N - 37.000.000 à 34.000.000 AEC
EOCENE Supérieur – Priabonien
CATARRHINI (sensu lato) v. 37 MA Afrique
Le détachement des Platyrhiniens signe l’acte de naissance des CATARHINIENS au sens large. Cet évènement survint en Afrique vers 37 MA et pendant les 20 millions d’années qui vont suivre (jusque v. 16,5 MA), c’est exclusivement en Afrique que notre groupe des Singes de l’Ancien Monde prospérera et se diversifiera. Outre une augmentation de la taille et du poids, le taxon à l’origine du clade des Catarhiniens développa plusieurs innovations qui nous sont familières : en particulier la formule dentaire à 32 dents (2 – 1 – 2 – 3) et l’accentuation du dimorphisme sexuel (mâles plus grands que les femelles) qui est à la fois le marqueur fiable d’une vie sociale et celui d’un certain degré de polygynie (plusieurs femelles pour un mâle dominant).
Les premiers groupes de Singes Catarhiniens – définis au sens large, parce que leurs taxons n’ont plus de descendance actuelle – furent les Oligopithécoïdes et les Propliopithécoïdes. Toutefois, en raison d’une radiation spécifique que l’on pressent dense mais sur laquelle nous sommes mal renseignés, il est possible que ces dénominations ne recouvrent pas des clades strictement définis mais plutôt des groupes paraphylétiques dont finira par émerger le clade des EU-CATARHINIEN, c’est-à-dire des Catarhiniens d’Aujourd’hui dont nous faisons partis.
Oligopithecoidea
Il s’agit de Catarhiniens basaux qui ont certainement divergé dès la base du clade (v. 36 MA), c’est-à-dire juste après le départ des Platyrhiniens60. C’est chez les Oligopithécoïdes (Oligopithecus, v. 34 à 31 MA, Egypte, Oman) que l’on observe pour la première fois des mâchoires à 32 dents. Ils partagent de nombreuses ressemblances avec les Propliopithécoïdes (qui semblent s’être détachés après eux), ainsi qu’avec les Catarhiniens plus modernes61. Contrairement aux Parapithécoïdes [cf. carte J] qui étaient encore des animaux arboricoles rapides et bondissants, les Oligopithécoïdes apparaissent plutôt comme des grimpeurs lents. Oligopithecus pesait environ 1,5 kg ; son régime alimentaire était omnivore (fruits, feuilles, insectes). Les Oligopithécoïdes survécurent à la Grande coupure (v. 34 MA), mais déclinèrent et disparurent v. 31 MA, laissant la place à la radiation des Propliopithécoïdes.
Oligopithecus – 34/31 MA – Oligopithecoidea – Afrique
Propliopithecoidea
Après la séparation des Oligopithécoïdes (v. 36 MA), ce sont probablement les Propliopithécoïdes qui se détachèrent. Ils sont attestés dans le registre fossile à partir de v. 31 MA, mais leur apparition pourrait remonter à la radiation spécifique qui suivit la Grande coupure (v. 34 MA). Il est difficile d’affirmer que les Propliopithécoïdes sont aujourd’hui sans descendance, car les EU-CATARHINIENS actuels pourraient très bien être issus d’un de leurs taxons basaux ? Ces Primates étaient extrêmement dimorphiques, tant en ce qui concerne leur taille générale, que pour leurs molaires et pour leur morphologie faciale, qui était déjà proche de celle des Catarhiniens plus modernes. Comparés aux premiers primates, ils étaient plus gros (6 à 10 kg) ; Ils étaient frugivores / omnivores et il est probable que tous possédaient encore une queue.
Nous connaissons plusieurs genres en Egypte et en Oman (Propliopithecus, Aegyptopithecus62). Initialement quadrupèdes arboricoles, les Propliopithécoïdes vont conquérir toutes les niches écologiques de la forêt, y compris le sol.
Propliopithecus – 31/28 MA – Propliopithecoidea – Afrique
Aegyptopithecus – 28 MA – Propliopithecoidea – Afrique
Notes
(60) : Leur position phylogénétique n'est pas consensuelle, car certains les détachent avant les Parapithécidés et les Platyrhiniens ; toutefois, cette hypothèse est acrobatique car elle implique que la formule dentaire à 32 dents des Oligopithécoïdes ne serait qu’une étrange convergence avec la nôtre ! En revanche, tout est beaucoup plus simple si les Oligopithécoïdes se sont détachés après les Platyrhiniens, car on peut faire remonter l’innovation des 32 dents au taxon fondateur de l’ensemble des Catarhiniens (sensu lato).Retour
(61) : Outre la formule à 32 dents, ils présentent un dimorphisme sexuel de la 3° prémolaire, ainsi que des traits postcrâniens communs.Retour
(62) : Pour certains chercheurs, il s’agirait du même genre sous deux appellations synonymes. D’autres, au contraire, pointent des différences.Retour


