G - 68.500 à 61.500 AEC
Premier pléniglaciaire – stade de Schalkholz (2/3)
Stade de Schalkholz moyen : 68.500 à 62.000 AEC
2nd réchauffement intra-Schalkholz: 62.000 à 61.500 AEC
MIS 4 (2/3)
CLIMAT
Si l’on passe sur un bref réchauffement qui l’entrecoupa pendant environ 2 siècles aux alentours de v. 67.500 AEC, et si elle correspond bien au GS-19 de la chronologie glaciaire groenlandaise, la partie moyenne du stade de Schalkholz – ici appelée stade de Schalkholz moyen – s’étendit entre v. 68.500 et 62.000 AEC. Le niveau des océans devait toujours se situer environ 90 à 100 mètres plus bas que les nôtres.
Le Schalkholz moyen fut suivi par une brève phase d’amélioration climatique entre v. 62.000 et 61.500 AEC (GI-18), que nous appellerons second réchauffement intra-Schalkholz. Après cette embellie, les conditions glaciales s’installeront une nouvelle fois [cf. carte H].
L’aride Maluekien se poursuivait en Afrique.
Peuples africains d’haplogroupes A, BT* et B
Le paysage génétique et ethnolinguistique africain restait potentiellement inchangé, avec des industries qui étaient toujours les plus modernes de leur temps :
- En Afrique du Nord, séparée du reste de l’Afrique par la barrière du Sahara hyperaride, le groupe *atérien, perdurait au Maroc et en Algérie ; tandis que l’industrie moustérienne avait fait son retour en Cyrénaïque (site d’Haua Ftehea). Les uns et les autres auraient pu porter l’haplogroupe A1b-M13, et aussi l’haplogroupe BT* pour le groupe de Cyrénaïque ? Cependant, un apport Néandertalien ne peut pas être exclu dans les groupes de Cyrénaïque ; ce qui pourrait expliquer la régression technologique observée dans cette région.
- En Afrique du Sud, le groupe *Proto-Khoisan développa une nouvelle phase du MSA local, connu sous le nom d’Howiesons-Poort (MSA HOW) (entre v. 68.000 à 57.000 AEC). L’industrie de ce quasi LSA comprenait des microlithes non géométriques [cf. carte F], des pendentifs et une utilisation d’ocre. Les Hommes véhiculaient probablement l’haplogroupe A1b-M51, fréquent chez les Khoisans de notre époque qui sont pour l’essentiel d’entre eux leurs descendants patrilinéaires.
- En Afrique de l’Ouest, le Lupembien (LUP) était peut-être porté par des populations d’haplogroupe A1a qui avaient repoussé et intégré des groupes *Sangoens plus anciens, porteurs des haplogroupes A0 et A00. A partir de cette carte G, nous cessons de représenter le Sangoen sur les cartes. Toutefois, jusqu’au seuil de l’Holocène, les industries d’Afrique de l’Ouest conserveront un retard comparativement au reste de l’Afrique.
- En Afrique de l’Est, le groupe *Etéo-Africain porteur des haplogroupes BT* et B, avait été rejoint par le groupe *Rétro-africain qui s’était peut-être implanté dans le massif éthiopien où il exprimait l’haplogroupe DE*(E) (i.e. ancestral de E).
Peuples d’haplogroupe DE*
Désormais très éloignés de leurs proches parents *Rétro-Africains qui avaient introduit l’haplogroupe DE* en Afrique, les tribus DE* et D asiatiques étaient toujours les seules populations modernes aventurées au Sud-Est de ce continent. Nous avons appelé *Paléo-Asiatique cet ensemble ethnolinguistique qui devait alors former un continuum de peuples effiloché depuis le Pakistan jusqu’en Indo-Sunda. Ce groupe poursuivit sa colonisation de l’Asie méridionale :
- Si les îles Andamans n’avaient pas été peuplée dès le stade de Schalkholz ancien, elles le furent probablement au stade moyen par des groupes porteurs de DE*.
- A l’époque de la carte G, toute la péninsule d’Indo-Sunda (i.e. Indochine, Péninsule malaise, Bornéo, Sumatra, Java, Bali) devait également être le domaine exclusif des DE* et des D qui commençaient eux même à se diversifier en nouveaux variants ; l’haplogroupe D1 pourrait en effet dater de v. 67.000 AEC et avoir été originaire d’Indochine plutôt que du Sunda plus méridional, comme on peut l’inférer de son histoire ultérieure qui le porta en direction du Nord212. Au Sud de la Chine, l’homme de Liujiang (Guangxi) pourrait dater de v. 67.000 AEC ; l’origine de l’haplogroupe D1 aurait-il été déterminé par le premier peuplement moderne de la Chine du Sud ? Les restes de Liujiang expriment des traits anthropologique qui ont été considérés soit comme Australoïdes, soit comme Mongoloïdes, soit comme un mélange des deux ? Or, dans l’introduction, nous avons relié le type physique *Proto-Australoïde aux Dénisoviens méridionaux213, et le type physique *Proto-Mongoloïde aux populations de Chine dont les ancêtres Néandertaloïdes s’étaient autrefois métissés avec les Dénisoviens locaux [cf. atlas n°2]. Les restes de Xujiayao, en Chine du Nord, sont bien illustratifs de ces hybridations qui furent à l’origine du morphotype Mongoloïde et qui étaient survenues au Nord de la Chine bien avant l’arrivée des Hommes modernes : ils sont ceux d’un Homme archaïque grossièrement daté du MIS 4 et qui présente à la fois des caractéristiques physiques qualifiées de Néandertaliennes et d’Erectus ; ce dernier terme pouvant très facilement être rectifié en ‘’Dénisoviennes’’.
- Depuis le Sunda, des DE* et des D* (i.e. D non-D1) s’implantèrent aux Philippines où leurs descendants sont toujours présents parmi les minorités ethniques insulaires ; ils arrivèrent nécessairement en bateaux214 car l’archipel n’est jamais relié au continent, y compris lors des épisodes glaciaires les plus intenses ! A Callao, les premiers restes humains modernes des Philippines dateraient de v. 67.000 AEC215. Peut-être les Célèbes furent-elles aussi peuplées pour la première fois dans ce même mouvement migratoire qu’on pourrait situer aux alentours de 68.000 AEC ?
- Enfin, obligatoirement par voie de mer là encore, il est possible que les premiers Humains aient atteint le Sahul216 vers cette même époque217 ? En effet, bien que de nombreux chercheurs penchent plutôt pour une date de colonisation située aux alentours de v. 50.000 AEC, le site de Madjedbebe, en Australie du Nord, daterait de v. 67.000 AEC. Ces hardis pionniers du troisième continent colonisé par les Humains, devaient véhiculer des variants de l’haplogroupes DE*218.
Peuples d’haplogroupes CF
Nous avons vu que le groupe *Néo-Boréal – constitué par les porteurs de l’haplogroupe CF qui vivaient au Moyen-Orient – s’était divisé vers 70.000 AEC en deux groupes fils que nous avons appelés Déné-Caucasien (haplogroupe C) et *Proto-Nostratique (haplogroupe F). [cf. carte G]. Pour justifier la dispersion géographique que nous observons chez leurs descendants actuels ainsi que la séquence temporelle probable de ces mouvements219, on est incité à avancer que les gens d’haplogroupe C / Déné-Caucasiens220 se situaient en position périphérique du ‘’hub’’ (monts Zagros, Séistan, monts Suleyman) tandis que les gens d’haplogroupe F / *Proto-Nostratiques vivaient plutôt au centre du ‘’hub’’, près des côtes du Golfe Persique. Il est logique d’inférer cette position car elle permet d’expliquer pourquoi le groupe C se répandra dans trois directions au début du MIS 3 : sur la voie du Sud(Est) (du côté de l’Asie orientale), sur la voie de l’Ouest (du côté de l’Anatolie et plus tard de l’Europe), et sur la voie du Nord (vers l’Asie Centrale) [cf. cartes I & suivantes]. Un peu plus tard, le groupe F(non-GHIJK) suivra lui aussi les mêmes route mais de manière plus marginale et probablement dans le sillage des mouvements de C [cf. carte K].
Peuples d’haplogroupes C
Le groupe C était celui des peuples Dené-Caucasiens encore indivis. Etait-il apparu plus tôt que F, son groupe frère ? Par exemple v. 70.000 AEC, tandis que F serait apparu v. 65.000 AEC ? De ce fait, C aurait eu la possibilité de se répandre le premier en périphérie de l’aire nucléaire de CF ? C’est-à-dire en périphérie du ‘’hub’’. Si ce scénario pouvait mieux être argumenté, on comprendrait que les gens d’haplogroupes F – issus d’un CF*(non-C) aujourd’hui disparu – aient vécu dans la partie centrale de l’aire moyenne-orientale. Pour l’heure, la gamme des variants de l’haplogroupe C devait encore être réduite car les grands variants actuels, C1 et C2, n’existaient vraisemblablement pas encore.
Peuples d’haplogroupes F*(non-GHIJK)
L’haplogroupe F / CF*(non-C) était celui du groupe central que nous avons identifié sous le nom de *Proto-Nostratique [cf. carte F]. Depuis 2015, la nomenclature de l’haplogroupe F a évolué ; ce qui engendre un important risque de confusions lorsqu’on examine la littérature. Selon le système le plus récent (ISOGG-2018), F-M89 a pour variants F*-M89* (représenté en Hormozgân près du Golfe, au Pakistan, en Inde, au Népal et au Sri-Lanka, mais également à Sulawesi et à Lembata, en Asie Centrale, en Arabie, en Afrique du Nord-Est et en Europe du Sud-Est), F1-P91 (rare au Sri-Lanka), F2-M427 (en Asie du Sud-Est et en Chine du Sud), F3-M481 / F3-‘’vrai’’ / ex-F5 (rare au Népal et en Inde), F4-Z4073 (Viet-Nam), et GHIJK-F1329/M3658. L’ex-F3 est aujourd’hui réattribué à H2-M96.
On ne sait pas encore où et quand ces variants de l’haplogroupe F sont apparus, car tous sont aujourd’hui vestigiaux et difficilement étudiables, à l’exception de GHIJK – que l’on pourrait tout aussi bien nommer *F5 – qui eut une expansion considérable [cf. ci-dessous]. A partir de F, l’haplogroupe GHIJK et des variants F(non-GHIJK) pourraient être apparus v. 65.000 AEC. Avec peut-être une concentration de GHIJK dans la zone hyper-centrale du ‘’hub’’, tandis que les porteurs de F(non-GHIJK) / F(F1-F2-F3-F4) étaient plutôt situés en périphérie, dans une zone intermédiaire entre celle où vivaient les porteurs de GHIJK et celles où vivaient les porteurs de C. Plus tard, des tribus F(F1-F2-F3-F4) migreront en direction de l’Est où elles donneront naissance à F1 et F3 en Indes, puis à F2 et F4 en Asie du Sud-Est ; pendant que d’autres tribus F* demeureront au Moyen-Orient, en périphérie du nouveau groupe central GHIJK221. Nous placerons ces mouvements dans 20.000 ans [cf. Carte K].
Afin de donner une identité aux populations d’haplogroupe F(non-GHIJK) – au moins à celles qui entameront plus tard une migration vers l’Est – on donnera le nom de *Para-Nostratique à leur groupe ethnolinguistique. Aucun matériel linguistique ne semble nous être parvenu de ce groupe222.
Peuples d’haplogroupes F*(GHIJK)
Le variant GHIJK de l’haplogroupe F allait connaître un destin prodigieux. Comme tous ses prédécesseurs racines – et plus largement comme n’importe quel haplogroupe ou variant d’haplogroupe – ce variant, aussi banal qu’extraordinaire, apparut un jour chez un garçon bien précis dont la vie fut aussi réelle que nos propres vies. Il serait intéressant de savoir par quelles facéties du hasard ce fabuleux garçon parvint à devenir l’ancêtre patrilinéaire direct de près des 2/3 de nos contemporains appartenant aux populations ‘’de souche223 de TOUS les continents224 ! Hélas, l’histoire de cette gloire oubliée nous restera à jamais inaccessible225. Aujourd’hui, l’haplogroupe GHIJK est éclaté en de nombreux variants qui sont chacun assez considérables pour avoir chacun mérités une lettre bien à eux ; c’est-à-dire l’une ou l’autre des lettres G, H, I, J et K que l’appellation GHIJK a le mérite de lister intégralement, mais auxquelles il faut encore ajouter les propres variants de l’haplogroupe K que sont L, T, N, O, P, Q, R, M et S. L’importance historique de ce groupe GHIJK ne découle pas seulement du nombre actuel considérable de ses descendants, mais transparait aussi sur le plan de son unité linguistique. En effet, la langue oubliée des premiers individus GHIJK doit être située en position originelle de la famille linguistique Nostratique (sensu lato) dont la sous-branche Eurasiatique – reposant exclusivement sur K – est elle-même l’ancêtre de très nombreuses langues mondiales et notamment de toutes les langues européennes à l’exception du basque. On pourrait appeler *Néo-Proto-Nostratique cette importante langue racine GHIJK des ¾ des langues actuelles, afin de signifier qu’elle découlait de la langue des premières populations d’haplogroupe F que nous avons appelé *Proto-Nostratique. Mais on l’appellera plus volontiers *Macro-Nostratique ou *Nostratique-Ancien (*Paléo-Nostratique) ou encore *Nostratique-1 ; toutes expressions qui sont forgées pour placer cette langue disparue à l’origine d’une grande aventure ethnolinguistique [cf. reste de l’atlas n°3 & atlas n°4]. Aux temps de leur unité provisoire, les populations GHIJK pourraient avoir peuplé les rives du Golfe Persique, c’est-à-dire le cœur du ‘’hub’’ moyen-oriental ?
Peuples Paléo-Levantins
Nous avons déjà précédemment évoqué les peuples *Paléo-Levantins du MIS 4 ; époque où des Néandertaliens avaient repeuplé la région et s’étaient probablement mêlés à eux, ramenant leur industrie vers le Moustérien.
Hommes archaïques
Lorsqu’au début du MIS 4 [cf. carte F] des petites bandes d’Hommes modernes DE*(D) / D* s’infiltrèrent dans la vaste péninsule d’Indo-Sunda, elles découvrirent peut-être une dense population de
Dénisoviens méridionaux / Homo heidelbergensis avec lesquels ils se métissèrent abondamment. L’hypothèse d’une hybridation locale massive et prolongée trouve du crédit lorsqu’on s’avise que c’est précisément en Asie du Sud-Est, et plus encore dans ses dépendances océaniennes226, que l’on trouve les plus forts taux de gènes Dénisoviens (jusqu’à 6 à 7 %) ; qui sont aussi les plus forts taux d’ADN archaïque relevés dans notre Monde contemporain ! Or, nous avons dit dans l’introduction que le pourcentage de gènes archaïques à probablement régulièrement chuté depuis la disparition des derniers Hommes archaïques, en raison d’une pression de sélection négative qui s’est continument exercée pour éliminer les variants alléliques ‘’pauci-cognitifs’’. Ceci conduit à penser que les taux de 6 à 7% des Océaniens actuels sont bien inférieurs aux taux qui prévalaient chez leurs ancêtres locaux227 ! De fait, si l’on applique au Sud-Est asiatique le taux de décroissance constaté en Europe entre l’époque de la première colonisation moderne (10%) et notre propre époque (2%), on peut tabler sur un taux considérable d’environ 30% de gènes archaïques dénisoviens chez les premiers habitants modernes du Sunda ! Taux auquel il faudrait ajouter le pourcentage de gènes Néandertaloïdes hérités en traversant le Moyen-Orient puis les Indes …
Considérant que les Dénisoviens méridionaux étaient des Humains archaïques particulièrement ‘’pauci-cognitifs’’ – ce que l’on déduit de leur technologie fruste, inchangée depuis le Paléolithique inférieur –, un tel pourcentage de gènes archaïque dut nécessairement avoir des conséquences cognitives majeures et prolongées. C’est cela que nous avons appelé le ‘’puits cognitif’’ d’Asie du Sud-Est [cf. carte Q pour une synthèse de la question].
Toutefois, ce raisonnement est très théorique car la situation réelle était peut-être un paysage humain en mosaïque ? En effet, il n’est pas impossible que certaines bandes d’Hommes modernes aient longé les côtes assez rapidement et aient eu moins d’occasion de se métisser abondamment que les bandes qui vivaient à l’intérieur des terres ? C’est peut-être ce qui explique les quelques rares sites d’Indo-Sunda et du Sahul où l’on observera, plus tard, des pièces lithiques qui ont conduit certains chercheurs à se poser la question d’une certaine ‘‘composante Levallois’’ dans les industries locales ? Peut-être que ces artisans-là n’avaient pas tout oublié de l’industrie moustérienne de leurs ancêtres occidentaux (semi-)modernes ? Dans ce scénario, les sites côtiers pourraient avoir été différents des sites de l’intérieur des terres où les contacts entre les Hommes Modernes et les Dénisoviens étaient peut-être plus fréquents ? Malheureusement, qu’elle soit vrai ou fausse, cette hypothèse sera difficile à vérifier dans la mesure où tous les rivages et toutes les plaines du Sunda de l’époque des MIS 4 et MIS 3 sont aujourd’hui engloutis sous de nombreux mètres d’eaux !
Notes :
(212) Nous avons préféré faire passer tous les DE* / D par la ‘’voie du Sud’’. Mais ce destin septentrional de D1 est l’un des éléments qui pourraient faire préférer la ‘’voie du Nord’’ pour ce variant de l’haplogroupe D. Dans cette version alternative de l’histoire que nous cherchons à reconstituer, DE* aurait pu s’avancer en pionnier par la ‘’voie du Sud’’ ; puis D serait apparu dans le ‘’hub’’ ; ensuite de quoi D1 serait passé par la ‘’voie du Nord’’ tandis que D2 et des formes D* serait passées par la ‘’voie du Sud’’ avant de se perdre dans le ‘’puits cognitif’’ d’Asie du Sud-Est. Dans cette version alternative, les cognitions des D1 – ancêtres des Aïnous – auraient été peu affectées. Retour
(213) Si, comme nous l’avons proposé dans l’atlas n°2, les Dénisoviens / Heidelbergensis extrême-orientaux s’étaient répandus depuis la Mongolie jusqu’à l’extrémité du Sunda, cela pourrait signifier qu’il existait une proportion plus marquée de gènes Erectus au Sud qu’au Nord ; cela parce que les Dénisoviens / Heidelbergensis du Sud étaient le produit d’une suite de métissages qui s’était prolongée beaucoup plus longtemps qu’au Nord (cf. avancée d’un front de rencontre).Retour
(214) Dans l’atlas n°2, nous avons déjà vu que la traversée de bras de mers est la meilleure explication possible pour certaines observations archéologiques. On l’a notamment évoquée, via Gibraltar, pour l’installation de l’acheuléen en Europe occidentale. Mais il s’agissait à chaque fois de bras de mer étroits de quelques kilomètres à peine. Dans le cas de la colonisation des Philippines, on est obligé d’envisager quelque chose de plus sophistiqué.Retour
(215) Homme de Callao, à Cagayan sur l’île de Luzon. Les restes sont limités à un fragment de métatarse qui ne permet pas de définir le type anthropologique. L’individu étant de petite taille, on pourrait spéculer sur un possible métissage avec des Erectus insulaires nains, qui auraient pu être comparable à ceux de Flores et dont nous n’aurions pas encore découvert la trace ? Retour
(216) Continent des périodes glaciaires, composé par la réunion de la Nouvelle-Guinée, de l’Australie et de la Tasmanie.Retour
(217) A Rottnest Island, au large de Perth, des vestiges humains pourraient dater d’une fourchette estimée par certains entre 50.000 et 70.000 ans ; mais d’autres chercheurs avancent 30.000 AEC seulement ! Cependant, en terre d’Arnhem, le site de Malakunanja-2 daterait de v. 65.000 AEC. Le passage des premiers Humains en Australie atteste formellement l’existence d’embarcations, car l’Australie n’est jamais rattachée à l’Asie, même lors des glaciations les plus intenses. Toutefois, lors de ces épisodes glaciaires, le trajet maritime est considérablement raccourci ; ce qui pointe le Schalkholz moyen ou le Schalkholz récent lorsqu’il s’agit de déterminer ce grand évènement : la conquête d’un troisième continent par les Hommes modernes ! Une précision : il ne faut pas s’imaginer l’arriver en Australie comme une conquête planifiée ; le franchissement de plusieurs bras de mer était nécessaire pour y prendre pied, ce qui signifie que ce fut une conquête de proche en proche.Retour
(218) L’archéogénétique pourrait prochainement confirmer cette thèse en faisant parler les ossements des Tasmaniens exterminés par les Anglais au XIX° siècle.Retour
(219) Estimée au travers de cette répartition géographique et des indications chronologiques données par les horloges moléculaires.Retour
(220) Des linguistes historiques ont depuis longtemps soupçonné une macro-famille très ancienne qui a été appelée Déné-Caucasienne. On doit associer ces langues à l’haplogroupe C. Pourtant, si les actuelles langues Déné-Caucasiennes orientales (Chinois, Ienisseïen, Na-Déné) et centrale (Burusho) sont effectivement parlées par des peuples où l’haplogroupe C est majoritaire ou au moins présent, il n’en va pas de même des langues Déné-Caucasiennes occidentales (Basque, Nord-Caucasien) où l’haplogroupe C n’est pas (Pyrénées actuels) ou peu (Caucase actuel) représenté. Toutefois, la découverte archéogénétique récente d’un homme C1b* à Kostenki (i.e. non loin du Nord-Caucase) accrédite la présence autrefois plus étendue du groupe C ; groupe C dont on sait aussi depuis peu qu’il était également présent en Europe occidentale sous la forme de C1a2, entré à l’époque aurignacienne et qui subsista dans les Pyrénées au moins jusqu’au seuil du Néolithique. Ainsi, le concept de macro-famille linguistique Déné-Caucasienne pourrait être valide à condition que le remplacement des haplogroupes ADN-Y survenu en Europe occidentale et orientale se soit accompagné d’une survivance des langues très anciennes dans des conservatoires montagnards ? Langues très anciennes qui ne seraient pas sorties indemnes de ces invasions successives venues lécher les flancs des massifs montagneux ; ce qui ferait que les langues vestigiales comme le Basque ou le Nord-caucasien sont aujourd’hui des constructs complexes, mais à la base desquels des éléments Déné-caucasiens demeureraient perceptibles [cf. dans l’introduction le concept de langues entrechoquées].Retour
(221) Aujourd’hui, l’haplogroupe F(non-GHIJK) est un peu moins mal représenté à l’Est qu’à l’Ouest. Cela pourrait s’expliquer par un mouvement plus marqué vers l’Est ? Mais cela pourrait aussi s’expliquer parce que les porteurs occidentaux de F* furent plus massivement éliminés par des vagues migratoires plus récentes ?Retour
(222) Les données archéogénétiques sont encore quasi inexistantes pour les peuples anciens. Des variants non-GHIJK de F pourraient-ils avoir été représentés chez les Sumériens ? La vérification de cette hypothèse fragile pourrait aider à mieux situer la langue sumérienne dont la position oscille entre la famille déné-caucasienne et la famille nostratique. Remarquons cependant que cette position « entre deux » pourrait tout aussi bien découler de n’importe quelle forme ancienne de GHIGK, porteur des ‘’véritables’’ langues nostratiques. Il s’agit d’une question de seuil nécessairement arbitraire mais que la connaissance des haplogroupes ADN-Y viendrait éclairer.Retour
(223) Ce terme n’ayant de sens que compte-tenu de la faible profondeur de notre regard préhistorique. Cet atlas a été entrepris pour éclairer cette cécité.Retour
(224) Entre beaucoup d’autres peuples, il était l’ancêtre patrilinéaire de TOUS les Européens de souche actuels ; tout comme sa langue était en position ancestrale des langues européennes et de bien d’autres. Cette position est abondamment justifiée dans tout ce qui suit [atlas n° 3 & 4].Retour
(225) L’oxymore « gloire oubliée » vient à l’esprit pour rêver un instant à l’histoire inaccessible des garçons chez qui sont apparus chacun des haplogroupes racines que nous étudions. Spéculons quand même sur les raisons de leur succès : 1) Un garçon nait avec un nouveau variant ADN-Y dont il ignorera toute sa vie qu’il est le premier porteur puisque la notion de génétique lui est étrangère ; 2) Ce garçon devient (lui ou l’un de ses fils) chef de sa tribu de par sa naissance ou par les contingences de l’existence ; 3) Conducteur de guerres tribales victorieuses, il impose sa domination aux communautés voisines ; 4) Sa descendance masculine légitime et illégitime est nombreuse : cela aussi bien par hasard (engendrement de fils plutôt que de filles), qu’en raison d’un contexte favorable (nombreux enfants issus de plusieurs femmes) ; 5) Sa tribu réussit à maintenir sa domination sur les tribus voisines, massacre leurs élites et installe les enfants du vieux chef victorieux à la tête des tribus vaincues comme dans le lit des veuves de guerre ; 6) Viennent ensuite des succès militaires et reproducteurs de ces jeunes chefs, qui propagent l’haplogroupe ADN-Y de leurs pères et grand-père… 7) Même si rien ne dure et malgré les batailles qui ne manqueront pas de survenir rapidement entre les cousins qui partagent tous le même haplogroupe, ce succès initial peut suffire à installer rapidement le nouvel haplogroupe à la tête de la société de toute une province. 8) Puis – rapidement, parce que les hommes appartenant à l’élite sociale ont davantage d’enfants que les autres hommes (polygamie, nourriture, soins) –, cet haplogroupe peut devenir majoritaire dans une nation toute entière. Car en ces temps paléolithiques, les populations étaient de tailles réduites. Il faut cependant comprendre que tout ce ‘’succès’’ ne peut que résulter d’une série de hasards et que la plupart des nouveaux variants ne connaitront jamais un destin aussi glorieux que celui dont pourrait à juste titre se prévaloir l’ancêtre patrilinéaire GHIJK des deux tiers de l’Humanité. De manière fractale, c’est-à-dire avec un succès bien moins colossal en raison d’une origine bien plus récente et d’un contexte bien moins favorable, parce qu’il s’agissait d’une époque où le monde était beaucoup plus peuplé ; c’est exactement ce qui semble s’être produit avec Gengis-Khan : une étude propose ainsi que 0,5 % de la totalité des hommes (mâles) actuels, descendraient directement du conquérant en ligne patrilinéaire. C’est déjà beaucoup pour une époque aussi récente !Retour
(226) Plus encore car, depuis l’époque dont nous parlons, de nouvelles invasions ont sans cesse repoussé les anciennes populations au bout du Sunda et au-delà, concentrant les gènes anciens dans les nouvelles provinces de Papouasie-Nouvelle-Guinée, d’Australie et de leurs dépendances océaniennes.Retour
(227) En Europe, l’archéogénétique montre jusqu’à 10% d’ADN Néandertalien au moment de la colonisation Pré-Aurignacienne / Aurignacienne, alors que ce pourcentage est d’environ 2% chez les Européens d’aujourd’hui. En Asie du Sud-Est, le même raisonnement bâti sur les 6% d’ADN Dénisovien constaté aujourd’hui, aboutirait à environ un tiers d’ADN archaïque chez les premiers Humains modernes du Sunda. Assurément, c’est beaucoup ; et cela pourrait avoir eu des conséquences cognitives massives [cf. carte Q] ?Retour