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B - 2.400.000 à 2.200.000 AEC

Complexe interglaciaire TIGLIEN – TIGLIEN-A

MIS 95, MIS 94, MIS 93, MIS 92, MIS 91

 

 

Climat

C’est parce qu’il est considéré comme ayant été globalement plus tempéré que le Complexe Glaciaire Prétiglien qui le précéda, que le ‘’Complexe TIGLIEN’’ est crédité d’avoir été un long interglaciaire. Mais, c’est une simplification abusive car, dans la réalité, il s’est agi d’un *hyper-complexe climatique regroupant une trentaine de MIS dont certains furent chauds et humides tandis que d’autres atteignirent un niveau glaciaire18. Chacun de ces complexes MIS ayant eux eux-mêmes été composés de plusieurs oscillations chaudes et froides19.

Dans son ensemble, nous scanderons  l’hyper-complexe Tiglien en cinq grands complexes climatiques successifs qui couvriront les cartes B, C, D et F : le Tiglien-A (globalement interglaciaire) qui est représenté sur la carte B ; le Tiglien-B (globalement glaciaire) ; le Tiglien-C1-C2-C3 (globalement interglaciaire) ; le Tiglien-C4 (globalement glaciaire) ; et le Tiglien-C5-C6 (globalement interglaciaire).

 

Au travers de 5 MIS chauds et froids, le Tiglien‑A fut un complexe climatique assez clément ; en conséquence, la carte B qui le décrit représente les conditions écologiques d’une planète Terre très semblable à celle que nous connaissons, en dépit de quelques différences géographiques dont les plus notables sont le rattachement interglaciaire de la Grande-Bretagne au continent européen, et l’existence d’une terre baltique drainée par un majestueux fleuve appelé Eridanos, à l’Ouest d’une Eurasie encore entièrement vide d’Humains.

Contrairement au Prétiglien, qui s’accompagna d’un ‘’pluvial’’ de longue durée, les premières phases du Tiglien furent globalement sèches, ce qui explique la présence de déserts sur les cartes B à E. Comme celle des déserts, l’extension des forêts pluviales est très sensible aux aléas climatiques ; elles sont généralement réduites en périodes glaciaires parce qu’il s’agit de périodes sèches, et sont bien plus étendues en périodes interglaciaires parce qu’elles sont globalement plus humides. Il est important de souligner cette réalité car tant les déserts que les forêts fermées (pluviales et tropicales non-pluviales) ont pendant très longtemps constitué de puissantes barrières écologiques pour les Humains et leurs ancêtres. Seuls les Humains modernes auront un jour la possibilité d’affronter ces nouveaux biotopes, parce que notre espèce ne peut y prospérer que lorsqu’elle dispose d’une technologie adaptée ; laquelle fut acquise seulement au Paléolithique supérieur pour la vie dans la forêt pluviale [cf. atlas n°3], et seulement à l’époque protohistorique pour la vie dans le désert ! [cf. atlas n°4].

 

Hominidés Ponginés (non Homininés)

Les forêts pluviales d’Asie du Sud-Est étaient le domaine exclusif des Hominidés Ponginés, derniers vestiges des grands singes eurasiens du Miocène [cf. atlas n°1] : les Orangs-outans (Pongo pygmaeus pygmaeus de Bornéo, et Pongo pygmaeus abelii de Sumatra)20 qui se sont séparés entre 2 millions et 500.000 ans avant nous en raison de la fragmentation des forêts qui entrava répétitivement le flux génique ; et les Gigantopithèques (Gigantopithecus blacki, ultime forme de la lignée des Gigantopithèques, proche parente des Orangs-outans). Si – contrairement aux Australopithécinès, aux Paranthropes et à la plupart des Habilinès – les grands singes africains et l’Orang-outan ont survécu jusqu’à nous (pour combien de temps ?), c’est uniquement parce que leur habitat naturel est resté impropre à la vie humaine jusqu’au seuil de notre époque … Les Gigantopithèques n’eurent pas cette chance car, habitants des forêts tropicales non pluviales d’Extrême-Orient, ils subirent une pression humaine plus précoce et plus directe qui causera leur disparition entre 800.000 et 300.000 AEC.

 

Homininés Gorillini et Hominini sylvestres

Comme aux époques précédentes les forêts pluviales d’Afrique demeuraient et allaient demeurer encore pour très longtemps le domaine exclusif des Hominidés Homininés non-Humains : les Gorilles (Gorilla gorilla et Gorilla beringei), les Chimpanzés (Pan troglodytes) et les Bonobos (Pan paniscus). Ces deux dernières espèces se séparèrent il y a environ 3 à 2 millions d’années, c’est-à-dire à une époque voisine de celle où émergèrent également les Paranthropes et les Habilinès, probablement du fait de la fragmentation des forêts pluviales au cours du complexe glaciaire Prétiglien : les Chimpanzés se sont constitués au Nord de la puissante barrière du fleuve Congo, et les Bonobos au Sud ! Ces derniers ont évolué sans la présence de compétiteurs Gorilles ; il est difficile de comprendre comment la présence ou l’absence de Gorilles impacta les premiers Chimpanzés, mais certains chercheurs pensent que les différences comportementales entre les deux espèces de Chimpanzés se sont constituées en relation avec ce voisinage.

 

Australopithécinès anciens (non Habilinès et non Paranthropes)

Des groupes Australopithèques vivaient encore en Afrique du Sud et peut-être en Afrique de l’Ouest où leurs restes ne se sont pas conservés. C’est peut-être au cours du Tiglien que ceux d’Afrique du Sud virent arriver les premiers Habilinès et les premiers Paranthropes ?

 

 

 

 

Australopithécinès récents (Habilinès et Paranthropes)

 

Paranthropes

Nécessairement issu de Paranthropus aethiopicus – qui ‘’disparut’’ opportunément vers le moment où son successeur ‘’apparut’’ –, Paranthropus boisei vécut en Afrique de l’Est entre 2,3 à 1,3 MA. S’agissait-il d’une nouvelle espèce ? Il est probable que nous considérons trop facilement comme des espèces distinctes ce qui n’a été que des chrono-races. Les différences anthropologiques ne nous apparaissent comme des ruptures spécifiques que parce que les rares vestiges disponibles sont éparpillés dans le temps autant que dans l’espace ; ce qui nous cache une évolution graduelle.

Bien qu’hyper robuste, boisei demeurait très semblable à son ancêtre aethiopicus et était, comme lui, davantage dimorphique que les Humains.

On ne peut pas exclure qu’une fraction des Paranthropes ait migré en Afrique du Sud dès cette époque, à l’origine de Paranthropus robustus ? Toutefois, les Paranthropes ne seront vraiment attestés en Afrique du Sud qu’à partir de v. 2 MA.

 

HABILINÈS                                                                         Afrique

En Afrique de l’Est et du Sud, le climat globalement tempéré du Tiglien‑A permit la colonisation de nouveaux territoires par les Paranthropes (Paranthropus aethiopicus) et par les Habilinès (Homo habilis / *Habilis habilis et Homo rudolfensis / *Habilis rudolfensis) ; ce qui exerça nécessairement une pression sur les espèces Australopithécinès. Purement savanicoles, aucune de ces espèces n’était outillée pour survivre dans les zones désertiques ou semi-désertiques, non plus que dans les forêts fermées, pluviales ou autres21. Sur la carte B et les suivantes, la distribution suggérée des Habilinès et des Paranthropes ne reflète pas la réalité de leur imbrication dans les mêmes savanes d’Afrique de l’Est où leurs régimes alimentaires différents leurs permettaient de cohabiter.

 

Notes :

(18) A cette époque ancienne de l’ère glaciaire Quaternaire, l’alternance entre ‘’vraies’’ glaciations et ‘’vrais’’ interglaciaires était moins tranchée que depuis 900.000 ans ; date vers laquelle s’établit un cycle glaciaire / interglaciaires plus net et plus régulier, que nous appelons ‘’cycle de 100.000 ans’’. Retour

(19)Voir l’introduction de l’atlas n°3 pour une description détaillée des variations climatiques.Retour

(20)Les Orangs-Outans ont aussi peuplé la forêt pluviale du Sud-Est de l’Asie jusqu’au MIS 3. Retour

A noter que P. abelii et P. pygmaeus sont interféconds et ne constituent donc que deux races d’une même espèce.

(21) Certains chercheurs pensent toutefois que la forêt pluviale pourrait avoir été explorée par les Habilinès (cf. le site de Senge au Congo) puis par les Humains anciens de l’époque d’Ergaster. Mais la présence d’un site humain dans ce qui est aujourd’hui une forêt pluviale n’implique absolument pas que ce site était situé dans une forêt pluviale à l’époque où les vestiges ont été déposés ! A ce propos, on insistera sur l’extension et la régression en accordéon des forêts pluviales au gré des changements du climat, et on rappellera que le Complexe Tiglien compacta une trentaine de MIS dont chacun compacta plusieurs oscillations climatiques [cf. ci-dessus].Retour

 

 

 

 

Ancre 18
Ancre 19
Ancre 20
Ancre 21
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Retour 21

© 2019 Thierry d'Amato

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