top of page

V - 14.000 à 12.800 AEC

Second pléniglaciaire

Dryas très ancien / Dryas-1a (seconde partie)

Phase de Mecklenburg : 14.000 à 12.800 AEC

MIS 2 (5/9)

 

 

Climat

 

Sans rupture nette avec la phase de Poméranie, la phase de Mecklenburg / Gardno était toujours une composante du GS-2.1a que nous avons identifié avec un stade  appelé Dryas-1a (Dryas très ancien, première et principale partie). Elle pourrait avoir duré de v. 14.000 à 12.800 AEC et c’est avec elle que nous terminons le second pléniglaciaire dont le LGM avait été l’acmé.

Dans les suites, la dernière partie du MIS 2 consistera en une courte série d’oscillations climatiques tardiglaciaires à la fin desquelles les conditions interglaciaires seront rétablies. Nous avons défini, nommé et daté précisément ces oscillations dans les commentaires de la carte U.

L’aride Léopoldvillien se poursuivait en Afrique.

 

 

AFRIQUE

 

Afrique du Nord

 

A la frontière entre l’Afrique du Nord et l’Eurasie, le Mushabien (MUS) (v. 14.000 à 12.000 AEC) était une culture du Sinaï qui pourrait n’être que la partie visible d’une culture *Proto-Natoufienne beaucoup plus étendue qui occupait la Basse- et la Moyenne-Egypte où elle aurait été la version orientale de l’Ibéromaurusien / Oranien (IBE) et la version septentrionale du Gemaïen (GEM) lui-même forme récente de l’Halfien ? Malheureusement, ces régions d’Egypte sont encore archéologiquement vierges pour ces époques. C’est probablement une diminution de l’aridité qui autorisa l’occupation humaine du Sinaï ; par des populations qui pourraient avoir porté les haplogroupes africains E-Z830 (forme ancestrale de l’haplogroupe E-M123 et de son variant E-M34) et E-M310.1 (forme ancestrale du très récent E-M81). Puisque, sur certains sites, le Mushabien voisine avec le Kébarien Géométrique, cela invite à imaginer une certaine interpénétration des deux populations qui sera bientôt à l’origine du Natoufien [cf. carte W].

Des groupes E-M78 distincts des *Ibéromaurusiens E-M78* étaient restés dans la Moyenne et la Basse vallée du Nil où ils développaient le Gémaïen (GEM) ; nous suivrons plus tard le buissonnement de leurs variants *Para-Ibéromauruso-Natoufiens [cf. carte V & suivantes] ; anticipons toutefois que E1b1b1a1a-Z1902, peut-être apparu v. 14.000 AEC, se séparera v. 12.000 AEC en E-V65 (… a2) qui s’étendra tardivement au Maghreb avec les Berbères (et n’entrera en Europe qu’avec eux lors des invasions dites Arabes), et en E-V12 / E-Z1216 (… a1) qui restera en Egypte du Sud et au Soudan ; quant à E1b1b1a1b-Z1919, peut-être lui aussi apparu vers 14.000 AEC, ce n’est peut-être que v. 10.000 AEC qu’il se séparera en ses deux grands variants E-V13 (… b1) qui migrera vers le Nord et aura un destin anatolien et européen, et E-V22 (… b2) qui restera en Egypte du Nord et en Cyrénaïque).

 

Afrique Tropicale

 

Dans la mesure où nous proposons de placer au Tardiglaciaire l’occupation de la bande sahélienne par des peuples d’haplogroupe E, nous laissons une situation ethnolinguistique inchangée en Afrique subsaharienne.

 

Afrique du Sud

 

Situation ethnolinguistique inchangée.

 

 

EURASIE

 

Asie Sud-Orientale (Inde, Indochine, Sunda, Sahul)

 

Au Nord de la vaste péninsule de l’Indo-Sunda, c’est entre v. 14.000 et 12.000 AEC que le Sonvien amorça sa transition en Hoabinhien, sans que cela traduise nécessairement un changement de population. Cette étape culturelle est appelée Sonvien-Hoabinhien (SON HOA) sur la carte. Nous y verrons simplement une modeste évolution, dans un sens plus moderne, des outils fabriqués par les peuples *Proto-Papouasiens d’haplogroupes M et S qui éliminaient peu à peu les gènes pauci-cognitifs hérités des Hommes archaïques locaux.

 

Asie Extrême-Orientale (Chine, Corée, Japon, Mandchourie, Mongolie)

 

Dans ces régions extrême-orientales, le paysage ethnolinguistique demeurait certainement identique à celui de la carte U. Les populations de Chine Centrale méridionale et du Japon utilisaient déjà des poteries alimentaires, signe très vraisemblable d’un mode de vie mésolithique et sédentaire.

Le désert de Gobi – très aride parce que la période était froide – séparait encore les populations de Chine du Nord du Monde Eurasiatique qui occupait tout le système des steppes asiatiques.

 

Asie Septentrionale (Asie Centrale, Sibérie Occidentale, steppes, Altaï, Baïkalie, Sibérie Orientale, Alaska)

 

Sur le plateau iranien ou en Asie Centrale méridionale, c’est à cette époque, v. 14.000 AEC, que l’haplogroupe R1b1a1-L388 pourrait avoir donné naissance à son variant R1b1a1b-V1636 qui se déplacera en direction de l’Anatolie / Proche-Orient, et à son variant R1b1a1a-P297 dont le destin sera à la fois anatolien et steppique ; cette dernière branche contenant les ancêtres patrilinéaires des *Proto-Indo-Européens. Mais pour l’heure, la sécheresse stadiale de l’Asie Centrale entravait encore leurs possibilités de migrations en direction du système des steppes asiatiques septentrionales. C’est pourquoi, à ce stade de leur histoire, nous donnons simplement et collectivement à tous les R1b le nom de *Peuple R1b.

 

Au Nord des régions désertiques d’Asie Centrale, c’est à la même époque que chez le *Peuple R1a du Nord, l’haplogroupe R1a1a1-M417 pourrait avoir donné naissance à ses variants R1a1a1a-Z2463 et R1a1a1b-Z645/S224 qui furent des jalons vers des formes plus modernes dont certaines s’intégreront un jour à la cristallisation ethniques des Indo-Européens orientaux. Jusque-là, nous avions confiné le *Peuple R1a du Nord du côté oriental des monts de l’Oural. A ce stade, c’est sans certitude que nous proposons d’anticiper leur mouvement vers l’Europe Orientale en laissant partir R1a1a2-YP1051, un haplogroupe aujourd’hui résiduel mais qui devait être présent en Europe Orientale tardiglaciaire [cf. carte W & suivantes].

 

Plus loin vers l’Est, se trouvait le peuple d’Afontova Gora (AFO) que l’archéogénétique invite à associer aux racines patrilinéaires Q1a1-F746/NWT01 des *Proto-Eskaléoutes.

 

Plus loin encore, la Cis-Baïkalie abritait peut-être des peuples Mongoloïdes *Na-Déné-Ienisseïens C2b1a1 qui formaient une expansion occidentale de la culture Dyuktai (YUB DYU) installée dans les vallées de l’Aldan et de la Moyenne-Lena.

 

En Mandchourie et dans le Far-East russe, qui étaient les régions d’origine de ces populations C2b1a1, c’est peut-être un début de sédentarisation qui autorisa v. 14.000 AEC l’adoption du mode de vie mésolithique418 et la fabrication des premières poteries alimentaires locales ; cette culture est connue sous le nom d’Osipovka (MES YUB OSI). Il y avait donc désormais trois régions céramiques dans le Monde, toutes les trois en Extrême-Orient. Dans la mesure où celle d’Osipovka était relativement proche du Japon Jomon ‘’naissant’’ (JOM) et même de celle de Chine du Sud, cela conduit à se demander si le concept de céramique fut inventé indépendamment par chacun de ces trois groupes ou s’il a diffusé entre eux d’une manière ou d’une autre ?  Et, si l’on veut bien suivre le fil de cette seconde hypothèse, cela conduit nécessairement à se demander comment une telle diffusion a pu se produire au travers de régions qui demeuraient provisoirement acéramiques ? La réponse nous oblige peut-être à dissocier la connaissance d’une technologie  de son usage quotidien ? Ainsi, même si le concept des céramiques alimentaire diffusa véritablement d’une population à l’autre, il ne put réellement être adopté (et donc être observé par les archéologues) que par des populations qui avaient à la fois la possibilité et le désir de se sédentariser ! Tant que certaines de ces populations demeurèrent nomades, elles n’eurent pas la possibilité ni même le besoin d’utiliser des poteries, mais cela ne les empêcha peut-être pas de pouvoir véhiculer quand même l’idée de leur fabrication ?

 

Asie Occidentale (Moyen-Orient, Proche-Orient, Anatolie, Arabie)

 

Dans les Zagros du Zarzien (ZAR), c’est v. 14.000 AEC, en anticipation de l’explosion tardiglaciaire et mésolithique de nouveaux haplogroupes, que nous pouvons tenter de placer la séparation des haplogroupes G1 et G2, au terme d’une très longue histoire cryptique de l’haplogroupe GHIJK*(G) puis de l’haplogroupe G*. Cet évènement autorise une réflexion sur l’active dynamique diachronique des populations du plateau iranien : 1) au cours du LGM, les peuples d’haplogroupe T pourraient avoir remplacé les peuples d’haplogroupes H2 et Q2 qui l’occupaient précédemment ? [cf. carte R]. Puis, 2) les peuples R1 pourraient avoir pris la place des peuples T au cours des interstades de Laugerie et de Lascaux [cf. cartes S & T]. Prochainement, 3) les peuples d’haplogroupe G1 prendront la place des R1 sur le plateau ; et plus tard encore, 4) au Néolithique, ce seront les peuples d’haplogroupes J et L qui viendront remplacer les G1 [cf. atlas n°4]. Après cela, la force d’expansion du vieux ‘’hub’’ sera définitivement brisée, et ses surgeons du premier ‘’Empire des Steppes’’ viendront le submerger ; comme une nuée ardente recouvre le volcan en éruption, dès lors qu’il ne parvient plus à soutenir sa colonne de cendres [cf. atlas n°4].

 

Vers 14.000 AEC, le Kébarien (KEB) – qui avait peut-être une base haplogroupale J* venue du Moyen-Orient avec le microlithisme, mais qui contenait aussi des éléments CT* attestés419 – évolua en Kébarien Géométrique (KEB GEO), nom qui lui a été donné sur la base d’une modification typologique des microlithes. Comme cela a été dit plus haut, en avançant vers le Sud, ces populations s’interpénétrèrent avec les africains Mushabien (MUS) qui remontaient vers le Nord. La culture Natoufienne émergera de cette rencontre [cf. carte W].

 

Europe Centrale et Occidentale

 

A l’époque de Lascaux, le Magdalénien ancien d’Europe de l’Ouest s’était étendu sur la frange méridionale de la grande plaine du Nord de l’Europe. Passé au stade du Magdalénien Moyen (MAG MOY) au début du Dryas-1a (tel que nous le définissons), il avait diffusé jusqu’en Pologne sur toute la région des  plateaux d’Europe Centrale. On désignait autrefois cette phase du nom de ‘’Magdalénien à navettes’’.

 

Au Sud de l’Europe Centrale – étendue à l’Italie qui était rapprochée des Balkans par la régression de la mer Adriatique – fleurissait l’Epigravettien Moyen (EPI MOY). Dans cette province italo-balkanique le principe de la céramique était déjà connu (figurines céramique du site de Vela Spila) mais les populations ne fabriquaient pas de poteries alimentaires. Il est évident que cette invention ne devait rien aux techniques céramiques qui se développaient à la même époque à l’autre extrémité du continent eurasiatique ; plus raisonnablement, elles étaient peut-être un écho des figurines céramiques qui existaient déjà 15.000 ans plus tôt, au temps du Gravettien Pavlovien [cf. carte Q]. Cependant, cet abîme temporel et l’absence complète de jalons qui permettraient de le combler, fait plutôt penser à une réinvention complètement indépendante. Ces deux inventions européennes de la céramique, très éloignées dans le temps, nous enseignent peut-être que c’est parce que les populations locales n’étaient pas encore sédentaires que les poteries alimentaires ne firent pas leur apparition ? Elles nous disent peut-être aussi que, bien que nomades (selon un cycle annuels des campements ?), la vie quotidienne des *Epigravettiens était assez douce pour qu’ils s’autorisent, de temps à autre, à s’évader des seules nécessités de la survie.

 

En Europe, les recherches génétiques récentes (ADN nucléaire) permettent de situer v. 12.000 AEC l’arrivée de nouveaux peuples dont tout indique qu’ils étaient originaires d’Anatolie. Les horloges génétiques étant imprécises, nous pouvons proposer d’anticiper ce mouvement de peuples v. 14.000 AEC ? Et le situer à l’origine de l’Epigravettien Récent (EPI REC) ? [cf. carte W]. La carte V indique quels haplogroupes durent alors faire leur apparition en Europe balkanique d’où ils diffuseront prochainement à toute la zone épigravettienne et même jusqu’en Europe Occidentale. Parmi eux se trouvaient ce que l’on pourrait appeler les haplogroupes ‘’vieux-R1’’, et tout particulièrement R1b*-L754* qui sera prochainement bien attesté sur plusieurs sites européens du Tardiglaciaire.

De manière globale, il est licite de considérer l’apparition de ces nouveaux haplogroupes mésolithiques (ceux dont il est ici question dans les Balkans, ainsi que R1a dans la plaine russo-ukrainienne) comme une redite de ce qui s’était déjà passé avec la colonisation paléolithique gravettienne, et comme une répétition générale de ce qui se produira de nouveau au Néolithique (nouvelle intrusion d’haplogroupes anatoliens dans les Balkans) puis au chalcolithique (de nouveau intrusion anatolienne dans les Balkans et intrusion steppique indo-européenne dans les steppes ouralo-pontiques) [cf. atlas n°4]. Sans la génétique, il aurait été difficile de repérer cette colonisation mésolithique de la péninsule européenne.

 

 

 

Europe Orientale

 

Plus haut, nous avons situé à l’époque où nous sommes parvenus, un premier mouvement des *Peuples R1a du Nord en direction de la plaine russo-ukrainienne. La date n’est pas assurée et pourrait être reportée au Pré-Bölling ? C’est ce mouvement migratoire qui dut apporter le Paléolithique Supérieur récent (PSR) en Europe Orientale [cf. carte W].

 

Notes :

(418) Rappelons que la plupart des auteurs parlent de néolithique dès lors que des poteries sont observées. Nous récusons cependant formellement ce terme en ce qui concerne la culture Osipovka et les autres cultures céramiques de son époque, parce qu’il convient de réserver le terme de Néolithique aux sociétés qui pratiquent une économie de production. Ces dénominations se doivent en effet d’acter des grands changements de société et de comportements sociétaux. Cela apparait très clairement lorsqu’on remarque que les sociétés paléolithiques étaient non-productivistes et non-accumulatrices ; que les sociétés mésolithiques – qui commençaient à fleurir au Dryas-1a – étaient non-productivistes mais accumulatrices ; et que les sociétés néolithiques [cf. atlas n°4] seront à la fois productivistes et accumulatrices. Dans ces considérables changements de société, les pots n’ont été qu’un outil. Les différences observées entre les deux extrémités de l’Eurasie devraient nous en convaincre : avec des sociétés levantines qui seront prochainement néolithiques au sens de la production (et donc de l’accumulation) mais qui resteront encore assez longtemps parfaitement acéramiques (pré-pottery-neolithic A et B) [cf. atlas n°4]. On ne peut qu’être confus si on utilise indifféremment le terme de néolithique pour décrire des sociétés non-productivistes qui connaissent les pots et des sociétés productivistes qui ne connaissent pas les pots !Retour

(419) Parce que l’archéogénétique identifie un individu CT* chez les Natoufiens, successeurs des Kébariens.Retour

Ancre 418
Ancre 419
Retour 418
Retour 419

© 2019 Thierry d'Amato

bottom of page