Y - 7.200.000 à 5.300.000 AEC
MIOCENE Supérieur – Messinien
HOMININAE (suite)
Au long de leur évolution dans les anciennes forêts paratropicales et tropicales d’Eurasie, les Hominidés avaient adopté une riche gamme de bipédie arboricole et terrestre, de quadrupédie terrestre sur les phalanges (knuckle-walking), de grimper et de brachiation98. En Afrique, ces potentialités multiples offrirent aux descendants de Nakalipithecus [cf. carte W] l’opportunité de coloniser plusieurs types de biotopes. C’est ce qui détermina, in fine, la séparation des Gorilles [cf. carte W], des Chimpanzés et des Humains.
Sur le plan phylogénétique, le clade des Gorillini (limité aux seuls Gorilles, précocément retournés à la forêt pluviale) est le groupe frère du clade des HOMININI qui comprend les Chimpanzés / Bonobo (plus tardivement retournés à la forêt pluviale) et les Humains (jamais retournés à la forêt pluviale avant l’apparition de l’Homme Moderne [cf. atlas n°2].
HOMININI v. 9 MA Afrique
Après la séparation des Gorillini / Gorilles, la génétique nous enseigne que les ancêtres des Humains et des Chimpanzés ont formé un seul et même taxon pendant environ 2 millions d’années.
*PRE-SAHELANTHROPUS / *HOMOPAN : 9 à 7 MA ?, Afrique
Ces ‘’*Homo-Pan’’ postulés ont probablement continué à vivre dans des forêts ouvertes, avant que certains d’entre-eux rejoignent les Gorilles dans la forêt pluviale dense, devenant ainsi les Panines (Chimpanzés / Bonobos) ; tandis que, dans le même temps, les autres groupes restaient fidèles aux forêts ouvertes, devenant les ancêtres des Humains (HOMININES). Sahelanthropus semblant déjà engagé en direction des Humains, le PHLCA (Pan Human Last Common Ancestor) pourrait avoir été un *Pré-Sahelanthropus, qui aurait vécu v. 8 à 7 MA.
Hominini sylvestres / Panines / Pan
L’ancêtre commun des Chimpanzés et des Bonobos, s’est génétiquement séparé de la lignée humaine v. 7 MA99. Une fois débarrassé de l’a priori hérité de l’ancienne hiérarchie de valeurs de l’’’échelle des êtres’’, il devient possible d’envisager que les Chimpanzés ne sont pas nécessairement plus ‘’primitifs’’ que ne le sont les Humains. Ainsi, ils pourraient sans difficulté descendre d’un ancêtre qui exprimait des traits aujourd’hui considérés comme étant de type ‘’Humain’’ ; ancêtre qui pourrait avoir été davantage bipède que les Chimpanzés et Bonobos ne le sont aujourd’hui100.
Pan : Actuel, Afrique
L’absence de fossiles connus rend entièrement ‘’fantôme’’ la lignée des Chimpanzés. Seule la génétique permet de préciser que la séparation des Chimpanzés (Pan Troglodytes) et des Bonobos (Pan Paniscus) se situe v. 2 MA. Les Bonobos étant assez volontiers bipèdes et possédant des proportions corporelles ‘’plus humaines’’ que celles de leurs cousins Chimpanzés, cela signifie vraisemblablement qu’ils ont été plus conservateurs vis-à-vis de certains traits primitifs qui étaient déjà de type ‘’Humain’’.
Pan – Actuel – Homininae Hominini Panine – Afrique
Pan – Actuel – Homininae Hominini Panine – Afrique
Ardipithecus : 5,7 à 4,4 MA, Afrique (Ethiopie)
Tout comme Sahelanthropus et Orrorin [cf. ci-dessous] – qui vivaient dans le même biotope que lui –, Ardipithecus était à la fois brachiateur et bipède. Il exprimait une mosaïque de traits humains et chimpanzés qui le rendent difficile à classer. Arguant que le type ‘’Humain’’ est probablement primitif chez les Hominini, certain le situent parmi les Panines et en font un ancêtre direct du Chimpanzé (venant éclairer une partie de sa lignée fantôme). C’est de cette manière que nous proposons de le classer, bien que la position la plus partagée consiste plutôt à situer Ardipithecus dans la branche qui conduit aux Humains. Les femelles (seules connues) atteignaient 1,20 m et 50 kg avec une capacité crânienne de 300 / 350 cc. Il faut noter que l’’émail dentaire d’Ardipithecus était assez fin, ce qui est gênant pour un ancêtre de l’Homme. Ce trait pourrait amener à le considérer comme un ancêtre de Pan ; ou bien à le situer sur un rameau latéral éteint des Hominini, qui aurait sur ce point été convergent avec les Chimpanzés ?
Ardipithecus – 6/4 MA – Homininae Hominini Panine ?
– Afrique
HOMININES –*SAHELANTHROPINÈS v. 7 MA Afrique
Au cours du Messinien, l’Afrique demeura relativement épargnée par le changement climatique qui faisait disparaître toutes les forêts para-tropicales et tropicales d’Eurasie, à l’exception de celles du Sud-Ouest asiatique. Ainsi, en Afrique du Centre et de l’Est, les premiers HOMININES vivaient encore dans un environnement très forestier, chaud et relativement humide. Ils étaient adaptés aux forêts ouvertes bordant les lacs, aux forêts galeries qui longeaient les rivières, et peut-être également aux marges sèches de la grande forêt pluviale. Mais ils n’étaient pas adaptés à la forêt pluviale qui était le domaine exclusif des Gorillini et des Hominini Panines. Contrairement à ces derniers que l’on pourrait qualifiée d’Hominini sylvestres, les Hominini Hominines pourraient être qualifiés d’Hominini savanicoles (au moins par anticipation). Dans leurs forêts ouvertes, les premiers d’entre eux étaient de bons grimpeurs qui se nourrissaient peut-être en partie dans la canopée et qui devaient dormir dans les arbres. Ils étaient fortement dimorphiques et donc polygynes.
SAHELANTHROPUS : 7,4 à 6,4 MA, Afrique (Tchad)
Sahelanthropus est proche du PHLCA, mais s’est plus probablement séparé après les Chimpanzés, devenant ainsi le plus ancien membre du clade des HOMININI HOMININES. Bien qu’occasionnellement bipède101, Sahelanthropus n’était pas un grand singe de savane et restait très dépendant du milieu forestier ouvert. Son alimentation omnivore devait être à base de feuilles, fruits, graines, racines, noix et insectes ; sans exclure la chasse dans les arbres. Ses canines étaient relativement petites et l’émail de ses molaires était relativement épais.
Sahelanthropus – 7/6 MA – Hominini Hominine – Afrique
ORRORIN : 6,2 à 5,2 MA, Afrique (Kenya)
Descendant probable de Sahelanthropus, Orrorin était plus fréquemment bipède mais restait toujours très dépendant des arbres. Il mesurait environ 1,40 m, pour 40 à 50 kg. Il était omnivore lui aussi. Plusieurs caractéristiques le rapprochent de la lignée humaine : proportion des membres ; dents plus petites que celles des Australopithèques, et recouvertes comme elles d’un émail épais. C’est un ancêtre convainquant des Humains, physiquement intermédiaire entre Sahelanthropus et les Australopithèques basaux. Pour certains traits, il est même d’apparence plus humaine que les Australopithèques ‘’classiques’’.
Les images de cette page représentent Sahelanthropus et Orrorin en position bipède tandis qu’Ardipithecus a été représenté en position quadrupède. Mais ces trois espèces adoptaient alternativement les deux modes de locomotion ; tout comme le font encore les Bonobos d’aujourd’hui.
Orrorin – 6/5 MA – Hominini Hominine – Afrique
Cette page consacrée aux premiers HOMININI HOMININES donne l’occasion de situer leur position dans une phylogénie des Hominidés. Nous pouvons les regrouper en 4 stades successifs dont les Sahelanthropinès (Sahelanthropus et Orrorin) constituent le premier. Les Australopithécinès constitueront bientôt un deuxième stade issu du premier ; puis les Habilinès un troisième stade issu du deuxième ; et enfin les Hominès constitueront un quatrième stade issu du troisième [cf. carte Z & atlas n°2].
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Hominidés
- Ponginés = Pongo et Gigantopithecus
- Homininés / Dryopithécinés
- Gorillini = Gorilla
- Hominini
- Hominini Panines (sylvestres) = Pan
- Hominini Hominine (savanicoles)
- Sahelanthropinès
- Australopithécinès
- Paranthropus
- Habilinès = Habilis
- Hominès = Homo
Notes
(98) Cela restera encore vrai après la rétromigration en Afrique, comme on le constate chez Orrorin et les Australopithèques.Retour
(99) Les dates de divergence de Gorilla, Pan et Homo – ne peuvent être que des fourchettes imprécises, car des hybridations restent longtemps possibles au cours d’un processus de spéciation vicariante. Hormis cela, les ressemblances entre Pan et Gorilla pourraient s’expliquer par des traits archaïques perdus par les Humains ; tandis que les ressemblances entre Homo et Gorilla seraient des traits archaïques perdus par les deux Chimpanzés !Retour
(100) Il convient de remarquer que les enfants Chimpanzés et Bonobos sont très souvent bipèdes (les juvéniles expriment souvent des traits ancestraux ; ainsi, nos propres enfants grimpent-ils volontiers aux arbres …).Retour
(101) Ainsi que l’indique la position de son foramen magnum.Retour
