I - 1.600.000 à 1.500.000 AEC
Complexe glaciaire EBURONIEN-2 (récent)
= Glaciation DONAU dans les Alpes (*Donau-2)
= Glaciation MATUYAMA Moyen
MIS 54, MIS 53, MIS 52
Climat
Au sein de l’hyper-complexe Éburonien, le complexe GLACIAIRE ÉBURONIEN RECENT fut globalement glaciaire mais se composa en réalité de deux MIS froids entrecoupés par un MIS tempéré ; dupliquant par conséquent la structuration interne du complexe glaciaire éburonien ancien. La carte I compacte ces trois épisodes, ce qui explique pourquoi elle présente à la fois un inlandsis et un Sahara ‘’vert’’.
Le premier de ces deux MIS froids, le MIS 54, pourrait avoir été comparable au MIS 4 (premier maximum glaciaire de la dernière glaciation) ; tandis que le second, le MIS 52, pourrait avoir atteint l’intensité du MIS 2 (dernier maximum glaciaire de la dernière glaciation). Au total, le climat glaciaire de l’Éburonien récent ressembla beaucoup au climat de ce que nous appelons par convention la ‘’dernière’’ glaciation, avec un MIS 3 qui fut quasi-interglaciaire [cf. atlas n°3].
Habilinès
Peut-être en conséquence d’une plus grande efficacité des ‘‘Ergasters récents’‘ / ‘’Erectus africains’’ / ‘‘Heidelbergensis anciens’‘ pour exploiter les ressources alimentaires (prédation de petites proies et charognage), c’est vers 1.500.000 AEC que l’on date approximativement la disparition des Habilinès non Humains (Homo habilis / *Habilis habilis et Homo rudolfensis / *Habilis rudolfensis).
Il se pourrait toutefois que cette espèce ou stade ait survécu plus longtemps en Afrique du Sud ? En effet, Homo naledi / *Habilis naledi, récemment découvert en Afrique du Sud et désormais daté vers 300.000 AEC, pourrait avoir été une forme récente du stade Habilinès. Dans ce cas, la lignée de ces Pré-Humains se serait éteinte beaucoup plus tard que nous ne le pensions encore récemment.
Paranthropes
Si Naledi n’était pas un Habilinès qui survécut tardivement, les Paranthropes devinrent vers cette époque les plus proches cousins des Humains. Au moins en ce qui concerne Paranthropus boisei en Afrique de l’Est, dont les plus récents témoignages dateraient de v. 1,3 / 1,2 MA. En revanche, Paranthropus robustus pourrait s’être éteint dès v. 1,5 MA en Afrique du Sud ? Cependant, étant donnée la rareté des vestiges, il est toujours difficile de certifier la solidité de tels terminus que de nouvelles trouvailles pourraient aisément contredire. En conséquence les deux cartes suivantes mentionneront encore les Paranthropes.
HUMAINS
Afrique
En Afrique, on assista à une progression de l’Acheuléen (ACH) / ‘‘mode 2’’ sans que disparaissent pour autant les outils oldowayens ; car l’acquisition d’un nouveau talent ne fait pas disparaitre tout le savoir-faire antérieur [cf. carte H]. Ainsi, nous pensons que la découverte d’outils de ‘’mode 1’’ et de ‘’mode 2’’ sur un même site ne doit pas s’interpréter comme la coexistence de deux populations distinctes. Quoi qu’il en soit, on observe que l’Oldowayen (OLD / ESA OLD) perdurera en Afrique jusque vers 1.000.000 AEC, parallèlement au développement de l’Acheuléen (ACH / ESA ACH).
L’intensité glaciaire du MIS 54 et surtout du MIS 52 dut faire baisser le niveau de l’océan mondial aux alentours de – 100 mètres et de – 120 mètres respectivement, ce qui transforma une fois de plus le détroit de Bab-el-Mandeb en un étroit chenal aisément franchissable à vue pour les faunes africaines. Bien que cela ne soit pas documenté précisément, le pont continental fut peut-être alors emprunté par les premières tribus acheuléennes d’Eurasie que nous associons à un stade ancien d’Homo heidelbergensis. Nous qualifions cet épisode de 2ème Out.
Eurasie
Au cours des deux épisodes glaciaires du complexe Éburonien récent – et tout particulièrement au cours du très glacial MIS 52 –, les Humains eurasiens ne purent survivre que dans des zones refuges méridionales, et cela d’autant plus qu’ils ne disposaient pas encore du feu sur ce continent. C’est à cette époque qu’ils peuplèrent pour la première fois l’Asie du Sud-Est, devenant ce que nous appelons des Homo erectus au sens restrictif (asiatique) du terme (i.e. Homo erectus erectus). Comment y sont-ils parvenus ? Au cours des périodes interglaciaires, le passage en Indochine des faunes indiennes savanicoles est compliqué par deux obstacles : 1) le gigantesque delta du Gange et du Brahmapoutre, où alternent marécages et forêts de mangrove (Sundarbans) ; et 2) l’immense forêt pluviale qui commence immédiatement au-delà du delta et qui s’étale depuis les pentes de l’Himalaya jusqu’à l’océan Indien et à la mer de Chine. Bien sûr, depuis 900.000 AEC environ (établissement du cycle des 100.000 ans), les périodes glaciaires sont aussi des périodes sèches au cours desquelles la forêt pluviale se replie beaucoup plus loin au Sud ; mais les périodes glaciaires du Pléistocène ancien donnent l’impression d’avoir été moins sèches que les périodes glaciaires ‘’récentes’’ ; ainsi, la forêt pluviale de l’Éburonien aurait pu conserver une extension plus septentrionale qui aurait continué à entraver les migrations humaines42 ? Où avoir été remplacée par une forêt tropicale sèche comme cela fut le cas lors de la dernière glaciation. Cela est spéculatif43 ; mais en l’absence de données qui permettraient de trancher, nous avons toutefois préféré une migration des Erectus par la ‘’voie du Nord’’ au cours d’un bel interglaciaire [cf. carte H].
Quel qu’ait été le chemin par lequel les Erectus parvinrent en Asie orientale, le site de Sangiran Dome atteste une présence humaine à Java dès 1.600.000 AEC environ. Atteinte à pieds secs. En effet, en période glaciaire, le retrait des eaux fait surgir de l’océan une immense péninsule asiatique extrême-orientale nommée Sunda, qui réunit l’Indochine aux îles de Sumatra, de Java, de Bali et de Bornéo. Sur cette péninsule bordée de forêts (tropicales fermées au Nord, pluviales au Sud) qui encadrent un gigantesque couloir savanicole – aujourd’hui englouti, sur lequel nous n’avons pas d’information archéologique –, Java convient mieux aux Humains que Sumatra et Bornéo, parce que ces dernières demeurent presque entièrement recouvertes par une forêt pluviale dense, au seul bénéfice des Orangs-outans. Plus loin, au-delà de la ‘’ligne Wallace’’ – matérialisée par le détroit de Lombok –, les îles de Lombok, de Flores, de Sulawesi et des Philippines demeurent totalement inaccessibles, même lors des glaciations les plus intenses [cf. cartes K & O]. Elles ne seront atteintes que par ‘’accident’’ [cf. carte O].
Au début du peuplement eurasien, la survenue d’une période glaciaire était nécessairement très préjudiciable aux Humains archaïques puisque ceux-ci vivaient encore nus et ignorants du feu ! Mais ces époques drastiques étaient aussi les seuls moments où l’on pouvait pénétrer à pieds secs en Europe, via la péninsule d’Anatolie. En effet, dès que le niveau de l’Océan mondial atteint la cote de – 38 m, le Bosphore cesse de raccorder la Méditerranée à la mer Noire. A ce stade, si la mer Noire n’est pas alimentée en permanence par une puissante fonte glaciaire, elle commence à se vider faute d’un apport suffisant en eaux fluviales ; et les faunes peuvent alors emprunter le pont de terre sans difficulté ! En revanche, lorsque les glaciers commencent à fondre, la mer Noire se remplit de nouveau jusqu’à ce que son trop-plein s’évacue dans la Méditerranée en créant une puissante cascade qui fait obstacle au passage des faunes. Ce n’est donc qu’en de rares occasions, qu’il est possible d’entrer en Europe par le pont naturel du Bosphore exondé [cf. aussi atlas n°3]. On peut faire l’hypothèse que des Ergasters anatoliens – devenus Homo antecessor – l’empruntèrent pendant le MIS 54 et/ou le MIS 52 ? Passés en Thrace et dans les Balkans méridionaux, mais sans pouvoir aller plus loin pour l’instant, ces bandes Humaines végétèrent peut-être sur place en ‘’attendant’’ un nouvel interglaciaire ? Bien que ce scénario soit plausible, aucun document ne vient le confirmer ! Lors de l’interglaciaire suivant, désormais coupés de l’Anatolie par la remontée du niveau de la mer, les Antécessors auront alors la possibilité de se répandre pour la première fois en Europe méridionale [cf. carte J].
Notes :
(42) Cela est-il vrai ? Les glaciations pléistocènes anciennes étaient-elles si différentes des plus récentes ? Ou bien le manque d’information nous conduit-il à compacter des épisodes froids / secs et des épisodes chauds / humides parfaitement classiques en des ensembles artificiels qui nous apparaissent dès lors comme atypiques (par exemple froid et humide) ? Retour
(43) Spéculatif mais probable. Dans l’atlas n°3, nous verrons que l’Inde semblera suivre le ‘’progrès’’ général constaté partout ailleurs en Eurasie, tandis que l’Asie du Sud-Est restera constamment en retard. Cela implique nécessairement une frontière écologique. Retour