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U - 16.500 à 14.000 AEC

Second pléniglaciaire

Dryas très ancien / Dryas-1a (première partie)

Phase de Poméranie : 16.500 à 14.000 AEC

MIS 2 (4/9)

 

 

Climat

 

Certains chercheurs font commencer le Tardiglaciaire à la fin de l’interstade de Lascaux, ce qui a l’inconvénient de faire commencer par une période froide la séquence de retour vers un climat Interglaciaire. Nous ferons plutôt coïncider le début du Tardiglaciaire avec le début de la période tempérée dite Pré-Bölling ou Meiendorf [cf. carte W], mais cela est naturellement arbitraire comme pour toutes les questions de seuils.

Une grande confusion existe parmi les publications lorsqu’il il s’agit de faire coïncider la séquence des glaces du Groenland avec les épisodes climatiques du Tardiglaciaire et de dénommer ces épisodes climatiques. En effet, si tout le monde s’accorde sur leurs noms, les mêmes noms sont alternativement utilisés pour désigner des épisodes climatiques différents et se voient donc attribuer des fourchettes de dates contradictoires. Pour prendre un exemple, les dates de la période tempérée de l’Alleröd peuvent varier de entre 11.100 et 10.900 AEC à entre 12.000 et 10.900 AEC. La période froide que nous étudions carte U et qui se situe entre la fin de l’épisode tempéré de Lascaux et le début du complexe climatique tempéré ‘’Pré-Bölling + Bölling + Alleröd’’ est encore plus difficile à circonscrire : certains chercheurs l’assimilent au Dryas très ancien (Oldest Dryas), tandis que d’autres chercheurs placent au contraire le Dryas très ancien au sein du complexe tempéré ‘’Pré-Bölling + Bölling + Alleröd’’, entre le Pré-Bölling et le Bölling. Naturellement, les dates proposées sont drastiquement différente : au choix entre 16.500 et 12.800 AEC environ, ou entre 12.100 et 12.000 AEC. La chronologie que nous essayons de synthétiser réunit ces deux fourchettes en une seule, en séparant le Dryas très ancien / Dryas-1 en deux périodes dites 1a et 1b [cf. ci-dessous].

Au total, la manière dont toute la matière Tardiglaciaire est organisée dans l’atlas n’est pas consensuelle. En anticipation des cartes V à Z, nous proposons d’associer les phases climatiques sédimentaires et les oscillations des températures glaciales de la manière suivante :

- Dryas très ancien (Oldest Dryas) / Dryas ancien / Dryas 1 – phase 1a = GS-2.1a, de v. 16.500 à 12.800 AEC. Cette période longue fait l’objet de deux cartes [cf. cartes U & V].

- Pré-Bölling / Meiendorf = GI-1e, de 12.800 à 12.100 AEC [cf. carte W].

- Dryas très ancien (Oldest Dryas) / Dryas ancien / Dryas 1 – phase 1b = GI-1d, de v. 12.100 à 12.000 AEC [cf. carte W].

- Bölling = GI-1c3, de 12.000 à 11.700 AEC [cf. carte X].

- Dryas ancien (Older Dryas) / Dryas moyen / Dryas-2 = GI-1c2, de 11.700 à 11.600 AEC [cf. carte X].

- Alleröd = GI-1c1 + GI-1b + GI-1a, de 11.600 à 10.800 AEC. Comprenant un ‘’Alleröd ancien’’ = GI-1c1, de 11.600 à 11.300 AEC ; un refroidissement intra-Alleröd (IACD) = GI-1b, de 11.300 à 11.200 AEC ; un ‘’Alleröd récent’’ = GI-1a, de 11.200 à 10.800 AEC [cf. carte Y].

- Dryas récent (Younger Dryas) / Dryas-3 = GS-1, de 10.800 à 9.600 AEC [cf. carte Z].

Cette chronologie étant établie sous toutes réserves, revenons à la carte U. Bien que stadial, le GS-2.1a ne fut pas une nouvelle période hyper-glaciale, mais plutôt de ce que l’on pourrait définir comme une sorte de ‘’Lascaux plus froid’’. La séquence des glaces du Groenland incite à situer les températures à un niveau comparable à celles du stade de Jylland [cf. carte S]. A cette époque, avec une tendance générale à la régression, l’inlandsis d’Europe du Nord subit des retraits et des avancées ; ces dernières se traduisant par une succession de moraines. Les moraines de Poméranie / Baltija dessinent une ligne de front de l’inlandsis à l’époque de la carte U.

Comme toujours, l’augmentation du froid coïncida avec le retour d’un climat plus sec. La grande plaine du nord de l’Europe était alors une toundra déboisée ; et l’antilope saïga (marqueur des régions froides et sèches) refit son apparition au Sud-Ouest de la France où elle prospéra.

L’aride Léopoldvillien se poursuivait en Afrique. Il est probable que le désert du Sahara – qui avait dû régresser un peu au cours du Lascaux – s’étendit de nouveau. Vers 16.000 AEC, les lacs de l'Ouganda étaient secs ou très bas, de sorte que le débordement vers le Nil blanc avait cessé. Les marécages de Sudd ont également été asséchés. Les dunes étaient actives à au moins 50 km au Sud de Khartoum le long des deux rives du Bas-Nil blanc, qui était probablement sec pendant la majeure partie de l'année. Le Nil bleu était une rivière très saisonnière, tout comme le grand Nil.

 

Cette période de jonction entre le LGM et le Tardiglaciaire – que nous nommons ici Dryas-1a – nous invite à une réflexion générale sur la dynamique des populations. Dès le Dryas-1a et surtout à son décours, un mode de vie mésolithique commencera à être expérimenté dans plusieurs régions du Monde, peut-être en conséquence d’une nouvelle abondance en ressources forestières qui autorisera les communautés humaines à occuper des territoires beaucoup plus restreints qu’autrefois et à développer un mode de vie semi-sédentaire, voire parfois même déjà sédentaire. Il en résultera une augmentation de la densité humaine qui favorisera la coexistence de groupes d’origines différentes sur des aires géographiques qui auraient autrefois été tout juste suffisantes pour abriter une seule et même communauté de grands chasseurs. Par ailleurs, en autorisant l’apparition d’une économie accumulatrice (i.e. Mésolithique), le développement de la sédentarisation incitera les hommes des groupes vainqueurs à épargner les hommes des groupes vaincus pour s’en faire des esclaves415. De sorte que les haplogroupes ADN-Y des communautés vaincues cesseront de disparaitre comme c’était naguère le cas, et finiront tout naturellement par s’intégrer à la communauté des haplogroupes ADN-Y des communautés victorieuses, en quelques générations à peine416. C’est alors que l’antique association entre un haplogroupe ADN-Y et une langue patrilinéaire donnée cessera d’exister, puisque les hommes dominés (parfois porteurs d’un ADN-Y différent) seront obligés d’apprendre la langue des dominants afin de pouvoir communiquer avec eux. Ce phénomène sera plus tard exacerbé par le mode de vie néolithique et plus encore par l’apparition des proto-états, en raison du besoin croissant en main d’œuvre servile que ces nouvelles organisations sociales exigeront. Ainsi, c’est parce que le besoin d’utiliser autrui au long cours l’emportera finalement sur le petit plaisir éphémère de fêter la victoire en le cannibalisant tout de suite, que de nombreux linguistes actuels récusent l’idée d’une association entre gènes et langues : ils ont parfaitement raison pour les époques qui suivirent le Tardiglaciaire, mais parfaitement tort pour celles qui le précédèrent !

 

 

AFRIQUE

 

Afrique du Nord

 

Dans la vallée du Nil, l’Halfien pourrait avoir laissé la place au Gémaïen (GEM) qui réalisait son prolongement. Cette culture est mal datée ; peut-être entre v. 16.000 et 13.000 AEC. Nous l’attribuons à des groupes *Para-Ibéromauruso-Natoufiens restés en arrière de l’expansion des deux surgeons partis vers le Nord. Ces groupes méridionaux reposaient vraisemblablement sur E-M35* et sur une forme E-M78 restée en arrière de l’expansion Ibéromaurusienne ; cette dernière étant appelée à se ramifier ultérieurement.

Basé sur E-M78*, le peuple *Ibéromaurusien occupait toute la côte d’Afrique du Nord, de la Cyrénaïque au Maroc.

Dans la vallée du Moyen-Nil et du Bas-Nil, le peuple *Proto-Natoufien était basé sur E-Z830 et sur E-M310.1.

 

Afrique Tropicale

 

Dans la mesure où nous proposons de placer au Tardiglaciaire l’occupation de la bande sahélienne par des peuples d’haplogroupe E, nous laissons une situation ethnolinguistique inchangée en Afrique subsaharienne.

 

Afrique du Sud

 

Situation ethnolinguistique inchangée.

 

 

EURASIE

 

Dans un monde qui commençait à se remplir d’Humains – désormais tous normo-cognitifs – les échanges culturels s’accentuèrent. La diffusion rapide du Microlithisme Yubetsu dans tout le système des steppes asiatiques est un bon exemple de cette tendance [cf. ci-dessous], comme le sera très prochainement la diffusion de la poterie. Remarquons cependant que celle-ci, au contraire de l’autre, sera tout naturellement entravée par la nécessité de la sédentarisation (puisqu’il est impossible de transporter des pots sur de longues distances en l’absence de moyens de transports).

 

Asie Sud-Orientale (Inde, Indochine, Sunda, Sahul)

 

Situation ethnolinguistique inchangée.

 

Asie Extrême-Orientale (Chine, Corée, Japon, Mandchourie, Mongolie)

 

La Chine de cette époque continuait à présenter un mélange culturel et très certainement ethnique. Au Nord du fleuve Bleu se trouvait une culture Microlithique Yubetsu (YUB) de ‘’mode 5’’ qui avait fini de remplacer de partout le vieux PSI de ‘’mode 4’’ qui avait tout comme lui été hérité du monde eurasien ‘’classique’’ mais à une date antérieure de son histoire ; Les populations qui développaient localement le Microlithisme devaient être pour partie des *Sinitiques / Sino-Tibéto-Birmans ancêtres des Chinois Han à base haplogroupale C2C, et pour partie des *Eurasiatiques orientaux *Proto-Ouralo-Altaïques à base N1*. Ces cultures de Chine du Nord se prolongeaient en Corée.

Au Sud de la frontière du fleuve Bleu, on trouvait des industries complètement différentes et cependant variées : dans les régions montagneuses du Sud-Ouest, il existait encore de très anciennes industries faites de galets cassés et de gros éclats que nous avons qualifiées de ‘’mode 1-2-3’’ (site de BaIyanjiao dans le Yunnan) et que nous attribuons à des populations D1a *Paléo-Tibétaines, vestiges du premier peuplement moderne de la région.

Plus loin au Sud, dans le bassin du fleuve Xi, on trouvait une industrie *Quasi-Paléolithique-Supérieur (*QPS) que nous avons affiliée à un ‘’mode 3-(4)’’ afin de connoter à la fois la persistance de galets cassés et d’éclats gros et petits, concomitamment à la présence d’outils modernes en os qui servaient peut-être de poinçons (sites de Maomaodong et de Qingshuiyuan Dadong dans le Guizhou). Et enfin au Centre de cette étrange Chine du Sud, vivaient des tribus qui s’étaient mises à fabriquer des poteries alimentaires au cours de l’interstade de Lascaux. Considérant cette invention, les gens de Chine du Sud étaient à la pointe du progrès mondial ! Et pourtant, son industrie restait en retard ! A l’époque que nous étudions, ce peuple innovant fut rejoint dans la course au progrès par les Aïnous du Japon qui découvrirent eux aussi l’usage des pots [cf. ci-dessous]. En dépit de la poterie, l’industrie de ces communautés mésolithiques céramiques demeurait de type *QPS local, comprenant des outils réalisés en os et en coquillages, accompagnés de pendeloques et de cailloux cassés (sites de Miaoyan dans le Guangxi et de Yuchanyan dans le Hunan). Ces régions de Chine du Sud devaient être le domaine des populations Austriques d’haplogroupe O1a, O1b et O2.

 

Au Japon, les Aïnous commencèrent eux aussi à fabriquer des poteries mais ‘’seulement’’ v. 15.000 AEC. Malgré la relative proximité entre l’archipel et la Chine du Sud, tout laisse penser qu’il s’est agi d’une invention indépendante comme il s’en produira plusieurs autres ailleurs dans le Monde, mais à des dates bien plus récentes. C’est au Centre du Japon actuel que cette innovation semble s’être produite, tandis qu’il faudra attendre v. 12.500 AEC pour que les poteries apparaissent sur l’île septentrionale d’Hokkaido. Ces toutes premières poteries japonaises marquaient le début de l’époque de la transition vers la culture Jomon constituée ; pour désigner cette phase initiale, on parle de Jomon naissant (Jomon incipient en anglais) (v. 15.000 à 8000 AEC). L’industrie de ce peuple demeurait Microlithique Yubetsu (YUB JOM). La culture Jomon naissante avait un bel avenir devant elle : au travers de plusieurs phases évolutives, elle se poursuivra jusque vers 300 AEC ; et même au-delà de cette date sur l’île d’Hokkaido où une phase post-Jomon perpétuera cette tradition plurimillénaire jusque vers 700 CE. Sur le plan ethnolinguistique, à partir du substrat haplogroupal D1b qui devait rester majoritaire, les populations japonaises avaient déjà enrichi leurs haplogroupes ADN-Y suite aux intrusions de tribus C2b1, C2a, et C1a1.

 

En Mandchourie, on pourrait appeler *Para-Na-Déné-Ienisseïennes les populations Microlithiques Yubetsu (YUB) C2b1 qui étaient demeurées en arrière du mouvement Dyuktai [cf. carte T]. Bien que peuplant le bassin de l’Amour, il ne s’agissait pas des ancêtres linguistiques des Nivkhes qui viendront plus tard habiter cette même région ; cependant, ils entrèrent probablement dans la cristallisation ethnique des Nivkhes – qui étaient à la base des Eurasiatiques – et contribuèrent à leur mongoloïdisation [cf. atlas n°4].

Les ancêtres linguistiques des *Na-Déné-Ienisseïens – qui étaient aussi les ancêtres patrilinéaires des peuples Na-Déné d’Amérique du Nord, mais seulement en partie ceux des Ienisseïens actuels – vivaient désormais dans les vallées de l’Aldan et de la Moyenne-Lena [cf. ci-dessous].

 

Nous situons en Trans-Baïkalie les peuples P1*(non-R) que nous plaçons à l’origine future des Tchouktches et des Nivkhes.

Tandis qu’en Mongolie Orientale d’autres tribus P1*(non-R) voisinaient désormais avec des tribus C2b1 de toute autre origine, avec lesquelles elles devaient entamer un processus de cristallisation qui était la première étape de la construction ethnique très complexe des futurs peuples Altaïques. En effet, P1*(non-R) existe toujours chez les Altaïques, aux côté de C1b2 (qui n’est pas un haplogroupe originellement Eurasiatique) et de Q1b1-L330 (d’origine Eurasiatique), tandis que N1 et R1 viendront se superposer plus tard sur ce substrat [cf. atlas n°4].

 

Asie Septentrionale (Asie Centrale, Sibérie Occidentale, steppes, Altaï, Baïkalie, Sibérie Orientale, Alaska)

 

Le stade Poméranien entraina nécessairement une accentuation de la sécheresse en Asie Centrale et cela pourrait avoir séparé les peuples R1a1a (migrés au Nord Kazakhstan au cours de l’interstade de Lascaux [cf. carte T]) des *peuples R1b demeurés sur le plateau iranien ou en Asie Centrale méridionale ? Chez ces derniers, l’haplogroupe majoritaire de cette époque pourrait avoir été R1b1a1-L388. Une partie des uns et des autres entrera plus tard dans la cristallisation ethnique des Proto-Indo-Européens steppiques. Comme les R1b, ces R1a appartenaient au peuple que nous avons appelé *Eurasiatique occidental méridional méridional. Cependant, à ce stade de leur histoire, la cristallisation ethnique indo-européenne était encore située dans un lointain avenir ; c’est pourquoi ces R1a installés au Nord sont simplement identifiés sous le nom de *Peuple R1a du Nord. C’est peut-être à cette époque, v. 15.000 AEC, que l’haplogroupe R1a1a-M17 donna naissance à ses variants R1a1a1-M417 (qui sera plus tard à la racine de variants majoritaires chez les Indo-Européens orientaux) et R1a1a2-YP1051, aujourd’hui résiduel mais qui fera partie des haplogroupes tardiglaciaires en Europe orientale [cf. carte V & suivantes].

 

La Sibérie Occidentale – ordinairement marécageuse – était très peu peuplée au cours de l’Interpléniglaciaire et plus encore depuis le LGM qui avait transformé une partie de la région en grands lacs glaciaires. Nous avons dit que ces régions pauvres étaient restées jusque-là en marge du progrès microlithique. Mais à partir de v. 16.000 AEC, la région commença à se peupler de tribus Paléolithiques Supérieures Récentes (PSR) dont l’industrie microlithique a été rapprochée de celle du peuple d’Afontova Gora (haplogroupe Q1a1-F746/NWT01 documenté) ou de celle des peuples d’Asie Centrale (haplogroupes R1a et R1b). Les haplogroupes Q1a et R1a pourraient avoir été les supports de cette évolution technologique dont les racines mêlaient probablement des intrusions et une acculturation. C’est peut-être au cours de ces mouvements que des groupes Q1a2 passèrent du côté européen de l’Oural, constituant un nouvel apport sibérien aux cultures de l’Europe Orientale extrême ? Mais on peut aussi se demander si – plutôt que poussés par eux – ces peuples mineurs ne furent pas tout simplement intégrés à faible taux au sein des groupes plus récents et plus puissants, qui les emporteront ultérieurement avec eux jusqu’aux aux quatre coins du Monde ? Ainsi, les mouvements du *Peuple R1a du Nord, puis ceux des *Proto-Indo-Européens, ceux des anciens Ouraliens, des Indo-Iraniens, des Huns / Bulgares, des Turcs, des Hongrois et des Mongols, décolleront probablement plusieurs haplogroupes mineurs qui végétaient d’un bout à l’autre du système des steppes asiatiques et les propulseront, un jour lointain, jusqu’en Europe, en Inde ou en Asie du Sud-Est.

 

Les régions situées immédiatement au Nord de l’Altaï ainsi que la Cis-Baïkalie, devaient toujours être peuplée par des tribus *Eurasiatiques occidentales méridionales méridionales d’haplogroupe R*. Au sein de cet ensemble, la culture de Mal’ta dut prendre fin à cette époque, étant atteinte par la diffusion de l’horizon technologique Yubetsu que nous pensons avoir été porté par des populations *Na-Déné-Ienisseïennes C2b1 venues depuis l’Aldan et la Moyenne-Lena. Jusqu’à présent, la Cis-Baïkalie avait été peuplée par de probables Europoïdes, mais c’est peut-être de cette époque qu’il faut dater leur mongoloïdisation ? Si les outils microlithiques obtenus par pression entraient dans la fabrication d’outils complexes véritablement plus efficaces que les anciens outils laminaires ou lamellaires utilisés dans la région, elles ont pu être à l’origine d’un accroissement de la population qui aurait localement renforcé l’apport mongoloïde ?

 

Plus loin vers l’Ouest, la technique microlithique continua à diffuser, mais peut-être sans apports populationnels orientaux notables ? Sur l’Angara, le site d’Ust’Kova supérieur est intéressant à cet égard ; aucun reste humain ne permet de spéculer sur le type physique des habitants, mais les vestiges lithiques présenteraient un aspect intermédiaires entre ceux de la culture Dyuktai et ceux de la culture d’Afontova Gora.

 

Sur l’Ienisseï, la  culture d’Afontova-Gora (AFO) qui se développa à cette époque était portée par des tribus Q1a1-F746/NWT01 ainsi que l’atteste l’archéogénétique ; haplogroupe dont il faut remarquer qu’il est aujourd’hui bien représenté chez les Eskaléoutes ; raison pour laquelle nous assimilons les gens d’Afontova Gora à un peuple de la mouvance *Proto-Eskaléoute. Issus d’ancêtres occidentaux de culture Paléolithique Supérieure Moyenne (PSM), les gens d’Afontova Gora – qui se plaçaient quelque part dans la continuité occidentaliste des gens de Malaya Siya (pré-LGM) et de Mal’ta (LGM) – continuèrent comme eux d’utiliser des nuclei coniques et prismatiques pour en détacher des lamelles ; toutefois, comme les peuples d’Extrême-Orient, ils se mirent aussi à façonner des nuclei en forme de coin (wedge shapped cores) pour en débiter des outils assez semblables aux outils Dyuktai ; de telle façon qu’il faut intégrer la culture d’Afontova Gora au complexe technologique Yubetsu / Dyuktai, même si cette culture ne peut pas se réduire à cela. Au total, l’adoption de la méthode Yubetsu par ces populations de l’Ienisseï laisse penser que tout le système des steppes était en train de s’acculturer à la technologie du microlithisme abouti, qui était originaire de l’Est Mongoloïde. Toutefois, cela ne se traduisit apparemment pas par un remplacement significatif de population. En effet, les régions situées à l’Ouest du lac Baïkal resteront pendant encore très longtemps peuplées par des Europoïdes417 [cf. Atlas n°4]. Sur la carte, ce phénomène d’acculturation est figuré par des flèches en pointillé. C’est probablement plus tard, après avoir stationné en Cis-Baïkalie et au cours de sa migration qui lui fera descendre la vallée de la Lena, que le peuple *Proto-Eskaléoute héritera de ses devanciers les caractéristiques physiques qui le placent aujourd’hui sans ambiguïté au sein des populations Mongoloïdes, tandis que son haplogroupe ADN-Y le situe plutôt parmi les populations Europoïdes. La technologie d’Afontova Gora, et notamment sa composante Yubetsu, diffusa à la Sibérie Occidentale comme nous venons de le rappeler, et pourrait même avoir commencé à s’infiltrer en Europe Orientale [cf. ci-dessus & carte V]. La continuité de cette chaine culturelle pourrait être passée par le *Peuple R1a du Nord ? Sans précision, nous avons appelé cette industrie Microlithisme Paléolithique Supérieur Récent (MIC PSR).

Dès l’époque de Lascaux [cf. carte T], des *Proto-Na-Déné-Ienisseïens, vecteurs de la technologie Yubetsu / Dyuktai, avaient infiltré les bassins de l’Aldan et de la Moyenne-Léna où vivaient les ancêtres Europoïdes Q1b1-M3 et Q1b1-Z780 des *Eurasiatiques *Proto-Amérindes. Les groupes Dyuktai étaient vraisemblablement Mongoloïdes en raison de leur origine C2b1 que nous avons située en Mandchourie. Au Dryas-1a, peut-être forts de leur technologie de pointe, ces nouveaux venus purent s’imposer aux peuples de la région et amorcer leur mongoloïdisation ? C’est ainsi que nous les avons laissé s’installer en Cis-Baïkalie v. 16.500 AEC. Un jour, ces *Na-Déné-Ienisseïens de l’Aldan et de la Moyenne-Lena partiront dans le Grand-Nord où ils se diviseront en peuples *Proto-Ienisseïens et *Na-Déné [cf. carte W & suivantes]. C’est alors que leur place sera prise par les *Proto-Eskaléoutes Q1a1-F746/NWT01, lointainement issus d’Afontova Gora, qui se mongoloïdiseront à leur contact [cf. cartes W, X & suivantes].

 

L’effet fondateur des langages Amérindes daterait de v. 16.000 AEC Cela incite à penser qu’un petit groupe des *Proto-Amérindes Q1b1-M3 et Q1b1-Z780 de Béringie se détacha ce cette nation et devint l’ancêtre de tous les Amérindes. Peut-être ces gens occupaient-ils la vallée du Yukon (Alaska), en position orientale de l’ensemble *Proto-Amérinde ? Les autres tribus, demeurées en Béringie et en Alaska, finiront par disparaître un jour, probablement lorsqu’elles seront recouvertes par l’expansion Na-Déné ?

 

Asie Occidentale (Moyen-Orient, Proche-Orient, Anatolie, Arabie)

 

Le Kébarien géométrique (KEB GEO) (v. 16.500 à 12.000 AEC) remplaça le Kébarien ancien vers 16.500 AEC. Il s’agissait peut-être en partie d’une évolution interne et en partie d’une évolution liée à de nouveaux apports populationnels étant donné l’enrichissement propale du Proche-Orient en nouveaux haplogroupes ADN-Y venus d’Iran. Il faut inférer une concentration de ces nouveaux haplogroupe en Anatolie, en prélude à leur infiltration en Europe épigravettienne.

 

Europe Centrale et Occidentale

 

A partir des refuges glaciaires méridionaux dans lesquels les Européens furent confinés pendant le LGM, la recolonisation des terres du Nord créa les conditions d’une bipartition culturelle en Europe. Entre autres artéfacts, les productions artistiques permettent facilement de reconnaitre les deux zones, avec d’une part le réalisme magdalénien occidental et d’autre part le schématisme épigravettien central et oriental.

 

Des tribus du Magdalénien moyen (MAG MOY) (v. 16.500 à 13.000 AEC) d’Europe Occidentale, migrèrent au Nord de l’Europe Centrale et s’installèrent en Allemagne et en Tchéquie. Dans ces régions, elles devaient côtoyer des tribus Epigravettiennes.

 

En Europe Centrale et Balkanique, c’est vers 16.500 AEC que commença l’Epigravettien moyen (EPI MOY) (v. 16.500 à 14.000 AEC). Il s’est agi d’une phase de régionalisation avec une diversification de groupes locaux, comme le Bouvérien (EPI MOY BOU) (v. 16.500 à 13.000 AEC) en Italie du Nord et en France du Sud-Est. Près de la côte orientale de l’Adriatique, les peuples *Epigravettiens créent des figurines en céramique (site de Vela Spila), imitant en cela les anciens *Gravettiens Pavloviens [cf. carte Q] sans que des jalons intermédiaires puissent expliquer ces similitudes. Le plus logique est de postuler une réinvention indépendante qui, comme la première, n’aboutit pas à la création de poteries alimentaires ; probablement parce que ce concept n’avait aucun sens pour des chasseurs-cueilleurs itinérants.

 

Europe Orientale

 

Les groupes épigravettiens moyens étaient également régionalisés en Europe Orientale :

- En Moldavie et en Ukraine Occidentale, l’Epigravettien Molodovien (EPI MOL) se développait dans les vallées du Dniestr, du Prut et du Siret, mais était également représenté en Volhynie où il constituait le groupe de Lipa (v. 16.000 à 12.000 AEC).

- Dans les bassins du Moyen-Dniestr et de la Desna, l’Epigravettien Mézinien (EPI MEZ) était une variante un peu plus récente de l’Epigravettien Eliseevitchien (EPI ELI). Ces sites resteront actifs jusque v. 14.000 AEC. Les habitants étaient spécialisés dans la chasse et l’utilisation du mammouth et menaient une vie semi-sédentaire (maisons en ossements de mammouths). L’art était essentiellement non figuratif, conformément aux canons épigravettiens.

- Dans les steppes Pontiques, l’Epigravettien Pontique (EPI PON) conservait d’ultimes traces des groupes Epi-Aurignaciens. Ces groupes méridionaux vivaient de la chasse au renne et au bison ; n’étant pas sédentaires, leur culture matérielle était naturellement plus pauvre que celle de leurs voisins du Nord. L’Epigravettien de la basse vallée du Don poursuivait la culture géorgienne d’Imérétie (EPI IME) (site de Kamennaya Balka).

 

Dans les régions de la Volga et de l’Oural, une industrie paléolithique supérieure ancienne (i.e. ‘’mode 4’’) subsistait encore. Nous la nommons Volga-Oural (VOL OUR) sur les cartes. Cette tradition mêlait des éléments européens anciens qui puisaient peut-être leurs racines dans le peuple *Gorodstovien, et dans des éléments sibériens mal définis. Les célèbres peintures de la grotte de Kapova – qui sont parmi les rares peintures rupestres du Paléolithique européen découvertes en dehors de la région franco-ibérique – pourraient dater de cette époque, entre v. 16.500 et 14.000 AEC. A première vue, elles évoquent les peintures européennes plus anciennes,  mais une peinture de chameau fait penser à celle de la grotte d’Ignatievskaya dans l’Oural méridional (d’âge Holocène), voire de la grotte Mongole de Khoit Tsenkher (v. 14.000 à 8000 AEC) ; le tout pouvant donner l’impression de racines asiatiques. L’industrie lithique mêle des traits du PSM asiatique ouralien et du vieux Paléolithique supérieur d’Europe Orientale.

  

Notes :

(415) A l’époque subactuelle, les sociétés à potlatch de la côte Pacifique d’Amérique du Nord donnaient une image vivante de ce type d’économie.Retour

(416) Ceci, bien sûr, en l’absence d’une idéologie raciste ou d’une logique de castes étanches sur le très long terme, qui devaient être parfaitement étrangères à ces peuples très anciens. Les modèles très particuliers et beaucoup plus récents de Sparte et de l’Inde, ne peuvent absolument pas être généralisés.Retour

(417) Très longtemps même. Il faudra attendre le milieu du premier millénaire AEC pour que la population du Kazakhstan comment à exprimer des traits mongoloïdes [cf. atlas n°4].Retour

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© 2019 Thierry d'Amato

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