ou non qui accompagnaient un homme s’est révélé très variable en fonction du statut social de l’homme : bons chasseurs, riches fermiers, aristocrates prestigieux, grand bourgeois, leaders de tous ordres (politiques, militaires, religieux, scientifiques, intellectuels, artistiques, sportifs), ont toujours et de partout été accompagnés par plus de femmes que leurs compatriotes qui n’étaient rien de tout cela. On peut même voir dans ce phénomène, le moteur évolutionniste qui pousse les hommes à accumuler exploits, richesse et gloires diverses …Retour

(46) A cela il faut ajouter qu’ils ont même une moindre proportion de fils parvenant à l’âge de la reproduction, puisqu’il existe un lien fort entre la santé et le statut social dans toutes les anciennes sociétés ! Retour

(47) Collaborateurs qui ont facilité la conquête des envahisseurs ; hommes indigènes épargnés parce que détenteurs de compétences religieuses ou techniques spéciales … Cela ne survint probablement que tardivement dans la (pré)histoire ; probablement pas avant l’âge des métaux.Retour

(48) Etymologiquement, ‘’princes’’ signifie ‘’premiers’’ ; c’est-à-dire les hommes dominants les plus en vue d’une société, amenés à conduire la nation.Retour

(49) On a compris que c’est parce qu’ils auront – en moyenne – accès à davantage de femmes que les autres hommes. Officielles, officieuses ou de passage …Retour

(50) Ça marche avec les deux sexes, bien que la dégringolade soit plus rapide avec les filles parce qu’elles sont moins investies que les garçons dans les sociétés patriarcales. Mais restons quand même sur un exemple patrilinéaire théorique, afin de ne pas embrouiller le lecteur dans ce chapitre consacré aux haplogroupes ADN-Y. C’est l’histoire d’un Roi conquérant qui a 5 fils ; tous Princes du sang, naturellement (2° génération). Ces Princes ont chacun 5 fils. Bien que chacun d’entre eux soient les petits-enfants de leur illustre grand-père (3° génération), il est déjà évident que le 5ème fils du 5ème Prince, n’a pas le même statut que le 1er fils du 1er Prince. Mettons que celui-ci est titré Comte et que son apanage lui permet d’élever 5 fils (4° génération) dont seul l’aîné devient Comte, tandis que le 5ème épouse une grande bourgeoise locale qui lui permet de se ménager une vie confortable de rentier et d’élever 5 fils à son tour (5° génération). Dépourvu d’héritage et de rente viagère, le 5ème de ses fils peut quand même s’acheter une charge provinciale et parvient à élever 5 fils (6° génération) dont le dernier épouse la fille d’un notaire de village dont il hérite la charge ; son 5° fils (7° génération) épouse la fille d’un paysan et hérite de la ferme de ses beaux-parents. Mais ses terres sont trop petites pour faire vivre tous ses enfants ; alors, son 5ème fils se louera comme ouvrier agricole et mènera une vie de misère (8ème génération) ; avec une compagne d’infortune, il lèguera peut-être un fils à l’attention des généalogistes ... Huit générations, c’est 200 ans seulement ! Cette généalogie n’est qu’une grossière caricature, mais elle permet de se persuader que très peu d’années suffisent pour que des haplogroupes ADN-Y intrusifs se retrouvent à tous les échelons d’une population. Encore s’agit-il ici d’une histoire familiale construite sur des unions ‘’légitimes’’, protectrices du statut des enfants … En cas d’illégitimité, la chute peut être beaucoup plus rapide entre le Capitole et le bas de la roche tarpéienne ! Retour

(51) S’accroit mais aussi dure plus longtemps ! Seul un vieil homme socialement puissant peut espérer conserver une vie sexuelle féconde. Un vieil homme pauvre n’intéresse ni les jeunes femmes ni les parents de celles-ci. Sans concession au politiquement correct et à la censure moralisante, cette prolongation de la vie sexuelle que confèrent richesse et rayon d’action peut être vue comme l’un des objectifs de la conquête du pouvoir et de la lutte permanente pour le conserver (i.e. des différentes formes de pouvoirs en tous genres). Retour

(52) Aux temps pré-médicaux, les enfants d’une femme riche avaient quand même un peu plus de chance que les autres d’arriver à l’âge de la reproduction, car ceux-ci bénéficiaient de meilleures conditions environnementale. Mais c’était un gain marginal. Jusqu’en plein XIXème siècle, il suffit d’observer l’hécatombe des bébés royaux pour s’en persuader. Sur les 10 à 15 enfants que les femmes de toutes conditions mettaient au Monde au cours de leur vie, seuls 2 ou 3 en moyenne parvenaient à l’âge de la reproduction. A l’inverse, dans les cultures fortement polygynes, un roi aidé de son harem pouvait devenir père d’une centaine d’enfants ! Ce qu’aucune reine humaine n’a jamais pu faire ! Ainsi en va-t-il de l’injuste Nature qui ignore le politiquement correct. Retour

(53) Comme on le verra dans cet atlas, l’archéogénétiques et la logique permettent de dire que les premiers hommes modernes d’Europe étaient d’haplogroupe A, BT, F, C (Aurignaciens) ; qu’ils ont été envahis par des hommes d’haplogroupe I (Gravettien, Magdaléniens) ; que ceux-ci ont été envahis par des hommes d’haplogroupes J, G et E essentiellement (Néolithiques) ; et enfin, que ceux-ci ont à leur tour été envahis par des hommes d’haplogroupe R1 (Indo-Européens) ; lesquels ont été à l’origine du dernier remplacement haplogroupal ADN-Y avant celui qui est en train de résulter des migrations qui se passent sous nos yeux. Retour

(54) Le terme métaphorique de ‘’cristallisation’’ a été proposé de longue date. Il est particulièrement bien adapté à la genèse de nouveaux peuples homogènes à partir de racines disparates. Comme en chimie, sous l’effet de conditions environnementales contextuelles, des ingrédients étrangers les uns aux autres vont réagir ensemble et cristalliser pour donner naissance à un produit nouveau. Point de Français avant la rencontre des Francs et des Gallo-Romains ! Point de Gallo-Romains avant celle des Gaulois et des Romains, etc. Ceci explique que la notion de ’’PROTO-QUELQUE CHOSE’’ ne peut-être qu’une approximation à valeur didactique qui doit tenir compte des racines de ce que l’on étudie. Dans les exemples cités, si ce qui est étudié est la langue, la protolangue française doit plutôt être recherchée du côté des Gallo-Romains que de celui des Francs (dont elle porte pourtant le nom), et avant cela du côté des Romains plutôt que de celui des Gaulois. Tandis que, si ce qui est étudié est la génétique (ensemble du génome), le proto-peuple Français doit encore être recherché du côté des Gallo-Romains plutôt que de celui des Francs, mais, avant ceux-ci, du côté des Gaulois plutôt que de celui des Romains. Le tout est d’accepter ces grossières filiations directes au motif que leur poids est prépondérant sur celui des autres filiations tout aussi directes. Retour

(55) De la même façon qu’une famille haplogroupale ADN-Y partagée par les hommes de tout un continent découle d’un individu unique bien réel, une macro-famille linguistique découle d’une unique langue réellement parlée il y a bien longtemps. La seule différence étant que les langues (comme le génome nucléaire) peuvent subir de nombreuses influences extérieures, tandis que les haplogroupes ADN-Y ne subissent AUCUNE influence extérieure autre que les mutations aléatoires. Retour

(56) Nous parlons ici d’une tête de pont dans un Monde initialement vide d’Humains modernes. Retour

(57) Parce qu’au débouché de l’Afrique de l’est, via une Arabie plus verte qu’aujourd’hui à l’époque de cette migration fondatrice. Le Moyen-Orient se trouve au centre des régions méridionales de l’Eurasie ; c’est-à-dire au centre du continent en dépit de sa géographie globale, parce que les Humains modernes anciens ne se sont pas tout de suite aventurés dans le grand nord, préférant les régions chaudes et tempérées où les conditions de vie étaient plus proches de celles de leurs ancêtres africains. Retour

(58) A l’époque subactuelle, la plupart des clans comptaient entre 20 et 100 membres maximum, nombre au-delà duquel les tensions augmentent tellement que la scission en deux clans devenait la meilleure solution. A l’échelon supérieur, les clans s’organisaient en tribus qui devaient atteindre environ 500 individus pour limiter les problèmes de consanguinité. De fait, la plupart des tribus subactuelles comptaient de 500 à 800 personnes au maximum. Ces nombres valaient un peu partout mais la surface du territoire nécessaire pour faire vivre tout ce monde variait bien sûr en fonction de l’écologie : on considère que dans les régions de toundra, il faut 200 km2 pour nourrir une seule personne, ce qui signifie qu’une tribu de 500 membres nécessite un territoire de plus de 100.000 km2. Dans les régions plus favorisées, une personne peut se contenter de 20 km2, et une tribu de 500 membres n’a besoin que d’un territoire de 10.000 km2. Peut-être la densité pouvait-elle être encore supérieure dans certaines régions exceptionnelles ?Retour

(59) La démographie est nécessairement un paramètre important. Si un centre est densément peuplé tandis que les marges le sont peu, l’évolution linguistique des populations centrales sera peu affectée par les innovations divergentes (où le conservatisme) des populations périphériques. Retour

(60) La multiplicité des haplogroupes CF, D, E, C, F, GHIJK, (etc.) nés dans la zone centrale ne doit pas nous leurrer en nous donnant l’impression d’une grande diversité génétique à date ancienne. Si les hommes (mâles) qui portent ces haplogroupes aujourd’hui font le plus souvent partie de groupes très éloignés aux plans ethniques et linguistiques, il n’en allait pas du tout de même au début de la glaciation : toute cette gamme d’haplogroupes n’existait alors qu’au travers des formes racines, lesquelles n’étaient que de simples variants de CT que l’on aurait très bien pu appeler **CT1, **CT2, **CT1a, **CT1b, **CT2a, etc. ; ce qui rend plausible qu’une unité linguistique (i.e. groupes de langues étroitement apparentées) accompagnait certainement cette unité génétique. Retour

(61) Dans cette série d’atlas, le signe ‘’*’’ placé à l’avant d’un terme, signifie que ce terme n’est pas consensuel mais proposé par nous. Cela afin de donner une réalité à un concept nouveau ou qui s’écarte significativement de ce qui a déjà été proposé à sa place. Le signe ‘’**’’ signifie que le terme a été ou pourrait être proposé, mais que ce terme n’est pas retenu comme satisfaisant. Retour

(62) Dès 1920, il a été proposé que le Chinois pouvait être apparenté aux langues Athapascanes et à celles des indigènes de la côte Nord-Ouest du Canada. Dans les années 1980, les langues nord-caucasiennes et Ienisseïennes furent associées à cet ensemble ; puis le Burushaski et le basque dans les années 1990. La superfamille Déné-Caucasienne n’est pas consensuelle, mais nous parait assez solide pour être considérée comme un regroupement valide dans la mesure où ce regroupement est assez bien superposable à l’haplogroupe C. Retour

(63) Dès le début du XX° siècle, les linguistes russes ont postulé l’existence d’un langage ancien qu’ils ont appelé Nostratique parce qu’ils le plaçaient en position ancestral vis-à-vis du Russe et de ‘’nos’’ autres langues d’Europe, ainsi que de bien d’autres langues. Bien que faisant toujours l’objet de débats, le Nostratique parait être un concept solide. La reconstitution de son vocabulaire est déjà avancée. Comme nous le verrons dans l’atlas, la solidité des reconstructions génétiques est parfaitement superposable avec la phylogénie des haplogroupes ADN-Y. Retour

(64) Grâce à des traits et/ou du vocabulaire partagés entre plusieurs langues modernes, mais inexistants dans les autres. Retour

(65) Plus exactement, il s’est probablement agi d’un processus continu d’exfiltration des groupes de la périphérie du ‘’hub’’ ; mais un processus continu scandé par des phases d’accélération plus soudaines et plus massives qu’à l’ordinaire. On peut penser que ce sont ces phases d’accélération que nous repérons au travers des macro-familles linguistiques. Retour

(66) Une précision pour bien comprendre la logique qui sous-tend cette hypothèse d’un couplage ancien entre les grands haplogroupes ADN-Y et les macro-familles linguistiques. A partir d’un haplogroupe donné, de nouveaux variants apparaissent tout le temps et coexistent au sein d’une même population. Si nous repérons des variants haplogroupaux de tel ou tel grand haplogroupe dans la population actuelle, c’est que ces variants ont survécu jusqu’à nous ; ce qui veut dire, qu’à une époque donnée, ils ont connu un certain succès démographique après avoir réussi à s’imposer localement dans une certaine durée. Bien sûr, cette population dominante parlait un dialecte de sa langue régionale ; dialecte qui fut favorisé par son succès. En gros, dans une situation pré-étatique où une population se répartit en petites chefferies rivales animées par des clans familiaux, le succès durable d’une chefferie (i.e. d’un clan familial patrilinéaire) implique le succès de ses haplogroupes ADN-Y et le succès de son dialecte. Retour

(67) La précision ‘’linguistiquement vide’’ est là pour rappeler que ce Monde n’était pas initialement vide d’Humains archaïques mais initialement vide de langage élaboré. L’autre possibilité (un effacement) vaut pour des époques ultérieures, par exemple lorsque de nouveaux progrès aux mains d’une nouvelle pulsation migrante (comme le propulseur), amoindrissait les facultés de résistance des indigènes. Retour

(68) Il n’y avait naturellement aucune planification à long terme de ces mouvements. Les gens ignoraient la géographie mondiale et ne se préoccupaient que de ‘’bonnes terres’’ qui permettaient de nourrir leurs enfants. Retour

(69) Comme nous venons de le voir avec le groupe *Eurasiato-Amérinde (‘’hub secondaire’’) et son expansion béringienne Proto-Amérinde (‘’hub tertiaire’’). Retour

(70) Les dernières régions qui demeurèrent vierges n’étaient plus que celles qui restaient encore inhabitables compte-tenu des technologies balbutiantes de l’époque (Grand Nord, montagnes, déserts). Retour

(71) La notion d’archaïsme dans une langue, signifie que les autres langues du même groupe (ici celles de la zone centrale) ont abandonné le trait étudié. Même si la densité démographique des locuteurs du ‘’hub’’ contribuait à stabiliser la langue ‘’centrale’’, les ‘’effets de mode’’ pouvaient faire adopter de nouveaux mots ou de nouvelles prononciations qui se transmettaient rapidement à toutes les populations voisines. Alors que la langue exilée pouvait rester plus fidèle à certaines formes anciennes. Ce phénomène de conservatisme des marges est bien connu. C’est par exemple ce qui explique la permanence de mots français médiévaux dans le vocabulaire anglais contemporain, ou encore la certaine survivance d’une ancienne prononciation du français chez les Québécois. Retour

(72) Bien sûr, cette rupture de compréhension ne constituera un problème concret que si de nouveaux mouvements migratoires devaient un jour remettre les lointains cousins en présence les uns des autres [cf. ci-dessous]. Retour

(73) Bien que le groupe Amérinde soit, de loin, le plus vaste des deux Amériques, toutes les langues dites ‘’amérindiennes’’ (i.e. Native American) ne sont pas des langues amérindes. Comme nous le verrons, c’est du ‘’hub secondaire’’ *Eurasiato-Amérinde qui s’était constitué à l’Interpléniglaciaire entre l’Asie Centrale et l’Altaï (premier effilochage d’un stade ancien du Nostratique moyen-oriental), que sortirent les tribus à l’origine du groupe Amérinde. Celles-ci migrèrent dans le Grand Nord béringien (deuxième effilochage) où elles stationnèrent longtemps, faute de pouvoir aller plus loin du fait de l’inlandsis qui recouvrait le Nord de l’Amérique du Nord. Ce n’est qu’au Tardiglaciaire que le groupe béringien Proto-Amérinde put s’infiltrer dans le Nouveau-Monde. Dans cette immensité entièrement vide d’Humanité, les tribus s’égayèrent sans résistance dans toutes les directions et subirent TOUTES un troisième effilochage de leur langue qui fut divergeant pour chacune d’entre elles ! Ceci explique que, de nos jours, le concept de macro-langue Amérinde ne s’est pas imposé sans critique : les langues Amérindes d’aujourd’hui sont TRES divergentes entre elles, puisque elles sont toutes issues de groupes explosés dans toutes les directions. Cela explique aussi pourquoi le rattachement de l’Amérinde à l’Eurasiatique fait toujours l’objet de débats. Retour

(74) Aux temps subactuels, les peuples pré-étatiques de tous les continents étaient pratiquement chaque année engagés dans des guerres ou à tout le moins des escarmouches contre leurs voisins ; ces conflits étant (officiellement) dictées par l’honneur, la vengeance, le non-respect de certaines règles, les razzia et contre-razzia alimentaires, le rapt des femmes étrangères, etc.  Considérant cette ethnologie et l’ancrage éthologique des Chimpanzés, il n’y a aucune raison pour penser que nos ancêtres du paléolithique se comportaient autrement.  Et comme les étrangers avec lesquels on entre le plus facilement en guerre ont été les voisins immédiats jusqu’au début du XX° siècle, il est probable que la plupart de ces innombrables drames oubliés du paléolithique, concernaient des populations génétiquement et linguistiquement très proches. Ce n’est qu’en cas de migration à longue portée que des groupes très différents pouvaient entrer en conflit ; c’est-à-dire entraient obligatoirement en conflit ; le conflit étant la norme et non l’exception ! Retour

(75) Plus tard, à partir du néolithique, l’entrechoquement des peuples s’accentua en raison de l’importante inflation démographique qui en résulta (conquêtes par le ventre) ; plus tard encore, à partir des âges des métaux, l’entrechoquement des peuples deviendra majeur en raison de l’amélioration des armes mais aussi de la révolution des transports (conquête par le cheval, puis conquête par le charriot, puis conquête par le char). Ces entrechoquements néolithiques et post-néolithiques seront le sujet de l’atlas n°4. Retour

(76) Les mots les plus neutres se chargeant rapidement d’affects anachroniques, il convient de préciser que le mot ‘’indigène’’ est utilisé pour désigner – sans jugement de valeur – les gens qui vivent depuis plusieurs générations dans une région donnée. Si, à la suite d’un conflit, ces indigènes sont vaincus par un groupe intrusif, la nouvelle société qui émergera de ce traumatisme devra à son tour être qualifiée d’indigène au bout de quelques générations ! Elle le sera sans conteste, lorsqu’un nouveau groupe intrusif entrera un jour en contact avec elle. Retour

(77) Le fait que les peuples modernes regroupent souvent plusieurs haplogroupes ADN-Y disparates, pourrait être une conséquence de ce changement (pré)historique d’attitude vis-à-vis des vaincus. Retour

(78) C’est ce scénario qui semble avoir été activé lorsque les ancêtres Indo-Européens occidentaux des Celtes et des Italiques sont arrivés en Europe v. 5100 AEC, car, malgré l’éloignement géographique et les siècles, le vocabulaire et la prononciation de ces langues sont restés assez fidèles aux prototypes Indo-Européens [cf. atlas n°4]. C’est peut-être aussi ce qui explique le maintien d’institution (culture) communes aux Indo-Iraniens et aux Italo-Celtiques (cf. le mot ‘’roi’’, ou le maintien de collèges de prêtres), alors que ces traits culturels étaient plus profondément renouvelés chez les Germains dont le peuple avait probablement cristallisé sur le substrat d’une communauté indigène plus importante. Retour

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